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Burkina Faso: Le recours excessif à la force contre les manifestants doit cesser (Amnesty) Makaila
Au Burkina Faso, les autorités doivent contrôler les forces de sécurité qui ont fait un usage excessif de la force pour réprimer des manifestations pacifiques contre le gouvernement, a déclaré Amnesty International vendredi 31 octobre.
Selon les informations dont dispose Amnesty International, au moins trois personnes auraient été tuées lors des manifestations, et des dizaines de manifestants auraient été blessés par des tirs depuis le début des troubles, le 30 octobre.
« Le recours excessif à la force contre des manifestants pacifiques est inacceptable et les autorités de transition doivent de toute urgence prendre des mesures pour contrôler les forces de sécurité », a déclaré Gaëtan Mootoo, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest au sein d'Amnesty International.
« Tout usage de la force dans le cadre du maintien de l'ordre lors de manifestations doit respecter le droit international, même si la manifestation dégénère en violences. Il semble, au vu des informations faisant état de morts et de blessés, que les forces de sécurité n'ont pas tenu compte de ces principes de base. »
« Il est essentiel que les responsables des homicides et des passages à tabac de manifestants, de journalistes et d'autres civils soient identifiés et tenus de rendre des comptes. Les autorités aux plus hauts niveaux doivent annoncer clairement et publiquement que le recours excessif à la force ne saurait être toléré », a affirmé Gaëtan Mootoo.
Des manifestants sont descendus dans la rue à Ouagadougou et dans d'autres villes du pays jeudi 30 octobre pour protester contre une tentative de modification de la Constitution de la part du président Blaise Compaoré, qui a démissionné depuis. Au pouvoir depuis longtemps, il souhaitait être autorisé à briguer un nouveau mandat.
Les forces de sécurité ont lancé des bombes lacrymogènes contre des manifestants pénétrant dans l'assemblée nationale. Ce bâtiment, comme d'autres du gouvernement, a été pillé et brûlé.
À Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, des manifestants ont mis à sac plusieurs bâtiments, notamment la mairie et la maison du maire. Selon un témoin, qui se trouvait dans le quartier Ouaga 2000 de Ouagadougou pendant les manifestations, des hommes en uniforme kaki auraient attaqué des manifestants.
« Ils ont commencé à les frapper avec des cordes, puis ils ont tiré à balles réelles. J'ai vu trois manifestants tomber devant moi. L'un d'eux était mort. J'ai pu prendre une photo sur laquelle on voit les balles qui l'ont tué quand on lui a tiré dans la poitrine », a expliqué le témoin.
Un journaliste a déclaré à Amnesty International qu'il avait été arrêté à un barrage routier dans la capitale par des soldats qui « l'ont frappé à tour de rôle avec des matraques ». Le droit international interdit aux agents des forces de l'ordre de recourir à la force, sauf en cas de stricte nécessité et dans la mesure requise pour l'exercice de leur devoir.
Des manifestants ne devraient pas être arrêtés ni poursuivis pour avoir exercé, de manière pacifique, leur droit à la liberté d'expression et d'association tel que garanti par la Constitution nationale et les traités nationaux et internationaux ratifiés par le Burkina Faso.
Le président Blaise Compaoré a diffusé ce vendredi après-midi un communiqué annonçant sa démission et appelant au calme.
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AMNESTY INTERNATIONAL
30 OCTOBER 2014
PRESS RELEASE
Burkina Faso must end excessive use of force against protesters
Authorities in Burkina Faso must rein in security forces that have used excessive force to crack down on peaceful anti-government protests, Amnesty International said today.
According to Amnesty International’s information, at least three people have been killed in the protests and dozens of demonstrators have been injured by gunshot wounds since unrest erupted yesterday.
“The use of excessive force to crack down on peaceful protesters is unacceptable and the transition authorities must act urgently to rein in security forces,” said Gaëtan Mootoo, Amnesty International’s Researcher for West Africa.
“Any use of force in the policing of demonstrations, even when they may have turned violent, must comply with international law. It appears from these reports of deaths and injuries that the security forces have ignored these basic principles.”
“It is crucial that those responsible for the killings and beatings of protesters, journalists and other civilians are identified and held accountable. Officials at the highest level should publicly make it clear that excessive use of force will not be tolerated,” said Gaëtan Mootoo.
People took to the streets of Ouagadougou and other cities yesterday to protest against an attempt by President Blaise Compaore – who has since resigned - to amend the constitution to extend his long stay in power.
Security forces fired tear gas at protesters who entered the National Assembly, which was among several government buildings ransacked and burnt.
In Burkina Faso’s second largest city, Bobo-Dioulasso, protesters ransacked several buildings, including the town hall and the mayor’s house.
One witness, who was in the Ouaga 2000 neighborhood of the capital during the protests, told Amnesty International that men wearing khaki uniforms had attacked protesters.
“They began beating them with cords, then they shot live bullets. I saw three protesters fall down in front of me. One protestor was shot dead. I was able to take a photo showing the bullets that killed him when he was shot in the chest,” he said.
A journalist told Amnesty International that he was stopped at a roadblock in the capital by soldiers, who “took turns beating me with batons”.
The use of force by security forces is prohibited by international law except when strictly necessary and to the extent required for them to perform their duty.
Protesters should not be detained and charged for peacefully exercising their right to freedom of expression and assembly, as guaranteed by the constitution and international and regional treaties ratified by Burkina Faso.
President Compaoré this afternoon released a statement announcing his resignation and calling for calm.
Document public
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Sadibou MARONG
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