Bug Brother
Blog Le Monde
Imaginez le scandale si l'Insee, Pôle emploi ou le Premier ministre avaient gonflé, par erreur, de près de 20% les statistiques du chômage... C'est ce qui est arrivé au ministère de l'intérieur, et à la CNIL, qui ont "gonflé" le nombre de personnes "mises en cause" et dès lors fichées par les gendarmes et policiers.
Les premiers chiffres communiqués concernant le TAJ, "Traitement des Antécédents Judiciaires", créé pour fusionner les deux fichiers de police (STIC) et de gendarmerie (JUDEX) recensant les suspects "mis en cause" (MEC) ainsi que les victimes, et censé régler les nombreux problèmes posés par les fichiers policiers, étaient en effet erronés.
Mais ni la CNIL ni le ministère de l'intérieur ne s'étaient aperçus, ni offusqués, d'avoir ainsi gonflé de près de 3 millions le nombre de personnes considérées comme "défavorablement connues des services de police"...
Le fait que ni la CNIL ni le ministère de l'intérieur ne se soient ni aperçus ni offusqués d'avoir gonflé de près de 3 millions le nombre de personnes considérées comme "défavorablement connues des services de police", et de découvrir que les premiers chiffres communiqués par le TAJ, censé régler les nombreux problèmes posés par les fichiers policiers, sont erronés, est la conséquence logique de la fuite en avant répressive impulsée par Nicolas Sarkozy qui, en 10 ans, a fait créer 44 fichiers policiers, soit plus de la moitié des 70 fichiers policiers créés depuis la Libération, et fait adopter pas moins de 42 lois sécuritaires.
Le décret portant création du TAJ a en effet été publié au JO le 6 mai 2012, jour où François Hollande fut élu président de la République. A l'époque, j'avais qualifié ce cadeau d'adieu de Nicolas Sarkozy & Claude Guéant d'"usine à gaz" qui posait bien plus de problèmes qu'il n'apportait de solutions (cf Le cadeau empoisonné des fichiers policiers & Ma décennie Sarkozy).
Fichiers "à charge" ne prenant pas ou si peu en compte les classements sans suite, ou encore les jugements innocentant ceux qui avaient ainsi été fichés comme "suspects", les STIC, JUDEX & TAJ sont d'autant plus scandaleux qu'ils entraînent plusieurs centaines voire milliers de refus d'embauches et de licenciements, chaque année...