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Uramin, un business si ordinaire... (Bakchich)

par Bakchich 9 Octobre 2014, 17:36 Uramin France Centrafrique Françafrique Georges Forrest Balkany

Uramin, un business si ordinaire... (Bakchich)
Uramin, un business si ordinaire...

Bakchich

Résumé du scandale uramin, par un ponte du secteur minier… Pas vraiment rassurant.

La nuit est tombée sur Johannesbourg. Froide, sèche, rapide : le genre de soirée que le plateau du Gauteng, la province la plus riche d’Afrique du Sud, offre en cette fin d’hiver australe. Le portail s’ouvre sur une étroite allée. Une voiture seulement peut s’y engager, après un contrôle du gardien. Le quartier, loin du luxe de Sandton ou de la dépravation du township d’Alexandra, veille à sa sécurité. Barbelés, avertissements, vigile. Peu de lumières sur la chaussée, aucun passant. La vaste demeure, dans un des quartiers résidentiels de la capitale économique du pays, n’est pas encore chaude. Le maître de lieux ne passe là que peu de temps. Quelques jours par mois, quand son agenda, qui le transporte dans tout ce que l’Afrique compte de mines et l’Europe de décideurs, le permet.

Cigare et mines

Une bière, puis deux. Ce sera whisky et cigare pour l’hôte. Un ponte des mines, donc. Au courant de tout ce qui touche au secteur. Et qui sourit à l’évocation d’un nom : Uramin. «Ah ça ! Je connais très bien cette histoire. Que ce soit Sam Jonah, Anne Lauvergeon ...» Bref, la haute hiérarchie qui a organisé – et du assumer - l’achat par Areva de la société minière Uramin contre 2,5 milliards de dollars en 2007. Une catastrophe industrielle, sur laquelle enquête la justice française depuis le printemps dernier. «C’est bien français, sourit le minier, de chercher des détournements dans une mauvaise affaire». Telle est la thèse défendue par Anne Lauvergeon. En 2006, «tout le monde cherchait des mines à acheter. C’était la course à l’uranium. Alors évidemment certains petits malins ont profité de l’occasion pour faire de bonnes affaires.» C’est ce qui se serait passé pour Areva, jetant son dévolu sur la société canadienne, officiellement titulaire de permis d’exploitation en Namibie, Centrafrique et Afrique du Sud. «Bon, résume notre hôte, les mines étaient moins prometteuses que prétendu? Le prix était surévalué ? C’est la loi du marché. Sans la catastrophe de Fukushima, qui était imprévisible, on ne parlerait pas de scandale pour Uramin.» Sans doute. Resteraient le montant de la transaction - la plus grande acquisition réalisée dans l’histoire d’Areva -, ses conditions d’achat quelque peu baroques – que ce soit le passage express devant l’APE, les doutes émis en interne par les miniers d’Areva balayées par la direction –, ou la proximité entre la direction d’Areva, les fondateurs d’Uramin et les hautes sphères de la politique sud-africaine. À commencer par Sam Jonah, homme d’affaires Ghanéen, membre du conseil pour les investissements étrangers de Thabo Mbeki, alors président d’Afrique du sud et grand promoteur du nucléaire. Thabo faisait miroiter à Areva la construction, à terme, de 8 EPR qui auraient jalonné le pays de l’arc en ciel. Dans cette étrange structure d’investissement, chargé de conseiller le président, Jonah a croisé Anne Lauvergeon, la présidente du géant français du nucléaire.

Atomic Anne, Jonah, Mbeki. «Bien sûr qu’ils se connaissent. Et qu’ils ont pu discuter d’Uramin. Mais comme des amis qui se demandent conseil, veulent réaliser des affaires sans forcément y voir malice». Rien de répréhensible, donc. Évidemment. À ceci près que des proches de Mbeki avaient des parts dans Uramin, que lui-même faisait miroiter un contrat d’un trillion (1000 milliards de rands, soit 73 milliards d’euros) à Areva, qui a surpayé Uramin. Un jeu de domino, détaillé par le Mail and Guardian, qui fleure l’échange de bons procédés. Vains : chassé de la présidence sud-africaine par son rival de l’ANC Jacob Zuma, Thabo Mbeki n’a jamais pu lancer son programme nucléaire. Son successeur a choisi de le confier à la Russie…

Au bon souvenir d'uramin

« C’est une façon de voir les choses, mais ce n’est pas la façon de les voir dans les sphères que je fréquente, s’amuse le minier. Peut-être que je suis un peu déformé». Déformation sans doute fort partagée… Sauf par la justice française, parfois mauvaise coucheuse.

Si l’enquête préliminaire ouverte sur l’achat d’Uramin semble patiner, l’instruction sur le patrimoine des époux Balkany, menée par les juges Van Ruymbeke et Simon, pourrait la rattraper. Un rapport Tracfin est venu instiller un irradiant soupçon dans le dossier. Selon les limiers de Bercy, un compte, ouvert à Singapour, a accueilli un virement de cinq millions d’euros de la part de Georges Forrest, un minier très proche d’Areva et partie prenante du meccano d’Uramin. Avec le sieur Balkany. Reste à savoir qui est le bénéficiaire économique de ce compte - attribué à un proche du couple régnant de Levallois - Et ce que la transaction rétribue….

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