Derrière la « corruption » de plusieurs chefs d’État étrangers, reprochée par la justice française à l’homme d’affaires corse établi en Afrique Michel Tomi, il y a un empire qui brasse plus de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. La police est parvenue à mettre à nu le système Tomi, surnommé le “parrain des parrains”. La suite de nos révélations.
Ce n’est pas un homme d’affaires comme les autres. « C’est un “parrain”, vous n’approchez pas un mec comme ça, il y a toujours 3-4 mecs autour. C’est, comme on dit en Afrique, un grand monsieur. » Philippe Belin souhaiterait que les enquêteurs comprennent bien à quel genre de personnage ils s’attaquent. Il insiste : « Encore une fois, Michel Tomi n’est pas quelqu’un que vous interpellez comme ça, il impose un certain respect, c’est une telle figure en Afrique. »
Il est près de minuit, ce 18 juin 2014, quand le patron de la société française Marck, spécialisée dans la confection et la vente d’uniformes militaires, commence à se confier aux policiers. Après dix-huit heures passées en garde à vue, il se décide enfin à livrer quelques informations sur celui que l’on surnomme malgré ses dénégations le “parrain des parrains”, l’homme qui l’a conduit jusqu’ici, dans les locaux de la police judiciaire, et qui lui vaudra d’être mis en examen deux jours plus tard par le juge Tournaire pour « corruption d’agents publics étrangers » et « abus de biens sociaux ».
Pressé de questions, Belin (qui n'a pas répondu non plus à celles de Mediapart) reste prudent. Sait-on jamais. Comme il le conseillait un jour à l’un de ses responsables commerciaux, il faut « faire attention » avec Tomi et ses « trucs mafieux ». Le chef d’entreprise évoque donc rapidement sa rencontre avec le Corse en 2009, « à l’occasion de la campagne présidentielle au Gabon d’Ali Bongo ». Il raconte aussi ce jour d’hiver 2013 où il est venu le voir dans un hôpital marseillais pour lui demander « un coup de main ». « J’ai dit à Michel Tomi que j’aimerais bien bosser sur le Mali, il m’a répondu que le président [Ibrahim Boubacar Keita – ndlr] était là », à peine « vingt mètres plus loin », dans une chambre...