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Le cliché anti-arabe de Guillaume Gallienne, vainqueur des Césars: on en parle ? (Panamza)

par Hicham Hamza 1 Mars 2014, 22:59 France Césars Guillaume Gallienne Arabes Clichés Racisme

Le cliché anti-arabe de Guillaume Gallienne, vainqueur des Césars: on en parle?

Par Hicham Hamza

Panamza

Fourbe et violent: tel est le portrait dressé des seuls Arabes présents dans le film "Les Garçons et Guillaume, à table!" qui a été récompensé, hier soir, par les professionnels du cinéma.

Le 01.03.2014 à 16h33

Imaginez-vous allant au cinéma découvrir une comédie américaine se déroulant à New York -en 2014- et dans laquelle les seuls Afro-Américains présents dans l'histoire seraient des personnages brutaux, sournois et adeptes du gang bang. Peut-être seriez-vous, à la sortie de la séance, vaguement interpellé -sans crier au racisme- sur cette représentation un brin stéréotypée et négative d'une part pourtant importante de la population new-yorkaise.

Pour passer de l'imaginaire au réel, il vous suffira d'aller voir "Les Garçons et Guillaume, à table!", écrit et réalisé par Guillaume Gallienne. Originaire de "la grande bourgeoisie orthodoxe" de Neuilly-sur-Seine, l'homme âgé de 42 ans a été couronné, hier soir, lors de la cérémonie des Césars. Cinq trophées raflés dont ceux cumulés -fait rare- du meilleur film et du meilleur premier film. Depuis sa sortie sur les écrans, le film, triomphal au box-office, a été globalement encensé par la critique.

Parmi les rares réserves, il faut souligner ici celle de l'hebdomadaire Politis. Voici un extrait du papier rédigé par son journaliste Christophe Kantcheff:

Le rire suscité prend peu à peu un drôle de goût. Par exemple, quand Guillaume, après avoir dragué dans une boîte homo, se retrouve dans un guet-apens de pervers sexuels arabes – ce sont, comme par hasard, les seuls Arabes du film…

Un élément également repéré et précisé par le bloggeur Julien Kojfer :

Les seuls représentants d'un univers gay dépeint comme le septième cercle de l’enfer sont trois arabes de banlieue agressifs adeptes des gang bangs.

D'une durée d'1h30, le film, censé se dérouler essentiellement dans la région parisienne et dans un laps de temps couvrant les trente dernières années, présente une galerie variée et hétéroclite de personnages plus ou moins fugaces. Pourtant, les seuls Français d'origine maghrébine sont effectivement ces "jeunes de banlieue" qui attirent le héros dans un traquenard en utilisant l'un des leurs (joué par l'acteur Reda Kateb) comme appât sexuel, lors d'une rencontre dans une discothèque. Le but: faire de Guillaume leur "pute" dans le cadre d'un gang bang organisé dans l'appartement d'une tour de cité. In extremis, le personnage principal parvient finalement à échapper au guet-apens.

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Hormis quelques bloggeurs et le critique de Politis, cette stigmatisation de l'Arabe de banlieue, présenté tacitement comme fourbe et dangereux, n'a pas suscité de tribune ou d'éditorial dans la presse hexagonale, contrairement à ce qui se serait passé outre-Atlantique dans un cas similiaire. Résumons l'affaire: récompensé par les professionnels du cinéma, un film qui sera finalement vu par des millions de Français dresse le portrait de jeunes hommes vivant en banlieue, et issus d'une population maghrébine forte de 5 à 6 millions de personnes, comme des "pervers agressifs". Et aucun contre-poids, aucune autre représentation positive -ou simplement neutre- de l'Arabe n'est offerte dans ce film.

Si certains peuvent se réjouir que la France ne soit pas aussi réactive sur ces thématiques que les pays anglo-saxons, d'autres pourraient déplorer que le combat contre la stigmatisation -politique ou médiatique- de certaines "minorités" ne s'applique également au monde de l'art et notamment celui du cinéma.

Quant à Guillaume Gallienne, il ne devrait pas être inquiété par d'éventuelles critiques directement adressées à ce sujet. Le 9 décembre, voici ce que rapportait Panamza à propos de ses connexions personnelles:

Connivence des élites. Guillaume Gallienne, acteur-réalisateur d'un film actuellement en tête du box office, participe aux dîners du "Siècle", une association de mise en réseau et d'entraide des dirigeants hexagonaux. Le sociétaire de la Comédie-Française y côtoie -entre autres- Aurélie Filippetti (ministre de la Culture qui l'a récemment fait officier de l'ordre des Arts et des Lettres), Muriel Mayette (patronne de la Comédie-Française), Louis Dreyfus (président du directoire du journal Le Monde) et Alain Terzian (patron des César).

Ce dernier a d'ailleurs été gentiment taquiné par son camarade du Siècle à la fin de la cérémonie.

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