On en sait un peu plus sur les tentatives d'escroquerie dont a été victime, fin juillet et jusqu'à la mi-août, le ministre français de la Défense. Jeune Afrique révélait en effet début août que des escrocs basés en Israël avaient téléphoné à plusieurs chefs d'État africains en se faisant passer pour Jean-Yves Le Drian.
Les escrocs franco-israéliens qui, se faisant passer pour le ministre, ont tenté d’arnaquer plusieurs chefs d’État africains en leur réclamant entre 5 et 9 millions de dollars chacun afin de contribuer à la libération d’otages français dont la capture aurait été tenue secrète, ont frappé fort.
Ont ainsi été approchés les présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Joseph Kabila (RD Congo), Catherine Samba-Panza (Centrafrique) et Hage Geingob (Namibie).
Encore ne s’agit-il là que de la liste de ceux qui ont pris la précaution de vérifier (comme Bongo Ondimba) ou de faire vérifier (comme Biya, via Martin Belinga, son directeur de cabinet) la véracité de cette histoire en appelant Le Drian.
« Notre crainte est que d’autres soient tombés dans le panneau, soupire-t-on dans l’entourage de ce dernier. Car, dans ce cas, ils n’oseront pas l’avouer. » Le groupe d’escrocs, qui a pratiquement pignon sur rue en Israël, opérait via des numéros de téléphone, des adresses électroniques et des comptes bancaires hong-kongais dont la validité n’excédait pas vingt-quatre heures.
Arnaque à l’israélienne : « Allô président ? Ici Jean-Yves »
Par Jeune Afrique
Des escrocs basés en Israël ont téléphoné à plusieurs chefs d'État africains en se faisant passer pour Jean-Yves Le Drian, afin de leur soutirer des millions d'euros. Le ministre français de la Défense a porté plainte.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a déposé plainte fin juillet auprès du parquet de Paris pour tentative d’escroquerie, après avoir été averti par plusieurs chefs d’État d’Afrique francophone récipiendaires ces dernières semaines d’appels téléphoniques suspects dont il était censé être l’auteur.
L’enquête en cours a déjà déterminé que ces appels étaient l’œuvre d’escrocs imitateurs franco-israéliens basés en Israël, dont le mode opératoire (utilisation de téléphones sans numéro identifiable via une plateforme Voxbone dite de dématérialisation) est bien connu des services de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière, spécialisés dans la traque aux Fovi (faux ordres de virement).
Rançons d’otages
Se faisant passer pour Le Drian, ces aigrefins expliquaient aux présidents africains, sous le sceau du secret d’État, que plusieurs agents des services spéciaux français venaient d’être capturés par des groupes jihadistes. Pour des raisons de confidentialité, la rançon exigée pour leur libération ne pouvait être versée directement par la France mais devait transiter par un pays tiers. Suivait, par e-mail, un numéro de compte d’une banque offshore localisée à Hong Kong. L’argent (plusieurs millions d’euros) devait être prétendument remboursé au prêteur via… l’Agence française de développement !
Fort heureusement, aucun chef d’État contacté (trois ou quatre) n’est tombé dans le panneau. Cette affaire n’a fait que renforcer le courroux des policiers français à l’encontre d’Israël, où des escrocs, parfois condamnés en France, poursuivent leurs activités délictueuses en toute impunité.