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Farce électorale françafricaine au Togo. Le kleptocrate Ouattara en renfort du dictateur françafricain Faure Gnassingbé au Togo

par Sam La Touch 29 Avril 2015, 21:01 Articles de Sam La Touch Togo France Françafrique Faure Gnassingbé Ouattara Bongo Côte d'Ivoire Gabon

Farce électorale françafricaine au Togo. Le kleptocrate Ouattara en renfort du dictateur françafricain Faure Gnassingbé au Togo

En territoire françafricain, où les dictatures sont la règle, en l'occurrence au Togo où règne la dynastie Gnassingbé installée par l'Etat français sous De Gaulle et Foccart au travers d'un coup d'Etat ayant vu l'assassinat en 1963 du président élu démocratiquement (Sylvanius Olympio), une nouvelle farce électorale semble se dessiner au Togo. Jean-Pierre Fabre, candidat de l'opposition, arrivé en deuxième position selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Togo, dénonce un coup de force électoral planifié de longue date par le dictateur Faure Gnassingbé fils d'Eyadéma, déclaré vainqueur du scrutin présidentiel avec 58,75% des voix contre 34,95% à son challenger. Une dynastie installée et soutenue par la France depuis un demi-siècle.

« Il s’agit donc d’un coup de force électoral planifié de longue date et exécuté avec des procès-verbaux contenant des résultats préfabriqués, d’où les distorsions et les aberrations, comme lors de toutes les élections organisées par le régime RPT/UNIR, notamment, les élections présidentielles de 2005 et de 2010 », a fait savoir Patrick Lawson, le Directeur de campagne de Jean-Pierre Fabre.

Fabre estime que les résultats proclamés le mardi 28 avril 2015 par le président de la CENI sont des résultats frauduleux qui n’ont rien à voir avec ceux obtenus par le centre informatique de CAP 2015 et qui proviennent des procès-verbaux des bureaux de vote.

Une tribulation françafricaine qui n'est pas sans rappeler les élections qui se sont tenues en Côte d'Ivoire en 2010 et au Gabon en 2009. D'ailleurs avant la proclamation des résultats le très françafricain Ouattara piloté par Paris et dont le pays est le lieu de villégiature de l'armée française s'était rendu au Togo en février 2015 pour encourager à l'organisation des élections libres, apaisées et transparentes au Togo. Ouattara, une référence en la matière ? Face à la contestation croissante à l'égard des résultats délivrés par la Ceni, Ouattara est retourné fin avril en renfort de son ami françafricain Gnassingbé au pouvoir de père en fils depuis plus de 50 ans.

Selon Rue 89, "c’est un coup de force électoral auquel se livre la Ceni togolaise, malgré la présence d’un comité ad hoc de suivi technique de l’élection – qui a vu la communauté internationale accompagner pour la première fois le processus électoral togolais jusque dans sa phase la plus sensible, la centralisation et le dépouillement des résultats. Le rapport de force commençait à devenir si défavorable à Faure Gnassingbé que le président de la Ceni, Taffa Tabiou, qui appartient au camp présidentiel, s’est dépêché de proclamer des résultats provisoires mardi soir, après trois jours d’empoignade et trois nuits sans sommeil."


A croire que l'on se croirait revenu en Côte d'Ivoire lors des élections présidentielles de 2010 quand des résultats falsifiés en faveur de Ouattara avaient été annoncés avant toute validation par le conseil constitutionnel du pays. Les chars français s'étaient chargés par la suite d'installer au pouvoir le candidat françafricain de Paris et d'envoyer le président sortant dans la prison (néo)coloniale de la CPI.

Selon Sabine Cessou, (les vrais résultats d’une élection pas comme les autres), au Togo, "des manipulations un peu trop voyantes : dans certains cantons, les procès-verbaux (PV) auraient fait état d’un score de 100% en faveur de Faure Gnassingbé, comme si les assesseurs de l’opposition avaient eux-mêmes voté, comme un seul homme, pour leur adversaire... Selon nos sources, la falsification des PV s’est également faite dans les villes des région nord. Au sud, dans la région maritime, des villes comme Aného, fief de l’opposition, auraient voté à 80% (43 000 voix) pour Jean-Pierre Fabre (contre 11 000 pour Faure), dans des conditions de transparence satisfaisantes, tandis que les localités des régions nord auraient au contraire massivement voté pour Faure Gnassingbé, de manière trop flagrante pour que l’opposition ne conteste pas ces scores auprès de la Ceni."

Une méthode françafricaine rappelant les élections au Gabon de 2009 (voir la vidéo).

Ou à comparer au trucage électorale en 2010 dans les zones favorables à Ouattara dans le nord de la Côte d'Ivoire où l'ONU n'avait pas été déployée.

"Dans la Vallée de Bandama le candidat Ouattara a totalisé en réalité 149.598 voix. Cependant, la CEI régionale a communiqué à la CEI centrale 244.471 voix soit une augmentation frauduleuse de 94.873 voix supplémentaires : les preuves du trucage..." ([Cf. http://www.ivoiredignite.com/index.php]).

M. Philippe Evanno chercheur à la Sorbonne, directeur de l’Institut de Prospective Africaine, a déclaré : « L'ONU a été incapable de respecter ses engagements et d'assurer le désarmement des forces de la rébellion au nord. L'élection a eu lieu sous le contrôle des forces armées de la rébellion. Ce sont des seigneurs de la guerre, qui détournent les taxes et les impôts à leur profit, qui ont pris le contrôle du diamant et de différents minerais et contrôlent une partie du commerce du cacao. Cette rébellion au nord est une organisation politique, économique et militaire et elle est restée en place alors que différentes résolutions de l'ONU et différents accords internationaux prévoyaient que l'élection ne pourrait pas avoir lieu tant que le désarmement ne serait pas effectif»

Comme l'écrivait, Michel Galy : "oui, les élections largement truquées au nord (de la Côte d'Ivoire) ont bien été « la continuation de la guerre par d’autres moyens »". Et comme l'écrivait l'ancien "chef de guerre" de la Vème République : « On a sorti Gbagbo, on a installé Ouattara ».


En fidèle parmi les fidèles de la Françafrique, Ouattara est allé apporté son soutien à un dictateur françafricain en péril qui ne se maintient qu'au travers de coups d'état électoraux et de répression sanglante soutenu par la France depuis son accession au pouvoir en 2005.

Togo : les vrais résultats d’une élection pas comme les autres
Par Sabine Cessou




Faure Gnassingbé, 48 ans, au pouvoir depuis 2005, a été déclaré vainqueur de la présidentielle du 25 avril par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Togo, au terme d’une véritable épreuve de force.

Les gendarmes ayant réussi à neutraliser le vice président de la Ceni, issu de l’opposition, une partie de l’institution a proclamé le président sortant vainqueur avec 58,75% des voix contre 34,95% à son challenger, l’opposant Jean-Pierre Fabre, un économiste de 62 ans.

Une précision importante : ce résultat est basé sur les 42 circonscriptions du pays - y compris les 10 Commissions électorales locales (Celi) des régions nord qui indiqueraient des résultats non valables car entachés de fraudes - avec des preuves flagrantes. Les résultats des 32 autres Celi donneraient Jean-Pierre Fabre gagnant. Le général malien Siaka Sangaré, envoyé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) aurait demandé aux présidents des 10 Celi où des irrégularités ont été constatées de venir s’expliquer, ce que le camp présidentiel a refusé.

C’est un coup de force électoral auquel se livre la Ceni togolaise, malgré la présence d’un comité ad hoc de suivi technique de l’élection – qui a vu la communauté internationale accompagner pour la première fois le processus électoral togolais jusque dans sa phase la plus sensible, la centralisation et le dépouillement des résultats.

Le rapport de force commençait à devenir si défavorable à Faure Gnassingbé que le président de la Ceni, Taffa Tabiou, qui appartient au camp présidentiel, s’est dépêché de proclamer des résultats provisoires mardi soir, après trois jours d’empoignade et trois nuits sans sommeil.

Que s’est-il vraiment passé ?

Selon nos informations, Faure Gnassingbé aurait fait un score de l’ordre de 30% à Lomé, la capitale, contre 70% au candidat de l’opposition Jean-Pierre Fabre, chef de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). 

Dans la région maritime du sud du pays, la plus peuplée, Jean-Pierre Fabre l’aurait emporté haut la main avec plus des quatre cinquièmes des suffrages (environ 75 % des voix), tandis qu’à Kara, le fief du clan Eyadéma, qui compte 300 000 électeurs (sur 3,5 millions au total), Faure Gnassingbé aurait eu le dessus avec 98% des voix. Ailleurs, dans les régions des savanes et des plateaux, il aurait été au coude-à-coude avec l’opposition. Les résultats de l’élection, même avec la fraude, se jouaient donc dans un mouchoir de poche.

Le rôle accru de la communauté internationale 

Sous la houlette du général malien Siaka Sangaré, envoyé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le comité ad hoc de suivi technique des élections au Togo est composé des ambassadeurs de France, d’Allemagne et des Etats-Unis, en plus de l’Union européenne (UE) et des représentants du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Le général Sangaré a décidé d’aller lui-même en avion à Kara, le lendemain du scrutin, dimanche 26 avril au soir, pour récupérer en personne les procès-verbaux des bureaux de vote de ces circonscriptions. L’objectif : éviter toute manipulation des documents durant le trajet jusqu’à Lomé.

Pour la première fois au Togo, la présence de la communauté internationale ne se limite pas à quelques centaines d’observateurs prêts à reconnaître la « régularité » des élections (PDF du rapport 2010 de la mission électorale de l’UE), laissant le soin aux Togolais de s’écharper par la suite au sujet des résultats.

Des fraudes en amont trop criantes 

Si les manipulations en aval du scrutin n’ont guère été possibles cette année, grâce à la présence active du général Sangaré, les fraudes en amont n’ont pas manqué, afin d’atténuer la victoire prévisible de l’opposition dans les villes.

Des manipulations un peu trop voyantes : dans certains cantons, les procès-verbaux (PV) auraient fait état d’un score de 100% en faveur de Faure Gnassingbé, comme si les assesseurs de l’opposition avaient eux-mêmes voté, comme un seul homme, pour leur adversaire... 

Selon nos sources, la falsification des PV s’est également faite dans les villes des région nord. Au sud, dans la région maritime, des villes comme Aného, fief de l’opposition, auraient voté à 80% (43 000 voix) pour Jean-Pierre Fabre (contre 11 000 pour Faure), dans des conditions de transparence satisfaisantes, tandis que les localités des régions nord auraient au contraire massivement voté pour Faure Gnassingbé, de manière trop flagrante pour que l’opposition ne conteste pas ces scores auprès de la Ceni.

La pagaille organisée le jour du vote à Lomé 

Autre aspect de la triche électorale : les listes des électeurs n’ont pas été affichées avant le jour du scrutin, comme l’avaient réclamé les partis d’opposition représentés à la Ceni. Du coup, une partie non estimée d’électeurs n’ont pas pu voter, n’ayant pas trouvé leur nom sur les listes des bureaux de vote de leur quartier... Quelquefois, leur nom figurait 10 km plus loin, sans possibilité pour eux de le savoir rapidement ni de s’y rendre. Cette pagaille expliquerait en partie le déclin du taux de participation, passé de 65% en 2010 à 53% cette année. 

Quoi qu’il en soit, les jeunes citoyens togolais, échaudés par les expériences passées – avec des militaires se précipitant hors des bureaux de vote avec des urnes sous le bras lors des précédents scrutins – ont redoublé de vigilance : à Lomé, ils ont escorté à moto les camions venus rapporter les urnes depuis les bureaux de vote jusqu’à la Ceni, pour être certains qu’il n’y aurait pas de coup fourré en chemin.

Le camp présidentiel pris à son propre piège

Au fil du dépouillement des résultats, il serait apparu que six ou sept commissions électorales locales (Celi) auraient donné des nombres de votants supérieurs au nombre d’inscrits. Dans deux circonscriptions, des bulletins de vote non valides ont été retrouvés dans les urnes, bourrées avec des documents appelés « spécimen ». De faux bulletins de vote servant avant les élections à informer les populations sur la façon dont on remplit correctement un vrai bulletin, en apposant son empreinte digitale avec un doigt trempé dans de l’encre sous la photo du candidat de son choix. 

Du point de vue légal, la Ceni avait la possibilité de faire annuler le vote dans les circonscriptions où la fraude a été manifeste, ou de ne pas en tenir compte dans la proclamation des résultats. Quitte, ensuite, à la Cour constitutionnelle d’ordonner ou pas l’organisation d’un nouveau scrutin dans ces circonscriptions.

Or, ce sont les 10% de décomptes en provenance d’une dizaine de circonscriptions du nord, sur les 42 que totalise le pays, qui ont été annoncés en premier dès le 26 avril au soir par le président de la Ceni – donnant la fausse impression à la presse internationale que le candidat Faure Gnassingbé avait une nette longueur d’avance. 

Face à l’empoignade qui s’est ensuivie au sein de la Ceni, les deux camps en venant même aux mains, le général Sangaré a tenté de mettre le holà. Et deux chefs d’Etat qui comptent dans la sous-région se sont rendus le 28 avril à Lomé, pour jouer les médiateurs, débloquer la situation et éviter la crise post-électorale, si prévisible et récurrente au Togo. Les violences s’étaient soldées par 500 morts en 2005 pour un pays de 7 millions d’habitants – proportionnellement, comme si la France avait connu 4 650 morts pour une seule élection... 

Une solution de partage du pouvoir ?

Au terme de leur journée de consultations, le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue ghanéen John Dramani Mahama auraient demandé mardi 28 avril aux deux parties adverses d’accepter une solution de partage du pouvoir. Un compromis du même type que celui qui avait prévalu en 2008 au Kenya, sous l’égide de Kofi Annan, à l’issue d’une violente crise post-électorale qui avait fait plus de 1 000 morts.

Les deux parties adverses du Togo auraient promis d’y réfléchir dans la nuit, mais Faure Gnassingbé a manifestement décidé que ce n’était pas une option pour lui de nommer son ennemi juré au poste de Premier ministre. Le rapport de force reste éminemment militaire au Togo : l’armée est dominée depuis 1967 par le clan présidentiel de feu le général Eyadéma, le père de Faure Gnassingbé, et de son ethnie kabyé de la région de Kara, au nord du pays. 

Comment vont réagir l’opposition et la rue à Lomé à ce énième coup de force de la famille Eyadéma, au pouvoir depuis 1967 ? Seule certitude pour l’instant : la situation a beaucoup évolué ces trois derniers jours.

Le seul pays d’Afrique de l’Ouest, avec la Gambie, à ne pas avoir connu d’alternance démocratique, est sorti de son habituelle épreuve de force électorale à huis clos. Si les Togolais, plusieurs fois réprimés par le passé, ne sont pas prêts à risquer leur vie pour leur démocratie, il ne leur reste plus qu’à espérer que la prochaine élection, en 2020, sera la bonne.
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