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Africains, méfiez-vous des conseils paternelistes des impérialistes ! par Mark P. FancherAfrica Beware of Imperialism’s Fatherly Advice Black Agenda Report Traduction SLT
Dans une collusion toujours plus étroite avec la France, les tentacules militaires de Washington se resserrent chaque jour un peu plus sur l'Afrique. « Permettre aux États-Unis, à la France et aux autres de prendre en charge les forces armées de l'Afrique pousse celle-ci à être dans une dépendance infantile envers les forces impérialistes».
"Les Etats-Unis ont besoin de militariser l'Afrique afin de préserver leur empire."
Dans toute l'Afrique, soi-disant souveraine, les pays indépendants grouillent de militaires occidentaux qui prétendent être des amis, des conseillers ou des partenaires des Africains. En vérité, ils créent des relations paternalistes qui maintiennent un continent dans la soumission facilitant sa propre domination et son exploitation.
L'US Africa Command (AFRICOM) est sans doute l'organisme qui a utilisé la rhétorique du "partenariat" avec le plus de fréquence et d'imposture. Une déclaration d'AFRICOM statue que : «Les programmes de coopération sécuritaires de l'AFRICOM restent la pierre angulaire de notre engagement en matière de sécurité avec les partenaires africains, ils sont axés sur le renforcement des capacités opérationnelles et institutionnelles et sur le développement du capital humain, ainsi que sur la fourniture d'un cadre dans lequel le commandement est en prise direct avec les partenaires régionaux dans des activités de coopération militaire et de développement."
Néanmoins, c'est la France et non l'AFRICOM qui reste le maître incontesté du paternalisme en Afrique. Durant l'époque coloniale, un représentant du gouvernement français se vantait d'une stratégie visant à transformer "les meilleurs éléments [africains] autochtones en de bons Français." Même pendant la période de la décolonisation, la France s'est présentée comme un tuteur bienveillant et a essayé de pousser ses relations avec ses colonies en une continuelle relation maître-serviteur. À l'époque, uniquement les Guinéens ont eu le fiereté et le caractère d'avoir pu rompre leurs liens avec ce colonisateur. Au cours des dernières années, la France a maintenu une présence militaire active en Afrique, en particulier dans des pays comme le Mali et la Libye. Il est donc troublant de constater que les États-Unis au travers de l'AFRICOM font maintenant officiellement cause commune avec la France, qui, contrairement aux États-Unis ne fait aucun effort pour dissimuler ses troupes en Afrique en tant que conseillers militaires.
"C'est la France et non l'AFRICOM qui reste le maître incontesté du paternalisme en Afrique."
Un officier des forces spéciales françaises a déclaré : "Les Etatsuniens veulent s'impliquer en Afrique. C'est bon pour nous. Nous savons qu'avec les Etatsuniens nous serons plus efficaces. Nous utilisons la logistique étatsunienne - c'est ce qui nous manque. D'autre part, nous fournissons la connaissance du terrain." En ce qui concerne le soutien logistique, les États-Unis fournissent la France, selon Reuters : "Les Etats-Unis ont accéléré la vente de 12 drones Reaper à la France l'année dernière, dont les deux premiers ont commencé à fonctionner au Niger en janvier aux côtés de drones étatsuniens déjà présents».
En échange du soutien des États-Unis, la France organise de grandes opérations militaires en Afrique qui ne sont plus réalisables par les Etats-Unis en raison des compressions budgétaires militaires importantes et du public étatsunien qui est de plus en plus las de la guerre. L'armée US est autorisée à participer dans l'ombre à la formation et à la manipulation des armées africaines et à organiser d'occasionnels raids sur les terroristes présumés d'Afrique.
Bien que les États-Unis doivent rester attachés à la militarisation de l'Afrique afin de préserver leur empire, la situation est néanmoins délicate. M. Frank A. LoBiondo a déclaré : « C'est une question d'équilibre. Beaucoup de ces pays [africains] considèrent les États-Unis comme un partenaire et un allié, mais ils ont de graves préoccupations au sujet de l'impact de notre influence sur eux (littéralement : "ce à quoi notre empreinte ressemble", NDT)".
La préoccupation de l'Afrique doit s'étendre au-delà de ce à quoi l'empreinte étatsunienne "ressemble". La question fondamentale reste la dignité du continent. Des attaques terribles et dévastatrices telles que les récents meurtres de dizaines d'enfants dans une école nigériane par le groupe Boko Haram, permettent plus facilement aux pays occidentaux de convaincre les gouvernements africains qu'ils n'ont pas l'expertise et les ressources pour lutter contre le terrorisme. Mais en permettant aux États-Unis, à la France et à d'autres pays de prendre en charge les forces armées africaines cela maintient l'Afrique dans une dépendance quasi infantile envers les forces impérialistes. L'Afrique devrait avoir assez de fierté pour s'engager dans une analyse indépendante de sa propre situation. Dans certains cas, il est probable que les solutions ne passeront pas du tout par une approche militaire.
"Le Leadership africain a la capacité de s'attaquer aux causes profondes de la crise de Boko Haram sans qu'il y ait d'implication militaire occidentale."
Le chercheur Eric Guttschiss de Human Rights Watch a déclaré au service d'information de l'ONU que les «causes profondes» du soutien populaire à Boko Haram sont "la pauvreté et le chômage, due à la mauvaise gouvernance et à la corruption." Guttschuss a ajouté que l'un des anciens dirigeants du groupe a réussi à obtenir le "soutien" d'un grand nombre de jeunes chômeurs en parlant contre la police et la corruption politique [au sujet du Nigeria]".
Abdulkarim Mohammed, un autre chercheur sur le groupe Boko Haram, a déclaré : "Boko Haram est essentiellement issu des retombées de la frustration et de la corruption ainsi que du malaise social lié à la pauvreté et au chômage ... La jeune génération voit comment [les ressources de la nation] sont gaspillées par une petite oligarchie au pouvoir qui entraîne animosité et frustration, et une telle colère se traduit finalement par des explosions de violence".
Ainsi, les dirigeants africains ont la capacité de s'attaquer aux causes profondes de la crise Boko Haram sans se laisserpiéger par une implication militaire occidentale. Une approche régionale, sinon continentale sur les besoins des secteurs les plus sinistrés des sociétés africaines ferait beaucoup pour diminuer les recrues des groupes engagés dans des attaques violentes contre des civils. À long terme, la solution est certainement l'élimination des gouvernements néocolonialistes avec, une approche à l'échelle continentale unifiée pour le contrôle des masses et de l'utilisation des ressources naturelles de l'Afrique. Toutefois, lorsque l'Afrique commencera à marcher dans cette voie, il deviendra évident que ses «partenaires» occidentaux militaires actuels deviendront des adversaires militaires féroces.
Traduction SLT