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Les leçons de la guerre en Libye Article originel : The Lessons of Libya par Dan Glazebrook Pambazuka News Traduction SLT
"Une fois qu'ils ont reçu le feu vert pour bombarder, ils n'allaient pas s'arrêter avant la destruction de la Jamahiriya et la mort de Kadhafi."
Il y a trois ans, à la fin du mois d'octobre 2011, le monde a assisté à la défaite finale de la Jamahiriya libyenne - le nom par lequel l'Etat libyen a été connu avant d'être renversé en 2011, ce qui signifie littéralement "l'état des masses" - lors de l'assaut massif de l'OTAN, de ses alliés régionaux et de ses collaborateurs régionaux.
Il a fallu plus de sept mois à la plus puissante alliance militaire du monde - avec des dépenses militaires avoisinants le milliard de dollars en une année - pour détruire entièrement la Jamahiriya (un état avec une population de la taille du Pays de Galles) et il a fallu une alliance commune franco-britannico-Qatari des forces spéciales pour finalement gagner le contrôle de la capitale. Au total, 10 000 frappes aériennes ont été lâchées sur la Libye, des dizaines de milliers de morts et de blessés, et le pays a été livré aux milices en guerre, armés jusqu'aux dents avec des armes pillées dans les arsenaux de l'Etat ou fournie directement par l'OTAN et ses alliés. La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis avaient mené une guerre qui avait effectivement transformé, un pays d'Afrique pacifique et prospère en un "Etat faillit."
Pourtant, l'image commune de la Libye dans les mois et années qui ont précédé l'invasion était celle d'un Etat qui avait réussi à surmonter les difficultés et avait profité des relations amicales avec l'Occident. La célèbre étreinte de Tony Blair avec Kadhafi dans sa tente en 2004 était censée inaugurer une nouvelle période de «rapprochement» avec les entreprises occidentales qui se précipitaient pour faire des affaires dans cet État africain riche en pétrole, et l'abandon de Kadhafi d'une dissuasion nucléaire semblait apparemment indiquer le nouvel esprit de confiance et de coopération entre la Libye et l'Occident.
Pourtant, cette image est en grande partie un mythe. Oui, des sanctions ont été levées et les relations diplomatiques rétablies; mais cela ne signifiait nullement que la confiance et l'amitié avaient été retrouvées. Kadhafi lui-même n'a jamais changé son opinion selon lesquelles les forces du vieux et du nouveau colonialisme sont restées les ennemis acharnés de l'unité et de l'indépendance de l'Afrique, et pour leur part, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont continué à avoir une aversion de l'indépendance de la politique étrangère libyenne sous la direction de Kadhafi. La politique menée par l'African Oil Policy Initiative Group (AOPIG) - un Think Tank étatsunien élitiste comprenant des membres du Congrès, des officiers militaires et des lobbyistes de l'industrie de l'énergie - a averti en 2002 que l'influence "d'adversaires tels que la Libye" ne ferait que croître à moins que les États-Unis augmentent de manière significative leur présence militaire sur le continent. Pourtant, en dépit du "rapprochement", Kadhafi est resté un fervent adversaire d'une telle présence, comme indiqué fébrilement dans les câbles diplomatiques fréquents de l'ambassade des États-Unis. Il a été ainsi noté, par exemple, à partir de 2009, que "la présence d'éléments militaires non africains en Libye ou ailleurs sur le continent" était presque un "point névralgique" pour Kadhafi. Un autre câble de 2008 a cité un responsable pro-occidental du gouvernement libyen comme disant que "il n'y aura pas de réforme économique ou politique réelle en Libye jusqu'à ce que Kadhafi sorte de la scène politique" ce qui "ne pourra se produire tant que Kadhafi restera vivant" ; Kadhafi était donc un homme qui était rétif à la volonté de l'Occident.
"Kadhafi est resté irréductiblement opposé à la présence militaire étatsunienne et européenne sur le continent."
Kadhafi n'avait clairement pas été touché par les flagorneries de l'Occident envers la Libye qui avait été bien mise en évidence au cours de la période de «rapprochement». En effet, au sommet de la Ligue arabe en mars 2008, il a mis en garde les chefs d'Etat réunis, suite à l'exécution de Saddam Hussein, un ancien "ami proche" des Etats-Unis, que "cela serait bientôt leur tour ... même vous, les amis des Etats-Unis- non, je devrais dire nous, disons, nous les amis des Etats-Unis - pourrions nous retrouver pendus un jour à la demande des USA". Voilà pour la nouvelle période de confiance et de coopération. Alors que des accords commerciaux ont été signés, Kadhafi est resté irréductiblement opposé à la présence militaire étatsuniene et européenne sur le continent (ainsi qu'à la tête du combat pour réduire leur présence économique) et a bien compris que cela pourrait lui coûter la vie. Les États-Unis ont aussi compris cela, et en dépit de leur flatterie, ils étaient inquiets et plein de ressentiment envers Kadhafi.
Compte tenu de ce que nous savons maintenant sur ce qui a eu lieu en Libye - à la fois au cours du soi-disant «rapprochement» entre 2004 et 2011, et à partir de 2011 -, il convient de faire le bilan de cette expérience afin de voir quelles leçons nous pouvons tirer de l'approche de l'Occident quant à ses relations avec les autres pays de l'hémisphère Sud.
Première leçon: Méfiez-vous du rapprochement
Comme je l'ai montré, la période dite de rapprochement était tout sauf un rapprochement. Les États-Unis ont continué à rester hostile à l'esprit d'indépendance de la Libye - comme en témoigne évidemment l'opposition irréductible de Kadhafi à la présence de forces militaires étatsuniennes et européennes en Afrique - et il semble maintenant que les Etats-Unis et les Britanniques ont utilisé cette période pour préparer le terrain pour la guerre qui a finalement eu lieu en 2011.
Les États-Unis, par exemple, ont utilisé leur nouvel accès à des fonctionnaires libyens pour cultiver les relations avec ceux qui voudraient devenir leurs alliés locaux pendant la guerre. Des câbles diplomatiques divulgués récemment montrent que le ministre libyen de la Justice pro-occidental Mustafa Abdul Jalil a organisé des réunions secrètes entre des responsables US et le gouvernement libyen en contournant les canaux officiels habituels «sous le radar» du ministère des Affaires étrangères et le gouvernement central. Il a également été en mesure d'accélérer le programme de remise en liberté qui a conduit à la libération des insurgés du Groupe islamique des combattants libyens qui, finalement, ont agi comme les troupes de choc de l'OTAN pendant la guerre en 2011. Le chef du Groupe islamique des combattants libyens (GICL) - sous franchise d'Al-Qaïda en Libye - est finalement devenu le chef du conseil militaire de Tripoli tandis qu'Abdul-Jalil a pris la tête du "Conseil national de transition" qui a été installé par l'OTAN après la chute de la Jamahiriya.
Un autre personnage clé soigné par les États-Unis dans les années précédents l'invasion fut Mahmoud Jibril, chef du Conseil national de développement économique à partir de 2007, qui a organisé six programmes de formation aux États-Unis pour les diplomates libyens, dont un grand nombre ont ensuite démissionné une fois que la rébellion et l'invasion ont démarré.
"Le rapprochement, tout en apparaissant comme une amélioration des relations, a été en fait un « long jeu » afin de jeter les bases de la future agression"
Enfin, la sécurité et la coopération avec les services qui furent des éléments de la période de «rapprochement» furent utilisés pour fournir à la CIA et au MI6 un niveau sans précédent d'informations sur les forces de sécurité libyennes et les éléments de l'opposition qu'ils pourraient coopter. Autant d'éléments précieux pour procéder à la guerre contre le gouvernement libyen.
De cette première leçon nous pouvons dire que : - le rapprochement, tout en apparaissant comme une amélioration des relations, peut effectivement être un «long jeu» pour jeter les bases d'une future agression, par la construction de l'intelligence afin de sonder d'éventuels collaborateurs, et de construire efficacement une cinquième colonne. Cela ne veut pas dire qu'il ne devrait pas avoir lieu ; cela signifie simplement qu'il devrait être abordé avec une extrême prudence et du scepticisme de la part des États de l'hémisphère Sud. Il faut comprendre que, pour l'Occident, cela signifie certainement un moyen de faire la "guerre par d'autres moyens", pour paraphraser Clausewitz. Ce fut particulièrement pertinent pour le cas de l'Iran, un bénéficiaire actuel du cadeau empoisonné basé sur le "réchauffement des relations" avec l'Occident (bien que ce «dégel» peut encore être sabordé par un Congrès sioniste n'ayant aucune patience pour ce "long jeu").
Deuxième leçon : pour l'Occident, le changement de régime est un euphémisme qui signifie en fait une destruction sociétale totale
J'essaie d'éviter le terme «changement de régime», comme il implique un changement d'un «régime» (habituellement compris comme un état relativement fonctionnel et stable, même si il est potentiellement impitoyable) pour un autre. Dans l'histoire récente de ce qu'on appelle les «changements de régime» par l'Occident, cela ne est jamais arrivé. En Irak, en Afghanistan et en Libye, les "régimes" n'ont pas été remplacés par d'autres «régimes», mais ont plutôt été détruits et remplacés par des «États défaillants», où la sécurité est largement inexistante, et où aucune force armée est suffisamment forte pour se constituer en un «Etat» dans le sens traditionnel de créer un monopole de la violence légitime. Cela conduit à de nouvelles divisions sociales et sectaires émergentes, de manière à ce qu'aucun groupe ne se sente protégé par l'Etat, et que chacun s'appuie sur une milice qui défendra sa localité spécifique, sa tribu ou sa secte - et donc le problème se perpétue, l'insécurité générée par la présence de certaines milices puissantes conduit à la création des autres. Le résultat est donc l'effondrement total de la société nationale, avec non seulement la sécurité, mais aussi de toutes les fonctions gouvernementales qui deviennent de plus en plus difficile à réaliser.
En Libye, il y avait non seulement diverses milices sectaires tels que GICL armées et soutenues par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France pendant la guerre contre la Jamahiriya, mais leur pouvoir a ensuite été renforcé par le nouveau gouvernement soutenu par l'OTAN qui a suivi l'effondrement du gouvernement de Kadhafi. En mai 2012, la loi 38 a accordé l'impunité aux milices, ce qui les a immunisées contre toutes poursuites non seulement pour les crimes commis pendant la guerre contre la Jamahiriya (comme les massacres bien documentés des immigrés et des Libyens noirs), mais aussi pour des crimes en cours contre "la révolution." Cette loi a effectivement donné un permis de tuer aux milices contre leurs opposants réels ou imaginaires, s'appuyant sur le coup de pouce des Occidentaux qu'ils avaient obtenu deux mois plus tôt.
Les régimes d'Afghanistan et de Libye, n'ont pas été remplacés par d'autres« régimes », mais ont plutôt été détruits et remplacés par des "États défaillants."
En mars 2012, la plupart des milices avaient été incorporées dans une nouvelle force de police (Comité suprême de sécurité) et une nouvelle armée ("le Bouclier libyen") - non seulement pour les légitimer, mais pour leur offrir d'autres ressources matérielles avec pour objectif de continuer leur violence et leur capacité à imposer leurs volontés juridiques au pays et aux autorités largement impuissantes. Depuis lors, les nouvelles forces miliciennes de police ont mené des campagnes violentes contre la minorité Sufi du pays, détruisant plusieurs sanctuaires en 2013. La même année, ils ont également assiégé plusieurs ministères, dans une tentative (réussie) pour forcer le gouvernement à adopter une loi criminalisant les partisans de l'ancien gouvernement (un mouvement qui mettra encore plus en péril la sécurité en interdisant des centaines de milliers de fonctionnaires expérimentés de travailler dans le gouvernement). Le groupe milicien du Libyan Shield ("Bouclier libyen"), quant à lui, a effectué un massacre de 47 manifestants pacifiques à Tripoli en novembre de l'année dernière, et a plus tard enlevé le Premier ministre Ali Zeidan. Ils sont actuellement impliqués dans une guerre pour renverser le gouvernement nouvellement élu ce qui a vraisemblablement coûté la vie à des milliers de personnes depuis le début du mois de juin. Ceci n'a rien à voir avec un «changement de régime» - ce que l'OTAN a créé n'est pas un nouveau régime, mais les conditions d'une guerre civile permanente.
Beaucoup en Libye et en Syrie regrette à présent d'avoir agi comme les fantassins de l'OTAN pour semer les graines de la destruction dans leur propre pays. Quiconque attend des futures opérations des «changements de régime» menés par l'Occident qu'elles aboutissent à des démocraties stables - ou même des théocraties stables - doivent se tourner vers la Libye pour voir ce qu'il en est advenu. La puissance militaire occidentale ne peut pas changer de régime - mais peut détruire les sociétés.
Troisième leçon : une fois que la puissance militaire occidentale a mis le pied dans la porte, ils ne la quitteront pas de plein gré tant que l'État ne sera pas détruit.
Bien que la guerre contre la Libye ait commencé avec l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU (CSNU) au travers de la résolution (1973), il est important de noter que cette résolution n'autorisait pas la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne et l'interdiction des forces de l'Etat libyen d'entrer dans Benghazi. Ceci a été réalisé en quelques jours. Tout ce que l'OTAN a fait par la suite allait au-delà des termes de la résolution et donc était illégal ; un point qui a été avalisé par beaucoup de ceux qui avaient soutenu (ou du moins qui ne s'opposaient pas) la résolution, y compris la Russie, la Chine, l'Afrique du Sud et même des éléments au sein de la Ligue arabe.
Quel que soit le prétexte, une fois que les États-Unis et le Royaume-Uni (et la France, ndt) furent impliqués militairement dans un pays sur leur liste, ils ne se sont pas tenus à ce prétexte. Pour eux, la résolution 1973 du CSNU leur a permis de bombarder la Libye. Les objectifs juridiques précis sont devenus immatériels - une fois qu'ils avaient reçu le feu vert pour bombarder, ils n'allaient pas s'arrêter avant la destruction de la Jamahiriya et la mort de Kadhafi, quel que soit le prétexte juridique qui leur a permis d'entrer dans ce pays.
Une analogie utile ici est celle du voleur allant dans la maison d'une vieille dame et se présentant comme un préposé au gaz. Une fois qu'il est à l'intérieur, il ne va pas s'en tenir à la lecture du compteur de gaz - il va voler sa maison.
De toute évidence, cette leçon est la plus pertinente en Syrie, où les Etats-Unis, susceptibles d'être bientôt rejoint par le Royaume-Uni, mènent des frappes aériennes afin "de détruire l'Etat islamique en Irak et en Syrie (EIIL)." En fait leur objectif avoué à long terme est de renverser l'Etat syrien.
Quatrième leçon : l'État de destruction ne peut être atteint sans la présence de forces terrestres
Un aspect peu remarqué de la guerre en Libye (qui a, cependant, été couvert en détail par Horace Campbell) est le fait que la capitale, Tripoli, a été prise principalement par les forces terrestres du Qatar coordonnées par les forces spéciales françaises et britanniques (en contravention directe de la Résolution 1973 du CSNU). En effet, aucune partie de la Libye n'a été tenue par les seuls rebelles sans les bombardements massifs de l'OTAN des forces libyennes gouvernementales ; après les trois premières semaines, une fois que l'armée libyenne a pris le dessus sur l'insurrection, pas une seule bataille n'a été gagnée par les rebelles jusqu'à ce que l'OTAN ait commencé à bombarder. Même alors, les rebelles n'arrivaient en général à prendre les villes que si les forces de l'OTAN avaient complètement détruit la résistance - et elles étaient encore souvent chassées de nouveau par l'armée libyenne quelques jours plus tard. Ceci en dépit du fait que la plupart des milices de Misrata étaient sous le commandement direct des forces spéciales britanniques.
Cet état de choses signifiait que la prise de la capitale a toujours été profondément problématique. La solution fut l'Opération Mermaid Dawn - une invasion de Tripoli à la fin août par les forces terrestres du Qatar, des services secrets français et les forces spéciales des Services britanniques (SAS), précédés par plusieurs jours de frappes aériennes intensifiés. Il est vrai que des collaborateurs locaux ont rejoint la coalition une fois l'invasion commencée, et en effet certaines unités rebelles avaient une connaissance préalable de cette attaque, mais la réalité fut que la chute de Tripoli fut massivement une opération étrangère.
"Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et leurs alliés ne reculeront devant rien, y compris l'imposition d'un effondrement social total, pour tenter d'inverser leur position économique mondiale en déclin."
Cet état de fait est tout aussi pertinent pour la situation en Syrie en ce moment. Durant la majeure partie de cette année, l'élan dans la guerre syrienne a été du côté du gouvernement, marqué par sa reprise de l'ancien bastion rebelle de Homs en mai. Alors que cette dynamique était dans une certaine mesure renversée par l'EI suite à ses avancées en Irak, il reste évident que l'espoir d'une victoire rebelle semble peu probable sans campagne aérienne menée par l'Occident. Ce que la Libye montre, cependant, est que même avec le soutien de l'air, les milices rebelles sont peu susceptibles de remporter la victoire sans accompagnement au sol. Dans le cas de la Syrie, cela peut être d'autant plus nécessaire, que la commutation des frappes aériennes de l'EI aux forces gouvernementales syriennes sera beaucoup plus difficile que dans la Libye étant donné les moyens sophistiqués des missiles anti-aériens S-3000 fournis par la Russie l'année dernière. Cela peut faire de l'occupation au sol l'option la plus viable. Les médias occidentaux ont pour rôle de tenter de faire pression sur la Turquie pour lancer une occupation au sol, avec l'espoir que les forces turques joueront en Syrie le rôle que les forces qataries ont joué en Libye.
La guerre en Libye a ouvert les yeux de beaucoup - ou devrait l'avoir fait. Mais la leçon primordiale - si elle avait besoin d'être réitérée - devrait être la prise de conscience que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et leurs alliés ne reculeront devant rien, y compris l'imposition même de l'effondrement social total par la destruction militaire, pour tenter d'inverser leur position économique mondiale en déclin. Ceci est la réalité qui se cache derrière le discours occidental de protection des civils, d'humanitarisme et de promotion de la démocratie, ainsi toute intervention militaire occidentale devrait être considérée sous cet angle.
Dan Glazebrook est l'auteur de "Divide and Ruin: The West's Imperial Strategy in an Age of Crisis’. An edited version of this article first appeared in Middle East Eye." («Diviser et ruiner : la stratégie de l'Occident impérial dans une ère de crise»).
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