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Un rapport européen épingle les pratiques illégales des sociétés occidentales dans l'exploitation forestière au Cameroun (Cameroon Voice)

par Elhadji COLY 21 Août 2015, 07:55 Afrique Pillage UE Multinationales

L'exploitation forestière des pays du bassin du Congo, deuxième poumon de la planète après l'Amazonie, est dénué de tout sens moral.

C'est le rapport « Évaluation de la conformité des documents associés au processus d'attribution de chaque titre forestier en vigueur au Cameroun » qui le met en exergue à travers une série de conclusions rendues par des experts indépendants.

L'audit financée par l'Union Européenne révèle de nombreuses irrégularités dans le processus d'attribution des permis. Aucune entreprise n'est capable de fournir les justificatifs prouvant la légalité de leur activité – soit une vingtaine. Idem pour l'administration camerounaise.

« Aucune entreprise ne peut être considérée comme légale au regard de l'application stricte des grilles de légalité car il n'y a aucun titre dont les documents sont 100 % disponibles et conformes», soulignent les auditeurs.

Donc tout le bois coupé au Cameroun et vendu sur le marché international devrait être logiquement considéré comme illégal si on applique les « grilles de légalité ».

Pourtant la loi stipule bien que « l'attribution d'une vente de coupe ou d'une concession forestière est subordonnée à la constitution d'un cautionnement », les preuves que les entreprises ont déposé auprès du Trésor public cette caution existent pour seulement 3 % des cas.

Le gouvernement est accusé de laxisme sur une pratique qui sévit depuis de nombreuses années. D'ailleurs, le rapport circule depuis maintenant un an sans provoquer pour autant de réaction.

Il semblerait bien que le secteur soit corrompu. En 2008, un ancien forestier a révélé le montant des pots-de-vin payés par les sociétés forestières à des fonctionnaires et responsables du ministère des forêts, en échange des documents nécessaires pour exploiter une forêt : le prix à payer pour truquer le système d'attribution des concessions forestières, par exemple, oscillait entre 220 000 et 760 000 euros.

En 2011, la Commission nationale de lutte contre la corruption (Conac), une structure d'État, a estimé que l'organe chargé d'attribuer les titres d'exploitation forestière était une « organisation artisanale et criminelle ».

Les sociétés à capitaux européens figurent en première ligne dans le banc des accusés, non seulement pour l'absence de document légitimant leur activité, mais aussi dans l'attribution des surface forestière. D'après la loi camerounaise, elle ne doit pas dépasser plus de 200 000 hectares de forêts.

Or, le groupe français Rougier et la société Pallisco, filiale du groupe Pasquet, contrôlent respectivement 625 253 ha et 388 949 ha...

De plus elles tentent de se cacher derrière des labels de certification comme le FSC (Forest Stewardship Council), censé garantir aux consommateurs que le bois qu'ils achètent provient de forêts exploitées de façon durable et que toutes les lois en vigueur sont respectées.

Rougier et Pallisco sont certifiés FSC et on voit bien le résultat...

Malgré la publication de ce rapport, les choses ne semblent pas prêtes d'évoluer tant la corruption semble profondément ancré dans le système.

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