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Grèce : la BCE lance un coup d'Etat financier (MdP)

par Martine Orange 8 Février 2015, 11:38 Grèce UE BCE Tsipras Junker Coup d'Etat Banques

Grèce : la BCE lance un coup d'Etat financier
Par martine orange
Mediapart

La banque centrale a lancé un ultimatum au gouvernement grec en annonçant la suppression de lignes de financement des banques grecques, qu’elle acceptait depuis 2010. Cette décision entend l'obliger à se soumettre aux termes voulus par Bruxelles. Mais la ligne dure adoptée par la BCE est gravement irresponsable : la Grèce n’est pas à l’abri d’une faillite désordonnée ni d’une panique bancaire.

Grèce : la BCE lance un coup d'Etat financier (MdP)

A quoi joue la Banque centrale européenne (BCE), si ce n’est au pompier pyromane ? Alors que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le ministre des finances, Yanis Varoufakis, bousculent tous les agendas et vont de Berlin à Londres, en passant par Paris et Rome, pour tenter d’élaborer un nouvel accord sur le sauvetage de la Grèce, le comité de la BCE a décidé, par une seule mesure technique, de mettre le nouveau gouvernement de Syriza dos au mur, mercredi 4 février.

Les responsables de la banque centrale ont annoncé que l’institut monétaire mettait un terme à partir du 28 février – dans les faits, la mesure devrait prendre effet dès le 11 février pour des raisons techniques – à la clause qui lui permettait d’accepter les titres grecs, classés aujourd’hui en junk bonds, que les banques grecques placent en dépôt de garantie pour obtenir des crédits bancaires. Pour les banques grecques, privées de tout accès aux financements interbancaires, ce dispositif est essentiel pour assurer leur financement. La BCE, obligée par ses statuts de n’accepter que des titres sûrs (notés A), avait décidé de faire une exception pour tous les pays en crise de la zone euro, à commencer par la Grèce, dès 2010, afin d’assurer la stabilité financière du système bancaire. Brusquement, l’institut monétaire semble se poser des questions sur des titres qu’elle a acceptés depuis près de cinq ans.

Pour justifier cette volte-face – imposée par la Bundesbank, affirment certains observateurs financiers –, la BCE met en avant les règles et, naturellement, les fameux traités européens. « La décision du comité a été prise compte tenu du fait qu’il n’est actuellement pas possible de tenir pour acquis un accord sur la révision du programme (du sauvetage grec - ndlr) et est en ligne avec les règles existantes du système monétaire européen », dit le communiqué.

L’institut monétaire précise que les banques grecques pourront toujours avoir accès aux lignes de liquidité d’urgence (ELA) mises à disposition par la banque centrale grecque. Des termes techniques incompréhensibles pour la majorité, qui risquent seulement d'affoler un peu plus.

Dans l’urgence, le ministère grec des finances a publié un communiqué, cherchant à rassurer et à minimiser la situation. Il y affirme que les banques grecques sont bien capitalisées et ne risquent rien. Avant d’ajouter : « La BCE, en prenant cette décision, fait pression sur l’Eurogroupe afin de conclure rapidement un nouvel accord entre la Grèce et ses partenaires, au bénéfice de tous. »

À la seule publication du communiqué de la BCE, les financiers sont redevenus très nerveux. Les questions se reposent sur la solidité de la zone euro. Certains évoquent une panique bancaire en Grèce, voire une nationalisation du système bancaire grec poussant le pays vers la sortie de la zone euro. Un scénario qu’avait imaginé Goldman Sachs à la mi-décembre et qu’il a affiné il y a quelques jours, soulignant que le moindre faux pas pouvait par enchaînement conduire à une situation explosive en Europe.

La mesure de la BCE relève d’une grande irresponsabilité. Pour les Grecs, la décision de la BCE risque d’avoir une traduction simple : leurs banques n’ont plus le soutien de la banque centrale européenne. Il ne pouvait y avoir plus mauvaise annonce au plus mauvais moment. Elle revient à verser de l’essence sur un foyer enflammé. Depuis l’annonce des élections anticipées, fin décembre, les banques grecques font face à une fuite de capitaux sans précédent. Le chiffre de 100 milliards d’euros circule dans les milieux financiers. Selon l’agence Bloomberg, 14 milliards d’euros auraient été retirés des comptes bancaires en janvier avant les élections législatives. Comment la situation va-t-elle évoluer dans les jours à venir ?...

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