Le "chef de guerre"* français (*terme de l'AFP), François Hollande, reçoit chaleureusement à l'Elysée le dictateur tchadien, Idriss Déby, installé au pouvoir et soutenu par la France depuis 25 ans. (c) Photo de la Présidence de la République. (Un sujet qui est forclos de la majorité des médias français).
Dans certains collèges étatsuniens, un quart des élèves de 13-14 ans pense que les Français vivent sous un régime dictatorial, tout comme le Canada et l'Australie. C'est ce que révèlent les résultats de tests nationaux, repérés par CBC News et relayés par le site de L'Express.
Ces adolescents du "8th grade" étatsunien, la classe de quatrième chez nous, ont été soumis à des test nationaux portant sur l'histoire étatsunienne, la géographie et l'éducation civique. Les résultats ont été publiés par le Centre national du gouvernement américain pour la statistique de l'éducation.
Il devait répondre à la question : "Quel est le point commun entre les gouvernements actuels du Canada, de la France et de l'Australie ?", les 29,000 adolescents concernés avaient le choix entre quatre réponses : "1. Des militaires les contrôlent, 2. Leur constitution limite leurs pouvoirs, 3. Leurs chefs ont un pouvoir absolu, 4. Ils découragent les citoyens à participer aux affaires publiques". Un quart des élèves a donc choisi la réponse 3, 10% ont opté pour la première mais la moitié d'entre eux ont tout de même coché la bonne réponse... La 2. (RTL)
RTL ajoute que "le régime français reste dans le monde un exemple de démocratie"
Si il est évident que le niveau culturel en matière de politique internationale et d'histoire des petits étatsuniens est connu pour être relativement limité, il n'en reste pas moins vrai que le pouvoir exécutif français détient un pouvoir absolu sans contrôle démocratique qui ne va pas sans poser de sérieuses questions quant à la nature de la démocratie française.
Petite explication de texte :
L'assertion de RTL selon laquelle, le "régime" français est un exemple de démocratie est plus que discutable et relève plus de la propagande que de l'analyse en profondeur du "régime" politique français. Faut-il rappeler que sous la Vème République menée par le "Maréchal" de Gaulle, le pouvoir exécutif a été confisqué et que le pouvoir des Parlementaires a été considérablement affaibli. Ce "coup d'Etat constitutionnel" comme le nommait Mitterrand avant qu'il accède à la plus haute marche du pouvoir de la République s'est effectué en 1958 dans le contexte de la guerre d'Algérie pour permettre au chef de l'Etat de mener avec l'armée la guerre comme il l'entendait sans avoir à être confronté à l'approbation ou au refus des élus des Français au Parlement. En clair, sous le "régime" français, depuis 1958, les guerres se font sans que le Parlement ait à se prononcer. Lorsque le Général De Gaulle envoie les troupes françaises massacrer les résistants camerounais dans les années soixante, le Parlement et les médias ne sont au courant de rien. Lorsque Mitterrand envoie l'armée française dans le cadre de l'opération Noroit en 1990 au Rwanda le parlement n'est pas consulté. En 1998, la mission d'information parlementaire française sur le Rwanda menée par Paul Quilès préconisait un contrôle parlementaire de l'exécutif suite aux accusations de complicité française dans le génocide au Rwanda. Depuis rien n'a été fait et il n'y a aucun contrepouvoir. Lorsque Chirac envoie l'armée française en Afghanistan fin 2001, (il s'agit d'une guerre qui engage tous les citoyens), les élus de la République au Parlement ne sont pas informés, lorsque François Hollande envoie les forces spéciales françaises au Yémen en 2015, le Parlement français n'en est pas non plus informé. Lorsque Sarkozy déclare la guerre en Côte d'Ivoire, le Parlement votera la guerre après qu'elle ce soit déclarée, idem pour la guerre d'Hollande au Mali. L'exemple le plus paradigmatique est la guerre que voulait mener Hollande et son Etat-major en Syrie, le Parlement devait être consulté mais en aucun cas il n'y a eu de droit de vote contrairement à ce qui s'est passé en Grande-Bretagne ou bien aux USA. En effet, le Parlement n'est pas tenu de se prononcer par vote sur les guerres menées par le président et son Etat-major militaire. Tout au plus il peut être consulté selon la constitution. Résultat des courses : le Parlement britannique et le Congrès US se sont opposés à la guerre voulue par leurs dirigeants (respectivement Cameron et Obama), et le "chef de guerre" français et son Etat-major ont finalement renoncé à bombarder la Syrie. Il semble que dans les alcôves de l'Elysée et de l'Etat-major, depuis 1958, les guerres se décident en dehors du cercle vertueux de la République sans que le concitoyen puisse avoir un quelconque droit de regard sur ce que l'Etat fait avec ses impôts et en son nom dans le cadre de sa politique étrangère et militaire. Or le vrai pouvoir démocratique, et sans doute le plus important, repose sur le fait que les représentants élus d'un peuple à l'Assemblée puissent se prononcer sur l'entrée en guerre de leur pays. Il n'en va pas de même sous le "régime" français qui en terme de démocratie en est encore à la pré-adolescence en matière développementale et politique. De telle sorte que certains critiques parlent de "monarchie républicaine" pour parler du "régime" français.
L'impact se fait également ressentir sur les médias français qui dans leur immense majorité (en ce qui concerne les médias traditionnels) sont financés par l'Etat et se transforment plus en communiquant de l'Etat dès qu'il est question de la chasse gardée du Président.
Un pouvoir exécutif sanctuarisé. Quelle liberté de la Presse dans ce "régime" en matière de politique étrangère et militaire quand le Parlement n'est devenu qu'une caisse enregistreuse infantilisée et où les décisions du pouvoir exécutif sont quasiment exclues du débat publique ? Le risque est grand que le Président élu par les Français soit vite devenu l'otage du complexe militaro-industriel sans aucun contrôle politique républicain. Qui gouverne le pouvoir exécutif en France, est-ce le président comme un monarque isolé (plus ou moins bien avisé par ses conseillers militaires et politiques) ou bien les militaires ?
Certains médias français ont vanté le président François Hollande comme un "chef de guerre" lors de sa guerre au Mali mais sait-on bien qui est le vrai "chef de guerre" et qui est au commande ? Qui prend les décisions dans les alcôves de l'Elysée en l'absence de débat publique au sein des institutions républicaines ?
Si le "régime" français n'est pas une dictature à proprement parler, il n'est pas non plus démocratique sur bien des sujets pourtant fondamentaux pour la vie démocratique d'une nation. Et nous n'évoquerons pas non plus les épineuses questions de l'indépendance de la justice et du pouvoir législatif par rapport au pouvoir présidentiel. On se souvient de la manière dont Sarkozy I avait refait voter la "loi sur la création et internet" (Hadopi) en 2009 suite au rejet de cette loi par le vote de l'Assemblée nationale. On connaît également le dispositif de l'article 49.3 de la Constitution qui permet à la fonction présidentielle et à ses serviteurs (ministres) de faire passer une loi en force, c'est à dire sans vote au Parlement.
Et si les 25% des adolescents étatsuniens de classe de quatrième étaient dans le vrai ?