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Sahel/Mali : quand Juppé s’alarmait de la détention par AQMI de missiles capables d’atteindre Air France et d’autres compagnies Blog Finance Par Elisabeh Tuder
Article malheureusement prémonitoire ? Menace latente depuis plusieurs mois mise aujourd’hui à exécution ? Allez savoir …
Quoiqu’il en soit, alors que le crash de l’avion d’Air Algérie, survenu jeudi dans le nord du Mali, demeure toujours inexpliqué, il n’est pas totalement inintéressant de remettre à la lumière des éléments exposés ici-même en octobre 2011.
Evidemment, ce genre d’informations n’avait pas fait à l’époque le tour des rédactions françaises, toutes occupées à mettre en avant les cocoricos de Nicolas Sarkozy en Géorgie. Et pourtant … ce pourrait être à la fois nos concitoyens et les citoyens du monde entier ainsi que les compagnies aériennes françaises et mondiales qui pourraient être impactés avais-je mis en garde ….
Mais de quoi s’agissait-il ? …
Paris et le chef de la diplomatie française Alain Juppé alors en poste s’inquiétaient fortement de la détention par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) d’un nombre quelque peu impressionnant de missiles sol-air … capables de cibler des vols civils.
Une information à prendre très au sérieux alors que la ténébreuse affaire du vol de Lockerbie n’a pas dit son dernier mot et que – simple hasard ? – la région du Sahel pourrait être un nouvel eldorado pétrolier, avais-je alors ajouté.
RFI précisait ainsi en octobre 2011 qu’Alain Juppé avait été entendu par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Répondant à un élu évoquant la présence de 10 000 missiles sol-air aux mains d’al-Qaïda au Maghreb islamique, Alain Juppé avait alors confirmé l’inquiétude que suscite la fuite d’armes libyennes vers le Sahel.
La presse algérienne via « Le Courrier d’Algérie » se voulait quant à elle encore plus directe, affirmant qu’Aqmi était désormais « plus forte maintenant qu’avant le début de la sédition » et que « la France et les rebelles de Benghazi en sont responsables dans une très large mesure ».
De ce fait, poursuivait le journal, « les premières cibles concernées par les missiles SA-7 d’Aqmi sont justement les avions civiles français et occidental » pour au final asséner le coup final : « en deux mots directs, la France est dans la ligne de mire du terrorisme dans toute la vaste bande saharo-sahélienne. »
En réaction, Nicolas Sarkozy a envoyé des messages aux pays du Sahel, ciblant tout particulièrement l’Algérie, « locomotive des pays maghrébo- sahéliens dans la lutte contre Aqmi ». Une phrase qui raisonne tout particulièrement alors que qu’un avion d’Air Algérie a été victime d’une catastrophe … toujours inexpliquée.
Toujours selon « Le Courrier d’Algérie » , l’amiral Giampaolo Di Paola, président du Comité militaire qui regroupe les chefs d’état major des pays de l’Otan, aurait tenu une réunion secrète avec les députés allemands le 26 septembre 2011 devant lesquels il avait exprimé les inquiétudes de l’Otan, faisant état de l’existence de « plus de 10.000 missiles sol-air qui représentent une sérieuse menace pour l’aviation civile et pourraient sortir de Libye pour se retrouver dans de mauvaises mains ».
– Près de 5 000 missiles sol-air SAM-7 perdus « dans la nature » … selon le CNT
Le général Mohamed Adia, chargé de l’armement au sein du ministère de la Défense du Conseil national de transition (CNT), estimait quant à lui à cette date à « environ 5 000 » le nombre de missiles sol-air SAM-7 « toujours manquants et dans la nature », redoutant lui aussi que ces armements ne tombent entre de « mauvaises mains. »
Rappelant par ailleurs que la Libye de Kadhafi a acheté environ 20.000 missiles sol-air SAM-7, de fabrication soviétique ou bulgare.
Certes plus de 14.000 de ces missiles ont été soit utilisés, soit détruits, ou sont aujourd’hui hors d’usage, la plupart étaient stockés dans la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli), mais beaucoup manquaient à l’appel en 2011 …
Or, soulignait alors le général, « ces missiles sont légers, de petite taille, faciles à manier et pourraient être utilisés pour détruire un avion civil ».
Ainsi, en novembre 2002, un missile SAM-7 avait été tiré contre un avion de ligne israélien à Mombasa, sur la côte du Kenya, mais avait manqué sa cible de peu, dans une attaque ensuite revendiquée par al-Qaïda.
En novembre 2003, un cargo de DHL avait été touché au décollage de l’aéroport de Bagdad et avait failli s’écraser.
Rappelons que de nombreux stocks d’armes et de munitions de l’armée du colonel Kadhafi ont fait l’objet de pillage dans le pays depuis février 2011, date du début de la révolution libyenne, l’ancien Guide ayant également distribué une partie de ses armements à ses partisans en fuite.
- Vers une déstabilisation de la région du Sahel ?
En mars 2011, au Mali et au Niger, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà que la chute de Kadhafi ne provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région … avait-il alors ajouté.
– Le Sahel nouvel eldorado pétrolier ?
Et ce, alors même - mais est-ce un simple hasard ? – que le Sahel pourrait prochainement devenir un nouvel eldorado pétrolier. En effet, au mois de février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel.
L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles … au Mali et au Niger.
Les récentes découvertes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni, large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquaient alors un vif intérêt pour cette région.
Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total a ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur en Mauritanie et le conduisant même à parler « d’un nouvel Eldorado».
A travers sa filiale internationale Sipex, Sonatrach avait par ailleurs obtenu quelques mois auparavant l’approbation du ministère des Mines nigérien pour procéder à des forages expérimentaux.
Précisons que la Sipex est présente au Niger depuis 2005, plus précisément au périmètre de Kafra, situé à la frontière algéro-nigérienne. Fin 2009, Sipex a obtenu une prolongation d’un an de la première période d’exploration, arguant d’une situation politique difficile dans le pays.
Au Mali, la filiale de Sonatrach présente depuis 2007, a acquis une prolongation de deux ans, émanant du ministère malien des Mines, pour la première phase d’exploration.
Sources : AFP, RFI, Presse algérienne, Le Courrier d’Algérie
Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 25 juillet 2014