Des marchands d'armes, entremis franco-russes Le Canard Enchaîné Edition du 22 octobre 2014, page 3.
Les marchands de canons français attendent, le coeur battant, la fin du salon Euronaval, spécialisé dans l'industrie de défense maritime. Ces grands sensibles ont appris que, le 1er novembre, à la fin de cette manifestation, François Hollande donnerait ou non son feu vert à la livraison du premier des deux porte-hélicos Mistral promis à la Russie.
Ce contrat, signé en 2011 entre Sarkozy et Poutine, pèse 1,2 milliards d'euros. Et, depuis le conflit ukrainien, il attise le courroux de nos alliés de l'Otan, notamment des Etats-Unis. Mais les groupes français d'armement sont, dans leur quasi-totalité, opposés au boycott de la Russie. Si une petite guerre comme celle-là paralyse le commerce, c'est la fin des affaires !
Le ministre de la Défense milite, lui aussi, pour le respect de la parole donnée. En cas de non-livraison, DCNS, l'ex-Direction des constructions navales, groupe public à 65%, devrait rembourser les Russes. Et un tribunal arbitral pourrait, en plus, décider d'indemnités de dédommagement. Malgré la garantie de l'assureur Coface, l'Etat en serait quand même de sa poche. Tant d'arguments plaident en faveur d'un patriotisme industriel désintéressé...