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Paris somme Bamako de négocier avec le Mnla Par Thalia Bayle Mondafrique
« On ne tire pas » et « si vous faites la guerre vous allez la perdre ». Voilà comment la conseillère Afrique de François Hollande, Hélène le Gal, a résumé l’opinion de la France aux responsables maliens après la reprise des affrontements avec les groupes rebelles du nord à Kidal. A Bamako, les autorités se montrent de plus en plus exaspérées par l’attitude de Paris accusé de soutenir les rebelles touaregs du Mnla, allié traditionnel de l’armée et des services français.
Le 20 mai dernier, trois jours après la reprise des hostilités entre l’armée malienne et les groupes rebelles du nord dans le fief touareg de Kidal, la conseillère Afrique de l’Elysée, Hélène Le Gal, rencontrait le président Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) à Bamako. « On ne tire pas » avait-elle alors insisté face au président malien qui qualifie les attaques du 17 mai de « déclaration de guerre ».
Négocier sinon rien
Peine perdue, le lendemain, les soldats maliens essuyent un revers cinglant après avoir ouvert le feu sur les groupes armés. Officiellement, l’attaque résulterait d’une initiative locale venant d'officiers supérieurs présents sur place, mais cette version est aujourd’hui sérieusement mise en doute par de nombreux responsables maliens. Reste que ces débordements résonnent comme un nouveau désaveu de la France par les autorités maliennes.
Très critiquées à Bamako où elles sont accusées de faire le jeu des rebelles du Mnla, les autorités françaises font pression sur le président malien pour qu’il négocie enfin avec les mouvements touaregs. En marge de sa rencontre avec IBK, Hélène Le Gal aurait transmis à d’autres tenants de la classe politique malienne un message on ne peut plus clair : « Si vous faites la guerre vous allez la perdre ». En filigrane, c’est toute possibilité d’un soutien français aux troupes maliennes contre Mnla qui est écarté.
Une position qui crée l’ire de Bamako où des actions anti-françaises sont régulièrement organisées. Les responsables politiques maliens se sentent en effet lâchés par Paris alors que rien n’est fait pour désarmer les groupes rebelles. « Au départ, c’était le ministère de la défense français qui ne voulait pas d’offensive contre le Mnla. Le Quai d’Orsay et l’Elysée semblent s’être alignés sur cette position » confie un officier africain.
Notre ami le Mnla
Le Mnla, dont les responsables du ministère de la défense français ont répété tout au long de l’année 2013 qu’il n’était « ni un ami ni un ennemi », est en effet l’allié de toujours des services et des militaires français. Ce sont eux, nous indique notre correspondant au Mali, Mohamed Ag Ahmedou, qui, le premier mai 2014, affrontent les jihadistes d’AQMI à Boghassa, un village du massif de l’Adrar des Ifoghas. Ce sont eux encore qui ont combattu les terroristes, quelques jours après, au sud de Kidal. Pour la première fois, le MNLA, adossé aux troupes françaises, est parvenu à capturer neuf prisonniers.
Cette alliance stratégique s’appuie sur des liens traditionnels préexistant au conflit malien. « Le Mna, acêtre non armé du Mnla, a longtemps constitué une source de renseignement et d’assistance alternative à l’Etat malien sur des terrains difficiles. Ils ont notamment joué un rôle clé pour la libération de nombreux otages français dans la région » explique une source sécuritaire malienne.