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ANALYSE DE LA MASCARADE DES ELECTIONS LOCALES DU 28 SEPTEMBRE 2014 AU CONGO-BRAZZAVILLE. Par Mingwa Biango Congo-Liberty
Au Congo-Brazzaville, le pays du vieux dictateur SASSOU NGUESSO, les scrutins électoraux se suivent et se ressemblent : fichier électoral tripatouillé, inorganisation caractérisée, boycott massif des urnes avec un taux de participation atteignant difficilement 15%, et des résultats connus d’avance.
C’est dans l’indifférence générale que le ministre de l’intérieur Zéphirin MBOULOU a annoncé les résultats des élections locales le 6 octobre 2014. Sans surprise aucune, les résultats étaient dignes des régimes soviétiques et nord-coréens pour le pouvoir de Brazzaville.
En effet, sur 850 postes de conseillers départementaux à pourvoir, le Parti Congolais du Travail (PCT) de SASSOU NGUESSO et ses affidés de la majorité présidentielle illégitime « MCDDI de la famille KOLELAS, le DRD de Matson Hellot MAMPOUYA, le Club 2002 Pur de Willy NGUESSO et la constellation de ses indépendants… » se sont taillés la part du lion avec 94% des sièges (402 conseillers pour le PCT, 200 pour ses candidats indépendants, et une bonne centaine pour des partis proches du pouvoir), ne laissant que 6% soit 51 conseillers départementaux à l’UPADS « aile TSATY MABIALA » qui se revendique de l’opposition. Mais ce dernier n’ayant pas appelé au boycott contrairement aux opposants de la plateforme des Assises Nationales pour l’Alternance Démocratique au Congo-Brazzaville conduite par l’ancien ministre de l’économie et des finances Jean-Luc MALEKAT, ou d’autres comme Mathias DZON, Clément MIERASSA et d’ anciens caciques de l’UPADS que sont Christophe MOUNKOUEKE, Victor TAMBA-TAMBA, NIMI MADINGOU et Destin TSATY MBOUNGOU, qui viennent par ailleurs de créer un parti politique dénommé Congrès Africain pour le Progrès (CAP), dont le patron est Jean ITADI, ancien ministre de l’industrie sous le 1er règne de SASSOU dans les années quatre-vingt (80). Le CAP n’a pas encore d’existence légale puisque Zéphirin MBOULOU refuse de délivrer un récépissé à ses fondateurs, malgré un dossier en bonne et due forme déposé depuis plusieurs mois.
Néanmoins, bien que l’épilogue de cette parodie démocratique était écrit d’avance, peut-on en faire une analyse pour décrypter les enjeux politiques au Congo-Brazzaville ?
« Faire valider le fichier électoral falsifié par les Kolelas , Tsaty Mabiala ,en testant leur loyauté… »
Pour le dictateur congolais, au-delà des élections locales, l’enjeu était considérable, car faisant partie de sa stratégie pour se maintenir au pouvoir à vie. En effet, l’objectif 1er était la validation du fichier électoral truqué issu du « recensement spécial » qui ne respecte aucune norme internationale. Celui-ci, lui permettra de faire son putsch constitutionnel à venir, en soumettant par voie référendaire le changement de l’actuelle constitution qui l’interdit de briguer un 3e mandat présidentiel, son mandat arrivant à terme le 15 août 2016 à 14h00. A cet effet, la loyauté des patrons de l’UPADS et du MCDDI envers leur maître n’a souffert d’aucune incertitude !
« Malgré la tricherie, le PCT à le discours triomphant et humilie Joachim YHOMBI OPANGO»
Point n’est lieu de revenir sur l’organisation chaotique de ce scrutin, encore moins sur le taux de participation qui est l’un des plus bas de toute l’histoire du Congo-Brazzaville. Mais, malgré la tricherie, Pierre NGOLLO, le secrétaire générale du parti de SASSOU NGUESSO, ne s’est pas empêché d’avoir le discours triomphant, en déclarant dans sa conférence de presse du 7 octobre : « On peut dire, sans risque de se tromper, que l’évolution est bonne. Non seulement le PCT renforce son assise nationale mais en plus, il domine sur l’ensemble du pays » et ajoute en justifiant les listes séparées au sein des partis qui soutiennent le tyran de Brazzaville « Il s’agissait de voir ce que représente chaque parti ». Le parti (RDD) de l’ancien Président le général Joachim YHOMBI-OPANGO qui se réclame de la pseudo majorité présidentielle n’a obtenu que 2 sièges : 1 à Souanké dans la Sangha et un autre à Mokeko dans la Likouala. Le PCT pour mieux humilier YHOMBI-OPANGO ne lui a même pas concédé un siège dans sa ville natale d’Owando !
Parfait KOLELAS et sa boutique familiale « le MCDDI » avec ses 29 sièges sont minoritaires dans le département du Pool, et dans les communes de Makélékélé et Bacongo, anciens fiefs de son père Bernard KOLELAS. À en croire les propos de Pierre NGOLLO, le MCDDI ne pèsera pas non plus bien lourd dans les négociations à venir pour les sénatoriales du 12 octobre 2014 qui détermineront les postes ministériels du gouvernement d’union nationale que concocte le pouvoir de Brazzaville, et qu’attendent plusieurs opposants déclarés. En attendant, Hello MAMPOUYA, actuel ministre de l’enseignement primaire de SASSOU NGUESSO, briguerait un poste de sénateur pour se mettre à l’abri d’un éventuel limogeage du gouvernement, lui qui fait partie des 19 conseillers municipaux de son parti le DRD.
Fraîchement élu à Mayama dans le département du Pool, le pasteur NTUMI BITSAMOU Fréderic ambitionnerait aussi de devenir sénateur. L’ex rebelle sera-t-il l’envoyé de Dieu en apportant la parole de l’évangile dans cette vénérable assemblée inutile ?
« TSATY MABIALA ET L’UPADS : à qui perd gagne ! »
Dans son point de presse du mardi 7 octobre, TSATY MABIALA s’est réjoui des résultats de l’UPADS qui a obtenu 51 sièges. Mais, à y voir de plus près, les résultats de ce parti qui fût jadis le 1er parti au Congo-Brazzaville sous Pascal LISSOUBA, sont plutôt catastrophiques. En effet, l’UPADS est minoritaire dans tous les conseils communaux et départementaux de son fief potentiel des pays du Niari :
13 conseillers sur 61 dans le département du NIARI
4 conseillers sur 61 dans le département de la BOUENZA
4 conseillers sur 47 dans le département de la LEKOUMOU
- 15 conseillers sur 45 dans la commune de DOLISIE
- 2 conseillers sur 25 dans la commune de MOSSENDJO
- 4 conseillers sur 29 dans la commune de NKAYI
Pour le reste des localités, cela se résume en peau de chagrin :
- 1 conseiller sur 45 dans le département du KOUILOU
- 4 conseillers sur 75 dans la commune de Pointe-Noire.
Arrêtons le pugilat, à moins de manquer d’ambition politique, on peut donc légitimement s’étonner de voir un responsable politique satisfait après un échec aussi cuisant !
La satisfaction de TSATY MABIALA serait-elle due à celle du devoir accompli, c’est-à-dire, d’avoir mené à bien la mission confiée à lui « caution démocratique à la fraude électorale » par le dictateur de Brazzaville ? À moins qu’elle résulte de la vente du siège de l’UPADS qui aurait été vendu 1 milliard neuf cents millions FCFA à une société chinoise qui serait proche de M. Jean-Jacques BOUYA, le 1er ministre officieux ?
Dans aucun Etat démocratique, même lorsque l’action d’un gouvernement est plébiscitée dans les urnes, on n’atteint difficilement 65% des suffrages. Les résultats (94%) obtenus par le parti de SASSOU NGUESSO montrent à la face du monde que la fraude électorale dans son pays est à caractère industriel, preuve que son régime est dictatorial.
Le pouvoir de Brazzaville croit avoir gagné la bataille de la validation du fichier électoral, sauf que rien n’est définitif…pourvu que le Peuple Congolais se réveille !
Par MINGWA BIANGO
Cercle de Réflexion pour des Idées Nouvelles
Diffusé le 10 octobre 2014, par www.congo-liberty.com