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Ukraine : pourquoi la Chine a-t-elle lâché la Russie? (Irib)

par Irib 4 Avril 2014, 21:04 Chine Russie Ukraine

Ukraine : pourquoi la Chine a-t-elle lâché la Russie? (Irib)
Ukraine : pourquoi la Chine a-t-elle lâché la Russie?

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IRIB-En dépit d'une certaine homophonie avec Moscou après la chute de Ianokouvitch ,

la Chine affiche une grande réserve dans ce dossier depuis l'annexion de la Crimée par la Russie. Le silence chinois est analysé par les experts comme renvoyant à des intérêts économiques et aux poblèmes domestiques de l'empire du milieu. La BBC croit pouvoir décortiquer les arcanes de l'approche chinoise envers l'Ukraine :" Quand les chinois appellent les acteurs d'une crise à la retenue et au dialogue ,au lieu de prendre clairement position , c'est que toute prise de position directe nuirait forcément à leurs intérêts économiques et stratégiques. Depuis l'annexion de la Crimée au mois de mars, les officiels chinois n'ont cessé de reprendre ce même discours réservé et d'appeler les parties à une solution négociée de la crise. La Chine a en effet depuis toujours mis l'accent sur le principe de non-ingérence ; cependant le refus de Pékin de condamner les sanctions occidentales décrétées contre la Russie est compris par d'aucuns comme un soutien indirect à Kiev , un soutien qui va à rebours de la politique traditionnelle de la Chine, soit la fameuse non ingérence. Ceci étant dit, la Chine comptait apporter un soutien total à la Russie, si celle-ci ne tenait pas à annexer la Crimée. Global Times, organe officiel du parti communiste avait même titré peu avant cette annexion :" il va dans l'intérêt de Pékin de soutenir pleinement la Russie en Ukraine" l'article ajoutait :" la Chine et la Russie constituent ensemble une zone tampon. Si la Russie est affaiblie par l'Occident ou si elle se met dans son orbite, ce sera la Chine et ses intérêts géostratégiques qui en pâtiront . la Russie est le partenaire le plus important de la Chine en termes géostratégiques. Ce partenaire ne pourrait être remplacé par aucun autre pays dans les 20 à 30 années à venir . nous espérons que la Russie et l'Occident parviendront à une entente. Mais si la Russie se trouve sanctionnée par l'Occident, la Chine devra lui apporter son soutien plus que par le passé". D'ailleurs depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau président chinois, l'accent est mis de plus en plus sur la nécessité du renforcement des liens stratégiques sino –russes. Le président chinois s'est d'ailleurs rendu à Moscou pour sa première visite étrangère , pour souligner justement la priorité que revêt le partenariat sino russe. A Sotchi, où les dirigeants occidentaux ne se sont pas rendus pour punir Moscou, le président chinois a été présent et son discours s'est avéré un appel en faveur de ce partenariat :" les relations entre la Chine et la Russie se sont formées sur des bases les plus solides . ces liens n'ont jamais été solides qu'aujourd'hui" . Cela dit, la Chine et la Russie ne sont toujours pas d'accord sur tous les points : Moscou est mécontent par exemple de l'influence croissante de la Chine en Asie centrale, en termes politiques, sécuritaires, économiques . Pékin de son côté ne voit pas d'un bon œil le rapprochement entre Moscou et Tokyo , le Japon étant le vieux adversaire de la Chine. L'émergence du monde multipolaire, la crise syrienne, le nucléaire iranien , l'opposition à l'hégémonie américaine constituent pourtant d'autant de terrains d'entente entre la Chine et la Russie. Economiquement parlant, le volume des échanges entre Pékin et Moscou a été multiplié par 7 et s'élève à 100 milliards de dollars. La Russie s'est transformée en l'un des plus grands fournisseurs en énergie de la Chine. La Russie a d'ailleurs fourni le gros des besoins en pétrole de la Chine pour les manœuvres militaires conjointes entre les deux pays en été dernier. L'annexion de la Crimée par la Russie saurait peut-être renforcer l'influence stratégique de la Russie mais n'aura pas forcément de bonnes répercussions sur les développements internes en Chine , aux prises avec le séparatisme. " Nous devrons avant toute prise de position en faveur de la Russie de jeter un regard sur notre situation intérieur", a titré China Daily. Mais dans la foulée, la presse chinoise a été même interdite de citer le nom de la Crimée à côté de celui de Taïwan ou encore de Tibet. En effet, certaines régions chinoises sont le théâtre de fortes revendications séparatistes . Tibet ou encore la province à majorité musulmane de Xijiang ou encore la province mongole de la Chine où les populations revendiquent la tenue d'un référendum sur l'autonomie , une revendication dont il est difficile de voir la réalisation. En 2004, la direction de l'époque de Taïwan a proclamé la tenue d'un référendum sur l'indépendance et la Chine a aussitôt eu recours à la menace militaire. Le référendum a échoué avec plus de 50% des voix contre! A Hongkong, la séparation de la Chine pourrait se poser un jour comme chose sérieuse , ce qui pousse la Chine à garder le silence sur la Crimée.le silence de la Chine pourrait se comprendre aussi sous un autre angle; l'Ukraine est l'un des principaux fournisseurs d'équipements militaires à La Chine. Le premier et seul navire de guerre chinois a été conçu par l'Ukraine. Pour les années à venir, la Chine compte surtout sur les coopérations agricoles avec l'Ukraine. En 2013, la Chine a accepté d'investir pendant 15 ans en Ukraine en échange des céréales que l'Ukraine lui fournirait. La Chine connait un boom urbanistique , ce qui réduit sensiblement ses terrains agricoles et son pouvoir agricole. Tous ces facteurs poussent la Chine à afficher le silence dans le dossier de la Crimée , allant jusqu'à s'abstenir au cours du vote anti russe au Conseil de sécurité. Mais la Chine pourra poursuivre une telle attitude? Le fossé entre Moscou et l'Occident est beaucoup plus profond pour que la Chine puisse ne pas sortir des limbes dans les semaines à venir .

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