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Niger, Areva au banc des accusés Par Jacques Marie Bourget Mondafrique
Le groupe Areva est sur le point de signer un nouvel accord avec le Niger. Mais en deux années de production, le pétrole a rapporté plus d’argent au Niger que les quarante années d’exploitation du minerai d’uranium par la France, représentée aujourd’hui par Areva.
Qui se souvient de Gaston Berger, grand philosophe et père du grand danseur et chorégraphe Maurice Béjart ? Pas grand monde sinon les étudiants de Saint-Louis du Sénégal, puisque leur université porte son nom. Et c’est ici, sous l’autorité du professeur Moussa Zaki qu’une lumière a éclaté comme une bombe dans l’univers opaque du marché africain des matières premières. Au cours d’un colloque le sage universitaire a vidé son sac, c'est-à-dire fait état du résultat de ses recherches: mieux vaut exploiter, ces deux dernières années, un peu de pétrole plutôt que de chercher à gagner de l'argent, depuis un demi s!ècle, en exploitant l'uranium sous la coupe des français.
Cruel bilan pour Areva
Organisé par des étudiants tchadiens et nigériens, le colloque portait comme titre « La gestion de l’exploitation minière en Afrique à la lumière du différent actuel entre le Niger et Aréva »… Le moins que l’on puisse dire c’est que le bilan est cruel pour l’atomiste français. Devant les travées d’étudiants, un autre professeur, Mouhammadou Mbow, a également lu sa communication. Selon ce diplômé de droit fiscal, « dans les années soixante l’Afrique a accordé des droits exorbitants aux investisseurs étrangers ».
L’expert a également déploré « les conséquences négatives de l’héritage juridique postcolonial en matière de conventions minières » et aussi la « difficile déconstruction, par les pays d’Afrique, de l’idéologie du sous développement ». Ce colloque à l’avantage de remettre le clocher au milieu du village, c'est-à-dire de décrire comment, depuis plus de 50 ans, le post colonialisme instauré et contrôlé par la Françafrique a contribué au pillage des ressources du continent noir.
Sous l'ombrelle néo coloniale
Si les échos du colloque de Saint-Louis parviennent jusqu’à Niamey, ils ne vont pas faciliter l’interminable renégociation du contrat d’uranium entre le Niger et Aréva. Le 29 mars les députés ont questionné Omar Hamidou Tchiana, le ministre des Mines sur l’avancement du dossier franco-nigérien. Douze jours plus tard… toujours rien de signé. Il semble qu’au sein du gouvernement, de nombreux ministres entendent clarifier, avant de conclure, la politique conduite par le président Issoufou Mahamadou face à Aréva pendant trois ans…
Sur le sujet, la presse locale, journaux et radios font pression sur le gouvernement en souhaitant que « le Niger tienne tête à Aréva » et impose le respect de la loi minière de 2006 ..Un texte qui laisse loin derrière les accords amiables naguère signés sous le parapluie de la Françafrique.