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RDC: En attendant la prochaine bataille (Bakchich.info)

par Xavier Monnier 29 Janvier 2015, 19:24 RDC Joseph Kabila Elections

RDC: En attendant la prochaine bataille (Bakchich.info)
RDC: En attendant la prochaine bataille

Par Xavier Monnier
Bakchich.info

Le calme est revenu à Kinshasa. Après une semaine de heurts, le projet de loi électorale a été modifié et adopté. Mais les craintes de glissement n’ont pas disparu. Que ce soit dans la rue ou au sujet du calendrier des scrutins.

Ce n’est pas une victoire. Cela a suffi. Pour la première fois depuis 2006, la République démocratique du Congo verra les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations. 3 matchs nuls ont permis la qualification vers les matchs à élimination directe. «Une bonne nouvelle», sourit Vital Kamerhe, joint au téléphone par Bakchich. L’ancien président de l’Assemblée nationale, passé à l’opposition depuis 2010, a pris le temps de vibrer devant les Léopards, après une semaine sous haute tension. «Nous avons remporté une bataille, pas la guerre». Le fondateur de l’Union nationale congolaise (UNC) fait allusion au vote de la loi électorale modifiée. L’alinéa 3 de l’article 8 de la loi a laissé planer le soupçon d’un «glissement du calendrier électoral». En poste depuis 2001, réélu au son du canon en 2006, dans un soupçon généralisé en 2011, le président Joseph Kabila est désormais frappé par la limite constitutionnelle de deux mandats. En soumettant le scrutin de 2016 au recensement de la population congolaise «Kabila aurait pu rester au pouvoir jusqu’en 2025», calcule rapidement l’ancien candidat à la présidentielle. Si loin? «Evidemment! Regardez le recensement des policiers a été lancé il y a 4 ans, celui des militaires il y a six ans et ils ne sont pas terminés. Alors pour recenser le peuple en son ensemble dans un pays grand comme 5 fois la France!» La menace de glissement du calendrier n’est toutefois pas écartée pour l’opposant. La loi électorale n’a pas encore été promulguée par le président, et le texte recèle d’autres pièges. «L’article 115 par exemple», pointe Kamerhe, conserve une référence au recensement quant aux élections législative. «Et parle de la population congolaise, non du corps électoral».

Birmanisation

Prévue pour 2016, l’élection des députés, après les élections locales de 2015, pourrait servir de goulet d’étranglement au régime. « Kabila cherche à gagner du temps. Chaque élection décalée peut provoquer un glissement». Maîtresse du calendrier, la Commission électorale nationale et indépendante (Ceni), n’a pour l’heur pas pas dit un mot sur les échéances à venir. «Ce sera notre prochaine bataille, annonce Kamerhe. Nous n’allons pas lâcher la Ceni et s’il le faut nous inviterons la population à faire pression sur ses membres pour que le processus électoral soit respecté. Nous savons où habitent ses membres». Une preuve de détermination, accompagnée d’un message d’ouverture à l’attention du président en exercice.

«Le cas échéant, l’opposition est prête à ouvrir au chef de l’Etat un statut spécial après son départ de la présidence en 2016. Pas une amnistie total, mais une protection», assure Kamerhe. La question est cruciale. Dans l’histoire du Congo indépendant, aucun chef de l’Etat n’a encore cédé le pouvoir sans heurts, guerre civile ou invasion étrangère. «Cela le ferait entrer par la grande porte dans l’histoire du Congo», flatte l’opposant. Pour son entourage en revanche, rien n’est prévu, que ce soit pour la famille proche ou les faucons du pouvoir, ceux là mêmes accusés de «birmaniser le Congo». Au moins une centaine de militants de l’opposition sont encore détenus, Internet est toujours en partie coupé dans le pays, les grandes radios internationales tel RFI ont vu leurs fréquences brouiller depuis le début de la semaine. «Seule la pression internationale des grandes puissances, alliées à l’influence de la Tanzanie ou de l’Angola (les parrains de la sous-région) pourront le faire partir sans heurts», prévoit l’ancien proche de Kabila. Un pronostic Vital?

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