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A l'occasion de la sortie du livre de Vincent Nouzille "Tueurs de la République" qui revient sur la pratique d'assassinats ciblés contre les "ennemis de la République" décidés dans les alcôves de l'Elysée sous l'influence des militaires de haut rang et dans la plus grande impunité, SLT revient sur l'assassinat du leader indépendantiste Félix-Roland Moumié. Ce grand homme politique du Cameroun amené à poursuivre le leg de Ruben Um Nyobé (assassiné par l'armée française en 1958) fut éliminé par un agent du SDECE à Genève dans ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une opération "Omo" (pour homicide) sous le Général de Gaulle en 1960. Il s'agit de ces assassinats organisés par les services français dont de Gaulle était friand.
Il y en aura en effet, selon Vincent Nouzille, plus de 200 durant la guerre d'Algérie dont bon nombre d'assassinats (ou de tentatives) de vendeurs d'armes, d'avocats, de notables, de journalistes et de quidam militants pour la cause du FLN, déclaré "ennemis de la République". A cette époque, la France menait une autre guerre contre les indépendantistes du Cameroun où les opérations "Omo" accompagnaient les pires massacres effectués par les militaires français et leurs supplétifs au Cameroun.
Retour sur l'assassinat d'un médecin, héros de l'indépendance du Cameroun et jugé comme un "ennemi de la République" par l'Etat français, cible d'une opération "Omo".
"William Bechtel « honorable correspondant » du SDECE, des services secrets français, est envoyé à Genève pour assassiner Félix Moumié. Il se fait passer pour un journaliste et l'invite au restaurant du Plat-d'Argent dans la Vieille-Ville où il l'empoisonne avec du thallium (autrefois utilisé comme « mort aux rats ») versé dans son apéritif. Celui-ci est déclaré mort le 3 novembre 1960 à 19h10. William Bechtel a bénéficié d'un non-lieu à son procès 20 ans plus tard." (Wikipedia) Et pour cause il était couvert au plus haut niveau de l'Etat français.
Dans cette troisième partie, l'administrateur colonial, Maurice Delaunay évoque la construction de camps de concentration français au Cameroun sur le modèle des camps de concentration nazi durant la seconde guerre mondiale : "J'avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J'avais fait un camp avec des barbelés, des miradors".
Le Canard Enchaîné 27 avril 2011 Une guerre française au Cameroun cachée pendant quarante ans Références nazies A l'approche de l'indépendance promise en 1960 par de Gaulle, la France met en place une administration néocoloniale. On installe ainsi le président Amadou Ahidjo, et l'on dote le pays d'une Constitution sur mesure, assortie d'accords secrets d'assistance militaire. Les conseillers du Président sont nommés par les Français. Au nombre desquels Samuel Kamé, qui avoue son admiration pour les régimes fascistes et cite volontiers Hitler et Goebbels. C'est avec ces alliés que Paris prépare son ultime opération avant de retirer le gros de ses troupes : la liquidation de l'UPC, qui persiste à combattre pour une authentique indépendance. Camps à l'allemande Depuis la fin 1959, les opérations antiguérilla se sont intensifiées. La torture n'a plus pour seul but de faire parler les chefs maquisards, elle devient systématique à l'égard des opposants. Gégène, baignoire, balançoire, importées d'"Indo" ou d'Algérie, sont pratiquées dans tous les postes de police. Des prisonniers sont jetés vivants dans les chutes d'eau de la rivière Metchié. L'un deux, en tombant entraînera d'ailleurs dans la mort un gendarme français. Des camps de concentrations sont édifiés. Ancien haut-commissaire (il sera plus tard ambassadeur, puis maire de Cannes), Maurice Delaunay évoque, dans ses Mémoires, celui de Bangou : "J'avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J'avais fait un camp avec des barbelés, des miradors". Il abrite 700 à 800 détenus, gardés par des gendarmes français et camerounais. L'année 1960 est terrible. "Je décide d'entreprendre une véritable reconquête", écrit le Premier ministre, Michel Debré. Une note secrète (mars 1960) de l'état-major, dirigé par le général Max Briand, recommande d'"annihiler les groupes terroristes...et leurs sympathisants", ce qui autorise les massacres de masse. Briand a rapporté cette riche idée : exposer les têtes coupées des rebelles sur la place publique. L'ouest du pays est bombardé. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées dans "des villages de regroupement". En octobre, le SDECE (future DGSE) repère le chef de l'UPC, Felix Moumié, à Genève et le fait assassiner (empoisonnement) par son agent William Bechtel."