Au moment où le dictateur Sassou Nguessou - remis au pouvoir avec l'aide de Paris en 1997, à l'issu d'un coup d'Etat sponsorisé par ELf, l'Elysée et l'Etat-major et d'une terrible guerre civile - s'apprête à modifier la constitution pour se faire réélire en 2016, petit retour sur un excellent article de Rigobert Ossebi datant d'avril 2014 pour comprendre les complicités et la collaboration dont il bénéficie au plus haut niveau de l'Etat français. En un an, les choses ont-elles vraiment changées dans les relations entre le "chef de guerre", le "Ministre de l'Afrique" et le dictateur ; entre la France et le Congo-Brazzaville ?
/image%2F0780719%2F20150602%2Fob_a8f207_dictateur-sassou-hollande.jpg)
Hollande, Sassou Nguesso : rires à Bruxelles ! Par Rigobert OSSEBI Congo-Liberty
Fini le temps où le président français, François Hollande, tournait le dos à Denis Sassou NGuesso pour lui tendre la main sur le perron de l’Elysée, contraint qu’il était de le recevoir en bon dernier de ses homologues africains ! Les gros nuages noirs, des affaires des Biens Mal Acquis et des Disparus du Beach qui pesaient sur leurs rencontres, semblent comme par enchantement avoir disparu. Certains témoins clés, comme Pierre Oba, reviennent même en France sans ressentir la moindre gêne ou inquiétude.
Le 2 avril, lors de l’ouverture du « Sommet Union Européenne Afrique », c’est avec le dictateur congolais, qu’il a semblé avoir la plus grande proximité et sympathie, en compagnie de Jean Yves Le Drian, son ministre de la défense en charge des opérations au Mali et au Centrafrique confirmé dans le nouveau gouvernement de Manuel Valls. Tous trois, comme de vieux amis, paraissaient avoir le plus grand plaisir à se retrouver ensemble. Finies les poignées de mains forcées et glaciales comme on avait pu en juger lors du Sommet de la Francophonie à Kinshasa.. !
L’actuel locataire de l’Elysée est réputé pour son grand sens de l’humour ; ce qui lui vaut un de ses surnoms « Monsieur petites blagues ! » Mais à voir les mines rieuses et réjouies de ce trio sur une même photo, l’on peut se demander si ce n’est pas l’autocrate sanguinaire de l’Alima, réputé lui aussi pour son humour assez spécial et parfois franchement noir, qui n’aurait pas déclenché cette indéniable hilarité collective.
François Hollande est le 5ème président français que le dictateur congolais est amené à rencontrer dans ses maintenant trente années à la tête du Congo ; Valery Giscard d’Estaing, François Mitterrand, son complice plus qu’homologue Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy l’avaient précédé. Durant ces décennies, l’autocrate de l’Alima s’est constitué un stock de blagues propres à faire rire ou sourire ses homologues démocrates. Celles du piège tendu à Ange Diawara, des assassinats de Marien NGouabi, de Massamba-Débat, de Monseigneur Biayenda et de Kikadidi ont-elles toujours autant de succès ? Il y aurait toujours celles du DC10 d’UTA parti de Brazzaville et d’un autre avion, celui de Michel Baroin…. Sans oublier celles d’Anga et de son bocal de formol ou encore celles des chars qui l’avaient réveillé le matin du 5 juin 1997, prétexte à une guerre civile qui causa près de 100.000 victimes. On ne saurait dire si le dictateur, volontiers escroc également, raconte toujours avec la même gourmandise, à ce dernier arrivé au sommet de l’Etat français, la manière dont il a obtenu indument, il y a à peine trois ans, un effacement de dettes de trois milliards d’euros ou qu’il s’amuse toujours d’avoir fait don à ses rejetons de la quasi-totalité des richesses de son pays… ?
On le voit, ce ne sont pas les sujets de franches rigolades qui manquent dans ces réunions au Sommet alors que le dictateur tend sa main encore chaude de l’incendie qu’il a allumé au Centrafrique. A Bruxelles tous se sont empressés de la serrer, alors qu’ils n’ignorent pas que c’est la même qui verrouille la porte de la prison de Ruth Nguina, 16 ans torturée et violée, la plus jeune prisonnière politique au monde.
En France, un gouvernement vient de tomber au bout de 22 mois pour n’avoir pu répondre à quelques attentes du peuple français. Au Congo, un pays peu peuplé avec d’incontestables atouts, cela fait 360 mois qu’un petit clan mafieux d’incapables notoires s’accapare tous les pouvoirs et prétend y rester indéfiniment. Personne n’y trouverait rien à redire, dit-on, car aucun opposant ou opposition crédible n’a su émerger face à la tyrannie en place.
Certes, tous croyaient en la détermination du candidat François Hollande d’en finir avec le dictateur congolais, mais il a vite fait de tomber dans le piège centrafricain qui lui a été tendu. « Rira bien qui rira le dernier » ne dit-on pas ? Il semblerait bien maintenant que les Congolais aient fait le choix de ne plus être spectateurs de l’un ou de l’autre humoriste.
La dernière blague des « Sages » du Niari n’a pas fonctionné du tout. Les pseudos Sages reculent sous les invectives et les menaces. C’est évident, le Niari fera école, les autres régions s’apprêtent à gronder également. Les Congolais sont lassés par ces trente années bien sonnées, d’injustices, de cruautés et de souffrances. Un mouvement, une figure ne saurait tarder à poindre pour battre l’appel de toutes les forces, de toutes les composantes ; toutes unies, toutes fédérées pour balayer l’imposture tyrannique.
L’éthique, la morale, la probité seraient le ciment retrouvé de la nation congolaise. Tous tendus vers un seul et même objectif, celui du rétablissement d’une démocratie juste et véritable.
Oui ! Rira bien qui rira le dernier !
Rigobert OSSEBI
Diffusé le 3 avril 2014, par www.congo-liberty.com