L’ONG Save the Children pointée du doigt au Pakistan. Alors qu’en novembre 2012, nous avions indiqué que les grands groupes US partenaires de l’Organisation Non Gouvernementale pourraient avoir tout à « gagner » ou presque d’une stratégie du chaos susceptible d’être menée par les Etats-Unis en vue d’écarter des concurrents bien dérangeants dans des contrées riches en matières premières … Islamabad a fermé de force jeudi les locaux de Save the Children dans la capitale pakistanaise, menaçant de surcroît de s’en prendre « à toute ONG étrangère agissant contre les intérêts du pays ».
« De nombreuses ONG agissent contre le Pakistan et nous nous concertons sur une saisie du Parlement à leur sujet », a par ailleurs déclaré le ministre de l’Intérieur Chaudhry Nisar Ali Khan. Ajoutant que « les organisations non gouvernementales qui travaillent contre l’intérêt national pakistanais ne seront pas autorisées à continuer à opérer au Pakistan », sans toutefois fournir de plus amples précisions sur les organisations qui pourraient être visées.
Rappelons que depuis 2012, Save the Children était particulièrement surveillée par Islamabad, date à laquelle un rapport des services de renseignement locaux avait fait un lien entre l’ONG et Shakeel Afridi, le médecin pakistanais qui a aidé la CIA dans sa traque d’Oussama Ben Laden.
En réponse à cette annonce, le département d’Etat s’est déclaré préoccupé par la répression du Pakistan contre les organisations caritatives internationales. Tout en menaçant à son tour … en indiquant que la connaissance publique des difficultés croissantes pour les ONG de travailler au Pakistan pourrait freiner les efforts des partenaires internationaux pour aider le Pakistan.
Précisons que jeudi soir après l’heure de fermeture des bureaux, des représentants du gouvernement pakistanais ainsi que des policiers ont débarqué au siège de Save The Children, posant un cadenas sur le portail d’entrée et des scellés sur les locaux. Un responsable gouvernemental, Kamran Cheema a indiqué pour sa part à l’afflux ne pas connaître les raisons de cette fermeture. « Nous avons juste reçu un avis de trois lignes du ministère de l’Intérieur disant que les bureaux devaient être mis sous scellés et tous les expatriés retourner dans leurs pays sous 15 jours », a-t-il ajouté. Un responsable du ministère de l’Intérieur a affirmé quant à lui – sous couvert d’anonymat – que l’ONG était impliquée dans des activités antipakistanaises.
Dans un communiqué diffusé de son siège londonien, Save The Children a indiqué ne pas avoir été notifié de cette décision. « Nous nous opposons fortement à cette intervention et nous sommes en train d’exprimer nos graves préoccupations au plus haut niveau, a déclaré l’ONG » dans un communiqué.
« L’ensemble de notre travail est conçu et effectué en collaboration étroite avec les ministères gouvernementaux et il vise à renforcer l’accès aux services publics en matière de santé, de nutrition, d’éducation et de bien-être pour l’enfant, » ajoute par ailleurs l’ONG qui affirme que ses programmes ont bénéficié l’année dernière à 4 millions d’enfants pakistanais et à leurs familles.
Rappelons toutefois qu’après la divulgation du rapport des services de renseignements pakistanais établissant un lien entre Save the Children et le Dr Afridi – et de ce fait, la CIA, les expatriés de l’ONG avaient été contraints de quitter le pays.
L’ONG a quant à elle toujours nié en bloc ces accusations de liens avec le Dr Afridi ou la CIA.
Mais revenons quelques instants sur Save the Children …
Alors que lors du séisme en Birmanie précédent le premier déplacement international de Barack Obama en tant que nouvel élu et suivant de peu l’accord permettant au pays de recourir aux services financiers US, nous laissions entendre ici-même que l’ONG Save The Children (USA ) se trouvait « idéalement » placé pour initier le mouvement d’une invasion humanitaire, ou au tout au moins d’une «occupation » internationale du pays, sous couvert de raisons humanitaires et de maintien de l’ordre … nous avions fait un zoom sur les grands groupes US partenaires de l’ONG, parmi lesquels figurent notamment Goldman Sachs, Exxon Mobil, Propter et Gamble, Unilever, Chevron, Mattel, Johnson & Johnson …
Nous avions commencé tout d’abord par le géant US de l’agro-alimentaire Kraft Foods, estimant que ce dernier pourrait se voir ravi de financer une ONG intervenant dans des pays où sécheresse et inondations mettent en péril – comme à Haïti - la sécurité alimentaire des populations. L’occasion permettant notamment au « laron » d’habituer les populations locales à consommer ses produits, soit dit en passant. A moins que cela ne soit l’un des buts prioritaires ? ….
Alors reprenons tout simplement en français ce qu’indique Save The Children sur son site. Lequel nous indiquait en novembre 2012 que la fondation Kraft Foods était partenaire de Save the Children depuis trois ans, notamment en Italie. Mais surtout en Asie.
« Ces dernières années, Kraft Foods et sa fondation ont apporté du soutien aux programmes d’urgence menés à la suite des désastres naturels survenus aux Philippines, au Bangladesh » – suite au cyclone nous était-il précisé - au Nicaragua et en Honduras - suite aux ouragans - incendies de forêts en Californie et famine en Ethiopie.
Tout une kyriade de catastrophiques climatiques – notons-le au passage - alors que certains programmes militaires et non des moindres sont pointés du doigt – y compris par l’Union européenne - pour influer grandement sur le climat.
Mais l’ONG Save The Children n’est pas le seul organisme américain pointé du doigt pour s’immiscer dans un pays sous couvert de buts plus que louables.
Rappelons nous ce que j’écrivais ici-même en février 2014. A savoir que le Comité national consultatif pour la sécurité intérieure kényan (National Security Advisory Committee/ NSAC) accusait ni plus ni moins l’agence américaine pour le développement international (USAID) d’avoir financé des manifestations de rue visant à déstabiliser le pouvoir.
L’affaire était alors on ne peut plus sérieuse alors que le NSAC, rattaché à la présidence, avait demandé au gouvernement kenyan de convoquer des responsables de l’USAID.
Les enjeux associés ?
En septembre 2013, alors même que le Kenya venait d’être le théâtre d’une attaque terroriste particulièrement meurtrière à Westgate, nous vous indiquions que Nairobi était en train de remettre en cause la suprématie du dollar, en se tournant tout particulièrement vers le yuan chinois. Le Kenya envisageait alors d’héberger une chambre de compensation pour la devise de l’Empire du Milieu au sein de sa Banque centrale; une première sur le continent africain. Ceci pouvant expliquer cela …
En tout état de cause, le NSAC avait alors précisé détenir des preuves selon lesquels l’agence américaine cherchait à affaiblir le gouvernement en faisant appel à des activistes. «Nous sommes en possession de documents et de renseignement crédibles qui prouvent que l’USAID a financé des manifestations», avait ainsi affirmé Francis Kimemia, le patron du NSAC.
Ces propos faisaient suite à des affrontements survenus à Nairobi entre la police et des manifestants se plaignant de la «mauvaise gouvernance» et de la vie chère.
Dans un communiqué publié le 13 février, le gouvernement kényan avait estimé qu’il était «de l’intérêt du pays que l’USAID s’explique sur ces projets de manifestations et réponde à ces informations, en conformité avec les protocoles internationaux». Le ministère des Affaires étrangères kényan avait quant à lui, estimé que le président du comité consultatif, organe sous la tutelle de la présidence, «n’a pas outrepassé son mandat en formulant ces accusations».
En retour, l’ambassadeur américain au Kenya, Robert Godec – tout en rappelant que les Etats-Unis étaient un partenaire solide du gouvernement kényan depuis cinquante ans – avait démenti formellement ces allégations. Ajoutant : «le gouvernement des Etats-Unis, duquel dépend l’USAID , coordonne ses activités au Kenya d’une manière transparente et en collaboration avec le gouvernement de ce pays. Nous avons toujours partagé les informations sur nos programmes avec le gouvernement kényan ».
Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com – 12 juin 2015
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