Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sur la piste de la pompe Afrique du parrain Michel Tomi (Le Canard Enchaîné)

par Sam La Touch 27 Juin 2014, 19:28 France Françafrique Michel Tomi Corsafrique IBK Mali Gabon Articles de Sam La Touch

Sur la piste de la pompe Afrique du parrain Michel Tomi (Le Canard Enchaîné)
Sur la piste de la pompe Afrique du parrain Michel Tomi
Les flics remontent patiemment les filières de l'argent noir de l'empereur des jeux
Le Canard Enchaîné , mercredi 25 juin 2014, p.4. 

 

La Corse et l'Afrique, ce ne sera pas pour cet été. Depuis le 20 juin, le dernier parrain corse, Michel Tomi, est assigné à résidence en France métropolitaine. Et il lui en coûte 2 millions TTC pour ne pas passer ses vacances à l'ombre. Au cours d'une vague de perquisitions chez lui et chez ses proches, les flics ont déjà récupéré en grosses coupures la moitié de la caution exigée par les juges, plus de la menue monnaie : 1 048 000 euros, précisément. Sans compter la quincaillerie : quatre voitures de luxe, des montres et des bijoux...



Un squale en Afrique

Comme il l'avait confié au "Canard" (18/6), l'empereur des jeux en Afrique ne s'attendait pas à un tel accueil. C'est presque en père peinard qu'il s'est présenté, le 18 juin, à la police judiciaire spécialisée dans la criminalité organisée et la délinquance financière. A peine arrivé à Nanterre, il a été placé en garde à vue médicalisée (...), dans la salle Cusco de l'Hôtel-Dieu, à Paris. Au même moment, les flics interpellaient une quinzaine de proches, de relations privées ou d'affaires à Paris, Marseille et en Bretagne...Ce n'est pas du temps où Bernard Squarcini avait la haute main sur le renseignement policier que Tomi and Co auraient été traités avec si peu d'égards...

En septembre 2013, les deux hommes concluaient dans un palace parisien une belle affaire africaine. Ce jour-là l'ancien préfet, reconverti dans le privé, présentait un de ses anciens compagnons d'armes à Tomi. Frédéric Gallois, ex-commandant du GIGN, codirige aujurd'hui une société de sécurité baptisée Gallice Group. "Squarcini s'est proposé comme apporteur d'affaires, raconte l'ex-pandore au Canard". Il m'a demandé si le Mali nous intéressait. Dans l'affirmative, il nous ferait rencontrer quelqu'un..." Le"quelqu'un" en question se nomme Michel Tomi.

Quelques semaines plus tard, toujours à Paris et en présence du même Tomi, Gallois rencontre le tout nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keita. Ce dernier considère l'entrepreneur corse comme son "frère". Et réciproquement. Le chef d'Etat se sent menacé et a besoin d'hommes de confiance pour assurer sa protection. La négociation est âpre : le Mali est sans le sou. Gallois tope pour la formation d'une quarantaine de gros bras. Montant du contrat : 150.000 euros. "On leur a fait un prix, précise-t-il, c'était un investissement d'avenir". Le règlement de la facture s'effectue via un compte d'une société domiciliée "dans un autre pays d'Afrique" que le Mali, débiteur. Ce qui vaut aux dirigeants de Gallice d'être mis en examen pour recel d'abus de confiance et faux en écriture. Ils ne sont pas les seuls.

Les dirigeants des deux autresboîtes françaises ont subi le même sort. L'une construit des vedettes maritimes, l'autre commercialise des uniformes. Face aux juges Robert et Tournaire, Tomi a d'ailleurs reconnu "exercer à titre individuel une activité de lobbyiste en Afrique". Sa proximité avec plusieurs chefs d'Etat n'étant pas un secret (il bénéficie d'un passeport diplomatique gabonais), les boîtes tentent d'acquérir, grâce à son entregent, leur part de marché. "C'est un simple travail de courtier, précise son conseil, Me Jean-Dominique Lovichi. Il peut se faire rémunérer par le vendeur comme par l'acheteur." Et pas les deux à la fois ?

Un Al Capone en Corse

C'est donc en s'en prenant à son porte-monnaie plutôt qu'en fouinant autour de ses supposés liens avec la pègre corso-marseillaise que les enquêteurs cherchent à faire tomber le parrain. Une méthode qui a fait ses preuves avec Al Capone... Les lointains héritiers d'Eliot Ness sont convaincus que son trésor africain revient pour cette partie en France via "un agrégat de sociéts multiples" constituant un "système financier opaque et sophistiqué" entre l'Afrique, l'Europe et le Sud-Est asiatique ? Et que cette manne engraisse "des affidés", créant ainsi "une dépendance mutuelle" en vue d'"un retour sur investissement". Pour l'heure, il va falloir investir dans quelques cabinets d'avocats.

 

Didier Hassoux
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Haut de page