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CPI. La France gagne son procès contre le président Laurent Gbagbo Par Jean-Marc Soboth Cameroon Voice Il en faudra une dizaine d’années au moins pour que cette juridiction des pays de l’Alliance atlantique organise un procès public et contradictoire. La Cour Pénale Internationale de La Haye a confirmé les charges contre le président ivoirien Laurent Gbagbo il y a quelques instants. Elle remplit ainsi -- après deux ans de bataille judiciaire rythmée par des réserves claires de l’opinion africaine sur son indépendance -- son rôle historique de tribunal anti-africain et autres peuples qui refusent de se plier au diktat de la France et de l’Alliance atlantique OTAN. Le changement survenu il y a quelques années entre l’Argentin négrophobe Luis Moreno Ocampo et la procureure gambienne Fatou Bensouda n’avait pour but que de brouiller la lecture africaine d’un drôle de procès néocolonial initié et soutenu par la seule France dans le cadre de sa géostratégie en pré carré – comme par hasard, l’État ivoirien était défendu par les avocats Jean-Paul Benoît et Jean-Pierre Mignard qui sont des amis intimes du président François Hollande. Il faudra une dizaine d’années au moins de détention à Scheveningen, affirme-t-on, pour qu’un vrai procès soit entrepris autour de la «crise post-électorale» ivoirienne. Ce faisant, les méfaits de l’armée française vont disparaître progressivement des annales pour que l’Afrique «n’entre pas assez dans l’histoire» livresque. Cette évolution judiciaire confirme les inquiétudes de l’Union Africaine : que ce tribunal est destiné aux Africains. Elle scelle pour ainsi dire la fin du combat politique de Laurent Gbagbo in situ étant donné que l’âge (69 ans aujourd’hui) est sans doute pris en compte par les stratèges de l’Élysée et du Quai d’Orsay. La mémoire courte légendaire des Africains devrait faire le reste. Telle est peut-être l’explication d’un certain nombre d’évènements d’actualité dont les arrestations des «pro-Gbagbo» (Togo, Ghana, Cameroun, etc.) au mépris des conventions internationales ou «l’évolution» de la position camerounaise ou ghanéenne face aux exigences françaises sur le régime Gbagbo. Rapport Védrine Les rapports Hubert Védrine et celui du Ministère français de la Défense - commenté par le journal ivoirien Le Nouveau Courrier il y a quelques temps – en offraient déjà une excellente exégèse prospective. Ils se résument en ceci : pour régler ses difficultés économiques sur le dos des Africains, la France sera dorénavant impitoyable à l’égard de quiconque essaiera de diminuer son emprise en ex-colonies «indépendantes» ou non... Deux leçons bonne et mauvaise. La bonne : nous savons déjà de quoi retournent les opérations «humanitaires» de la «communauté internationale» en Afrique. C’est la même qui s’était réunie à Berlin pour nous offrir nos frontières à notre insu. Ce sera toujours ainsi; c’est une question de vie ou de mort pour l’ex-esclavagiste français. Mais nous ne devrons pas oublier de jouer le rôle qui échoit à notre génération. La deuxième: les soutiens nègres de la France auront toujours le vent en poupe. Ils seront utilisés à fond, même au prix du fratricide, dans des guerres sanglantes contre leurs propres compatriotes à l’instar de la Libye. Mais retenons une chose de la résilience du président Laurent Gbagbo : la détermination. «On va aller jusqu’au bout». Jean-Marc Soboth