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Mondafrique revient avec Robert Bourgi sur l'opération française en Centrafrique. Bourgi, grand prince de la françafrique qui se réclame de Foccart et du dictateur françafricain Omar Bongo et qui fut un proche de Sarkozy substitue avec l'aide de Mondafrique le terme françafrique par "franco-africain". On a bien compris, il s'agit de dire que la Françafrique est en décrépitude et que la France perd du terrain en Afrique alors qu'elle n'a jamais été aussi présente de par ses bases militaires au Mali (mis sous son contrôle néocolonial français avec une occupation militaire), au Cameroun, au Niger, en Côte d'Ivoire passé aussi sous contrôle néocolonial et militaire français, à Djibouti... On a bien compris que face à la concurrence des puissances émergentes sur le continent africain, la France répond en renforçant militairement sa présence sur le continent et en soutenant les pires dictateurs comme Idris Déby installé par la France au pouvoir et maintenu en 2008 par Sarkozy I et son armée. Nous sommes passés de la Françafrique à son pendant colonial et militaire pour renforcer les entreprises françaises qui agissent souvent dans le sillage de l'armée française ne pouvant concurrencer loyalement celles des autres pays. Il s'agit à présent d'occuper militairement le terrain comme le livre blanc de la défense le prévoit et cela se fait sous un gouvernement "socialiste".
Ainsi, si dans les colonnes de Mondafrique, Bourgi reconnaît le rôle central de Déby dans la crise centrafricaine, il tait son accointance avec l'ELysée et les militaires français pour mener son opération sélékiste en RCA.
"Mondafrique. Le Tchad d’Idriss Deby a annoncé le retrait progressif de ses hommes des forces de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). A votre avis, pourquoi ce revirement soudain ?
R.B. Parce qu’il n’a pas supporté d’être pointé du doigt, qu’on dise qu’il est responsable en grande partie des troubles centrafricains. Aujourd’hui beaucoup de gens en France disent qu’il est la cause du mal, que Idriss Deby est le pompier pyromane. C’est vrai qu’il est responsable de tout ce qu’il se passe, la Seleka c’est lui, Djotodja c’est lui. Deby est un drôle d’individu."
La question est de savoir qui est aux manettes derrière Déby ? On se rappelle des liens étroits entre Djotodia et le gouvernement socialiste, les militaires français et les réseaux françafricains (tels que ceux de Jean-Christophe Mitterrand, de Claude Guéant et de Richard Attias...) soit disant en décrépitude.
Mondafrique feint de croire qu'il s'agit d'une guerre où s'affrontent uniquement le Congo-Brazzaville, le Tchad et l'Afrique du sud alors que derrière ces deux premiers pays pointent aisément l'ombre de la France qui a placé au pouvoir les deux dictateurs reçus à l'Elysée régulièrement : Sassou Nguesso et Idriss Déby. La question serait plutôt de comprendre la lutte d'infuence qui se joue sur le continent africain entre la France avec ses tirailleurs et l'Afrique du sud ou plus exactement entre la France qui porte (depuis Sarkozy-Hollande) les ambitions atlantistes et l'Afrique du sud.
En fait les enjeux géopolitiques dépassent largement le continent africain et mettent en rivalité puissances impérialistes atlantistes et pays émergents.
Pourquoi ne pas évoquer le rôle de la France dans la déstabilisation du Centrafrique depuis sa naissance ? Les militaires français y sont installés depuis sa création et les marionnettes au pouvoir sont téléguidés par Paris depuis l'ère Bokossa.
Voici la version de Bourgi déjà aux affaires françafricaines depuis le criminel françafricain Foccart :
"Robert Bourgi. La Centrafrique a toujours été un pays particulier dans l’espace politique franco-africain. C’est un pays extrêmement agité où nous avons vu gouverner des personnages ubuesques comme Jean-Bedel Bokassa et Ange-Félix Patassé..."
Mais il reconnaît tout de même, sous la férule de Mondafrique, qu'encore actuellement, nous installons des marionnettes au pouvoir :
"Mondafrique. L’influence française n’a pas pour autant disparu. En Centrafrique et au Mali, par ces interventions militaires, la France a quasiment adoubé les chefs d’Etat.
R.B. Encore faudrait-il que la situation s’améliore. Ce pays (la Centrafrique ndlr) est perdu et peu importe qui nous mettons aux commandes."
Hormis le cas particulier de Patassé, De Bokassa à Catherine Samba-Panza sans oublier Bozizé et Djotodia tous les dirigeants du pays ont été installés par l'Etat français.
L'opération Sangaris de l'armée française en Centrafrique fut d'une impréparation totale et Bourgi en vient à se poser la question de savoir comment les militaires ont pu se laisser entraîner dans une telle opération alors qu'il vaudrait mieux se poser la question du comment le naïf et inexpérimenté Hollande a pu accepter de se laisser instrumentaliser par les militaires pour intervenir de la sorte en Centrafrique.et devenir leur "chef de guerre
Robert Bourgi : "Et voilà que le président de la République française s’implique une deuxième fois sur le continent avec l’opération Sangaris en Centrafrique. Il y va sans avoir réalisé que le pays est immense, qu’il est traversé par des troubles confessionnels entre chrétiens et musulmans et surtout que le Tchad et le Congo Brazzaville sont des acteurs de déstabilisation. Je ne comprends pas que des hommes aussi avertis que nos généraux qui entourent Hollande aient pu se laisser entrainer."
Bourgi en vient à regretter le temps des Boigny et Bongo.
C’est ça qui manque aujourd’hui en Afrique, il y avait Félix Houphouët-Boigny, il y a eu Omar Bongo et il n’y a plus personne aujourd’hui.
Mais les dictateurs-kleptocrates tels que Déby, Nguesso, Compaoré, Ouattara, Bongo fils.. font encore les délices des réseaux françafricains sans compter les nouveaux territoires passés dans l'escarcelle de l'armée française notamment le Mali où les entreprises françaises prospèrent à foison. (Premiers retours sur investissement au Mali)
Lire la première partie de l'entrevue plus bas.
Robert Bourgi, la France a perdu « définitivement » son influence en Afrique Par Clement Courtois Mondafrique
L’ancien protégé de Omar Bongo, fils spirituel de Jacques Foccart et proche de Nicolas Sarkozy, revient sur l’intervention française en Centrafrique. Il estime que, loin de renforcer l’influence de Paris en Afrique, elle démontre une méconnaissance du pays et de l’Afrique en général. Première partie d’entretien.
Robert Bourgi reçoit dans son bureau parisien du très chic seizième arrondissement de Paris. Assis sur un petit fauteuil en cuir, il égraine un de ses nombreux tasbih, chapelet musulman. Le gratin franco-africain est passé dans ce bureau aux airs de brocante. L’africain blanc, surnom qu’il chérit, est né il y a presque 70 ans au Sénégal. Il y a grandi en restant attaché à ses racines du sud-Liban. Après des études de droit en Côte d’Ivoire, il devient, en 1986, conseiller politique du ministre de la Coopération, Michel Aurillac. Celui qui se dit fièrement gaulliste se rapproche ensuite de Dominique de Villepin, avec qui il est aujourd’hui brouillé. En 2005 il passe du côté de Nicolas Sarkozy, pour lequel il établira des liens avec l’Afrique dès la campagne présidentielle de 2007.
Nicolas Sarkozy, devenu président de la République, saluait « l’efficacité et la discrétion » de Robert Bourgi qui a eu « le meilleur des professeurs » en la personne de Jacques Foccart. À l’heure où tout le monde fustige, parfois hypocritement, la Françafrique, le libano-sénégalo-français clame fièrement cette filiation spirituelle. Des papas, il dit en avoir plusieurs, chacun représentatif d’une des facettes du personnage : Mahmoud Bourgi (de sang), Jacques Foccart (d’esprit) et Omar Oundiba Bongo (de cœur).
Aujourd’hui il prépare ses mémoires avec le journaliste d’investigation Laurent Valdiguié. Rencontre en deux parties de cette boîte noire des turpitudes franco-africaines.
ENTRETIEN avec ROBERT BOURGI
Mondafrique. Dans une interview au « Figaro » vous avez estimé que la France s’est empêtrée dans un bourbier en Centrafrique, quelle est votre analyse de la situation actuelle ?
Robert Bourgi. La Centrafrique a toujours été un pays particulier dans l’espace politique franco-africain. C’est un pays extrêmement agité où nous avons vu gouverner des personnages ubuesques comme Jean-Bedel Bokassa et Ange-Félix Patassé. C’est un pays qui ne m’a jamais intéressé et je n’y ai jamais mis les pieds. J’aurais pu y aller mille fois, notamment quand j’étais au ministère de la Coopération de 1986 à 1988, mais je n’ai pas voulu. Est-ce que c’est parce que j’ai du flair ? Je ne sais pas. Toujours est-il que c’est un pays où évoluent des personnages assez dangereux, des personnages sulfureux attirés par les diamants et l’or.
L’opération malienne était souhaitable parce qu’il y avait véritablement un danger islamiste pour les Etats africains avoisinants. Ce fut un succès sur le plan militaire mais je ne sais pas si le Mali s’en est sorti, j'en doute fort. A-t-on extirpé l’abcès jihadiste ? Je ne pense pas. Et même sur le plan politique interne, il y a quelques agitations. Et voilà que le président de la République française s’implique une deuxième fois sur le continent avec l’opération Sangaris en Centrafrique. Il y va sans avoir réalisé que le pays est immense, qu’il est traversé par des troubles confessionnels entre chrétiens et musulmans et surtout que le Tchad et le Congo Brazzaville sont des acteurs de déstabilisation. Je ne comprends pas que des hommes aussi avertis que nos généraux qui entourent Hollande aient pu se laisser entrainer.
Mondafrique. Selon vous, la situation d'enlisement serait donc plus liée aux caractéristiques du pays qu’à la politique ou la stratégie de la France ?
R.B. Le budget de la défense a été rogné et les multiples interventions vont le vider de sa substance. Il ne permet pas de mener les opérations telles qu’elles devraient l’être pour aller au bout des objectifs fixés. Nous avons deux mille hommes sur place quand il en faudrait dix mille. Les forces africaines n’ont ni le niveau, ni l’envie d’être impliquées et je doute fort que l’aide européenne se précise. Donc si vous regardez les réalités d’un pays complexe et le manque d’adéquation entre les objectifs et les moyens, vous comprenez bien que c’est impossible de s’en sortir.
Si François Hollande pense que la France pourra revenir en grâce par ces opérations militaires, il se trompe lourdement. La France a perdu complètement et définitivement l’influence qu’elle avait en Afrique, elle n’est plus la grande puissance qu’elle était, n’en a plus les moyens et les Africains le savent. Nous ne pouvons pas lutter contre la concurrence des Chinois ou des Brésiliens. Quand la France hésite à mettre vingt millions la Chine, elle, met des milliards. Je crois que la France, aujourd’hui en Afrique, est une puissance comme une autre et sur le plan mondial une puissance moyenne. Il suffit de regarder sur le terrain, personne n’est avec nous, que ce soit en Centrafrique ou au Mali.
Mondafrique. L’influence française n’a pas pour autant disparu. En Centrafrique et au Mali, par ces interventions militaires, la France a quasiment adoubé les chefs d’Etat.
R.B. Encore faudrait-il que la situation s’améliore. Ce pays (la Centrafrique ndlr) est perdu et peu importe qui nous mettons aux commandes. Nos interventions n’apportent rien à la France en termes d’influence. Même au niveau politique français il n’y a pas d’accord entre le quai d’Orsay, la Défense et l’Elysée sur ces questions. Ce qui me fait de la peine, c’est que la France s’enlise et ne saura même pas comment s’en sortir. Je crains qu’en dehors du Congo et du Tchad, les pays africains commencent à en avoir assez. J’en ai parlé personnellement avec certains d’entre eux et toutes ces aventures militaires les indisposent beaucoup.
Mondafrique. Le Tchad d’Idriss Deby a annoncé le retrait progressif de ses hommes des forces de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). A votre avis, pourquoi ce revirement soudain ?
R.B. Parce qu’il n’a pas supporté d’être pointé du doigt, qu’on dise qu’il est responsable en grande partie des troubles centrafricains. Aujourd’hui beaucoup de gens en France disent qu’il est la cause du mal, que Idriss Deby est le pompier pyromane. C’est vrai qu’il est responsable de tout ce qu’il se passe, la Seleka c’est lui, Djotodja c’est lui. Deby est un drôle d’individu.
Mondafrique. Certains vous disaient pourtant proche de lui
R.B. Il n’y a pas que Le Drian ou Fabius qui le tutoient. Je le voyais c’est vrai, je suis allé deux ou trois fois à N’Djamena du temps de Bongo père, j’entretenais des relations amicales avec lui. À chaque fois qu’il venait à Paris, je passais le voir, on se parlait au téléphone. Mais j’ai pris mes distances à partir des événements de 2008.
Mondafrique. La Centrafrique a été le terrain d’opposition entre le Tchad, l’Afrique du Sud et le Congo Brazzaville, est-ce qu’on assiste à une bataille pour un leadership régional ?
R.B. Ils se sont faits une guerre d’influence pour s’imposer dans un pays très fragile. Ce sont des apprentis doyens ces Idriss Deby, Jacob Zuma et Sassou Nguesso. Nous sommes en Afrique, nous avons besoin d’un vrai doyen, un personnage au-dessus de la mêlée. On ne peut pas remonter le temps, mais dans ces affaires du Mali et de la Centrafrique Bongo eut agi autrement. À l’époque, Omar aurait convoqué tout le monde à Libreville et ça se serait réglé comme ça. On s’en sortait. Et en Côte d’Ivoire c’est pareil, j’en ai parlé avec Ouattara comme j’en ai parlé avec Laurent (Gbagbo ndlr), ils m’ont dit « oui le doyen manque, il aurait fait le lien ».
C’est ça qui manque aujourd’hui en Afrique, il y avait Félix Houphouët-Boigny, il y a eu Omar Bongo et il n’y a plus personne aujourd’hui.
À suivre dimanche, la seconde partie de l'entretien Robert Bourgi :
"Quand les chefs d’Etats africains viennent à Paris, ils rendent visite à Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas l'ancien président Sarkozy qui va les voir, mais ce sont eux qui se déplacent. Ils se parlent souvent au téléphone, même si maintenant ils vont peut être éviter ce moyen de communication pour des raisons que tout le monde sait."