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Nouvelle guerre à l'américaine au Yémen. Des officiers US jouent les "parrains" de la coalition sunnite et planifient les bombardements. (Canard Enchaîné)

par Claude Angelli 8 Avril 2015, 17:47 Yémen USA Arabie Saoudite Coalition Bombardements Guerre Articles de Sam La Touch

Nouvelle guerre à l'américaine au Yémen.  Des officiers US jouent les "parrains" de la coalition sunnite et planifient les bombardements. (Canard Enchaîné)
Nouvelle guerre à l'américaine au Yémen. 
Des officiers US jouent les "parrains" de la coalition sunnite et planifient les bombardements.
Le Canard Enchaîné, 8 avril 2015.

Les dix Etats arabes sunnites, avec à leur tête l'Arabie Saoudite, qui ont ouvert un nouveau front au Yémen, le 26 mars, en décidant de bombarder les milices chiites, n'auraient pu prendre une telle initiative sans l'aide du Pentagone. "Les militaires américains supervisent cette guerre en tant qu'associés", ironise un diplomate. Les états-majors français le confirment : une cellule de commandement a été installée en Arabie Saoudite, sous le contrôle du général Lloyd Austin, patron de l'US Central Command et des forces américaines déployées du Proche-Orient jusqu'en Asie centrale. Des officiers américains y sont chargés de planifier les raids de cette coalition (Egypte, Qatar, Emirats, Koweït, Jordanie, Maroc, Soudan, Pakistan, Bahrein, et Arabie Saoudite), montée à la va-vite sous le regard complice et intéressé de la Turquie, de la France et ...d'Israël.

Pourquoi cette affection subite pour ces aimables démocraties arabes ? C'est très simple : elles s'en prennent à des rebelles chiites que soutiennent les méchants Iraniens. Alors une guerre de plus ? Bah ! C'est, paraît-il pour la bonne cause...

Afin de porter secours à leurs "associés" arabes, les parrains américains ont tous un magasin à leur disposition : avions de ravitaillement en vol, avions radar, avions espions, drones tueurs et services de renseignement. Si, après tant d'énergie dépensée et de cerveaux mobilisés, le Yémen devient malgré tout une succursale de l'Iran ou un centre terroriste, c'est à désespérer des stratèges de Washington...

Et les coalisés appliquent fort bien les leçons de l'allié américain. D'abord, ils baptisent courageusement leur guerre "tempête décisive" ; ensuite, et sans envoyer de troupes au sol, ils se contentent de bombarder l'ennemi, ses milices houthistes (chiites) qui, bien que minoritaires, se sont installées à Sanaa, la capitale, et tentent aujourd'hui de s'emparer d'Aden, la seconde grande ville du Yémen. Tandis que les commandos d'al-Quaïda en péninsule arabique (des sunnites eux) profitent de ce "merdier", comme on dit au Quai d'Orsay, pour s'octroyer un morceau de ce malheureux pays en attendant mieux.

Très cruel Figaro
Mais ces dix états engagés au Yémen semblent ignorer d'autres professeurs de guerre à l'Américaine. Tel Martin Dempsey, patron des armées US, qui, le 8 mars, reçu à bord du "Charles de Gaulle", dans le golf arabo-persique, déclarait : "lancer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution". Il devrait en informer ses collègues généraux qui croient encore pouvoir "nettoyer" le Yémen avec quelques tonnes d'explosifs.
Le 21 mars, les Etats-Unis ont évacué leurs diplomates et quelques 120 hommes de leurs forces spéciales de ce dangereux pays. Ce que "Le Figaro" a qualifié, trois jours plus tard, de "retrait en catastrophe" et de nouvel "échec américain au Moyen-Orient". Un échec hors de prix. Selon un rapport du Congressional Research Service, organisme d'analyse du Congrès US, les Etats-Unis, quand les dirigeants yéménites étaient à leur goût, leur avaient accordé, en trois ans, de 2012 à 2014, une aide militaire s'élevant à 890,6 millions de dollars.

C'est l'art de la guerre, version US : le sol de l'Irak, de l'Afghanistan et du Yémen est tapissé de bombes américaines, tandis que les dirigeants de ces heureux pays sont, eux, arrosés de jolis billets verts.

Claude Angelli.

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