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Biens mal acquis: rivières de diamants et valises de cash à Neuilly (MdP)

par Fabrice Arfi 10 Février 2015, 06:54 Biens Mal Acquis France Neuilly Sassou Nguesso Françafrique

François Hollande et Denis Sassou Nguesso, le 8 avril 2013. © Reuters

François Hollande et Denis Sassou Nguesso, le 8 avril 2013. © Reuters

Les dernières découvertes étourdissantes de la police au domicile d’un neveu du président du Congo-Brazzaville sont étourdissantes. Une société offshore est au cœur du système, essentiellement alimentée par… le Trésor public congolais, affirment les enquêteurs.

u 76 bis du boulevard Bourdon, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), les policiers ont commencé leur perquisition par le cinquième étage. L’appartement, d’une superficie totale de 638 m2, occupe également les deux niveaux supérieurs. Le plus élevé, le septième, se résume à une immense terrasse de 100 m2. Vue imprenable sur la Tour Eiffel, les tours du quartier de la Défense et, par beau temps, sur la pointe de la basilique de Montmartre. En-dessous, au sixième, l’ambiance respire le luxe, le marbre et les canapés en daim blanc.

Mais c’est le dressing qui réservera, ce 3 octobre 2014, à 9 heures du matin, la plus saisissante des découvertes policières. Une valise en cuir marron est posée là, par terre. Elle est cadenassée. L’une des occupantes des lieux, présente au moment de la descente de police, remet la petite clé aux enquêteurs. La valise était bourrée de cash. Les euros sont sous vide ou dans des enveloppes frappées du sigle du Georges V, l’un des plus beaux palaces parisiens. Les dollars, eux, ont été glissés dans des enveloppes Kraft. Il y en a pour plusieurs centaines de milliers d’euros.

Sur procès-verbal, les policiers sont tenus d’en faire le décompte fastidieux. Il y a, au total, vingt-quatre liasses de cent billets de 100 euros — soit 240 000 euros ; une liasse de cent billets de 200 euros, plus encore dix billets de 200 — soit 22 000 euros ; sept liasses de cent billets de 200 dollars et une liasse de dix billets de cent — soit 71 000 dollars ; cent billets de 10 francs CFA et soixante-sept billets de 10 000 francs CFA — soit 1 670 000 francs CFA.

Un peu plus loin, dans des sacs à mains ou dans des boîtes du joailler Chopard, à Genève, des bijoux : rivières de diamants, colliers et bagues de pierres précieuses en tout genre. Ailleurs, des dizaines de montres de luxe, elles aussi serties de diamants et d’or. Les policiers mettent également la main sur une dizaine de téléphones portables. Le butin d’un braquage ? En quelque sorte.

Ce jour-là, les enquêteurs de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) ont ajouté une nouvelle adresse sur leur carte, déjà bien garnie, des “Biens mal acquis”, du nom de cette enquête judiciaire qui fait trembler les chancelleries de trois pays africains : le Gabon, la Guinée-équatoriale et le Congo-Brazzaville. Saisie par plusieurs ONG, la justice française piste depuis cinq ans les « détournement de fonds publics », « blanchiment » et « abus de biens sociaux et de confiance » susceptibles d’être aujourd’hui reprochés aux dignitaires de ces trois pays qui, à l’extrême inverse de leur population souvent miséreuse, vivent dans l’opulence à Paris et alentours.

Au 76 bis du boulevard Bourdon, à Neuilly, c’est du Congo dont il est question et tout particulièrement de l’un des piliers du régime, Edgard Nguesso. Dans le grand “qui est qui ?” de l’affaire des Biens mal acquis, lui, c’est le neveu de Denis Sassou Nguesso, maître du Congo-Brazzaville, qu’il dirige sans discontinuer depuis 1997 d’une main de fer. Né le 29 septembre 1967 à Brazzaville, Edgard Nguesso n’a pas seulement un nom qui compte, il a aussi un titre qui en impose : directeur du Domaine présidentiel...

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