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La justice française, une machine à blanchir Par François Bonnet Mediapart
L’un des plus grands scandales politico-financiers de la Ve République n'est plus qu’un gros fait divers. En ayant effacé tout le volet politique de l'affaire Bettencourt, la justice démontre une fois de plus qu'elle est profondément malade de ses dysfonctionnements et dépendances.
Il ne reste donc plus de l’affaire Bettencourt, l’un des plus grands scandales politico-financiers de la Ve République, qu’un gros fait divers : une vieille dame dépouillée par quelques habiles margoulins. Financement illégal de la politique ; distributions de prébendes et de médailles ; pressions sur la justice ; scandale politique : les magistrats-effaceurs sont passés et rien de tout cela n'existe désormais. La double relaxe prononcée ce jeudi 28 mai au bénéfice d'Éric Woerth – malgré des attendus sévères –, comme le non-lieu accordé il y a quelques mois à Nicolas Sarkozy dans cette même affaire – et accompagné là encore d'attendus sévères –, nous montre une fois de plus que la justice est bien à l'image de notre démocratie. Profondément malade.
Des juristes s'étrangleront à ce constat, trouvant foule d'arguments procéduraux et d'arguties juridiques pour nous expliquer la très haute impartialité d'une très grande justice, d'abord soucieuse des droits et libertés des individus. D'autres juristes pourront arguer avec le même talent du contraire. Gardons-nous de ce seul débat d'experts dits « incontestables » et incompréhensible pour les citoyens. Il reste l'essentiel. Remodelée en profondeur depuis vingt ans, du Code de procédure pénale aux influences renouvelées des politiques, du contrôle des carrières à la soumission du parquet, ce qui devrait être notre justice fonctionne aujourd'hui comme une machine à blanchir les puissants...