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Françafrique. Lorsque Nicolas Sarkozy mandatait Bernard Tapie au Congo Mondafrique Par Louise Dimitrakis - Publié le 01 Sep, 2014 Le magistrat en charge de l'affaire Tapie, Serge Tournaire a recueilli de nouveaux éléments sur la proximité entre l’homme d’affaires et Nicolas Sarkozy, sur fond d’affaires africaines, au moment même où l’Etat faisait le choix de l’arbitrage par rapport aux procédures judiciaires normales entre 2007 et 2008. D'après une note datée d'aout 2007, classée dans les archives de l'Elysée, Bernard Tapie aurait été l'émissaire de l'ancien chef d'Etat au Congo auprès du président Sassou. Et si l’affaire Tapie passait, notamment, par la Françafrique ? Après la mise en examen de Bernard Tapie lui-même pour « escroquerie en bande organisée » dans la cadre de l’arbitrage suspect lui ayant permis de toucher une indemnité de l’Etat de 403 millions d’euros en règlement d’un vieux litige autour de la vente d’Adidas, la justice tente maintenant de confondre d’éventuels complices au plus haut niveau de l’Etat. Christine Lagarde, la grande prêtresse de Bercy au moment où l’arbitrage a été rendu en juillet 2008 a ainsi été rattrapée par le scandale, la semaine dernière en écopant à son tour d’une mise en examen, mais minimale, pour « négligence ». Et les regards du juge d’instruction Serge Tournaire se tournent maintenant vers l’Elysée et son hôte de l’époque Nicolas Sarkozy, grand ami de Tapie s’il en est. Et ces dernières semaines, le magistrat a recueilli de nouveaux éléments sur la proximité entre l’homme d’affaires et le Président, sur fond d’affaires africaines, au moment même où l’Etat faisait le choix de l’arbitrage par rapport aux procédures judiciaires normales entre 2007 et 2008. Allo? C'est Robert Bourgi Petit détail qui ne manque pas de sel, ce document très évocateur sur l’intimité entre Tapie et Sarkozy a été livré à la justice par les archivistes de l’Elysée sur instruction de François Hollande. Il y a quelques mois, le juge Tournaire s’était en effet retourné vers le Château pour obtenir le registre de l’emploi du temps du président Sarkozy aux périodes clés de cet arbitrage. François Hollande ne s’était pas fait prier pour transmettre tous les documents du secrétariat particulier à la justice. Une note datée du 3 août 2007 a retenue l’attention du juge. Elle fait état d’un appel téléphonique au président Sarkozy, de Robert Bourgi, le bien connu M. Bons Offices en Afrique, sorte de fils spirituel de Jacques Foccart . Selon ce message, Bourgi, qui, à l’époque se voulait une porte d’entrée provilégiées du pouvoir français dans l’univers opaque de la Françafrique, est un peu décontenancé. Il vient de déjeuner avec Henri lopez, l’Ambassadeur du Congo à Paris et celui-ci l’a informé que Bernard Tapie venait de passer 48 heures à Brazzaville à l’invitation du président Sassou NGuesso. « Tapie aurait été mandaté par vous, s’étrangle Bourgi dans son message à Sarko. Il aurait parlé (à Sassou, ndlr) de finances, d’image et de différents autres sujets, dont il vous aurait rendu compte lundi dernier », résume le M. Bons Offices demandant, au nom de l’Ambassadeur du Congo, confirmation de cette mission spéciale. Tintin Tapie au Congo Quelle était vraiment la mission de Tapie à Brazzaville ? Le juge Tournaire n’a pas le loisir de poser directement la question à l’ex-chef de l’Etat, protégé par l’immunité présidentielle. Mais il a tenté d’en savoir plus lors de la garde-à-vue de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée sous Sarkozy, en juin dernier. Tapie, qui, à l’époque intriguait dans les allées du pouvoir pour conduire l’Etat à accepter un arbitrage suspect à son profit, rendait-il des services occultes à Sarkozy sur le Continent Noir ? « J’ignorais cette démarche, a assuré Claude Guéant devant les enquêteurs de la Brigade Financière, sans donc démentir clairement l’existence de cette mission Tapie au Congo. Les seules missions de contact dont je me souvienne étaient avec des personnalités politiques françaises , a-t-il précisé avant de botter en touche : « J’ajouterai que nous n’avions pas besoin de M. Tapie pour parler avec le Président du Congo ». Ce qui est évident s’il s’agit de pourparlers diplomatiques classiques, moins en cas de relations plus occultes.
"Françafrique". Film documentaire français de Patrick Benquet. Ce documentaire dénonce les réseaux occultes entre la France et ses anciennes colonies tout en faisant croire qu'ils relèvent du passé.