L'ancien journaliste de Libération, Schneidermann, considère qu'Onfray "a pulvérisé Léa Salamé, et écrasé Yann Moix" dans une chronique sur Arrêt sur Images, tout en considérant qu'il adopte une posture de "provocateur anti-bien pensance".
De l'avis général, les deux chroniqueurs de Ruquier, ont été en deçà de tout face à la machine à argumentation d'Onfray.
Or la bien-pensance n'est pas forcément du côté auquel on pense. Les positions ouvertement pro-impérialistes et colonialistes de Salamé et Moix dont le dernier défend de manière inconditionnel le "devoir d'ingérence", les "guerres humanitaires" de BHL rappelant le temps des colonies laissent à désirer. Oui Moix et Salamé se sont fait écraser par la rhétorique et le charisme d'Onfray mais celui-ci avait quelques arguments sérieux à leur opposer.
Le problème avec Onfray c'est qu'il relie son anti-impérialisme et anti-colonialisme à la pensée souverainiste chevènementiste dont il se sent proche politiquement alors que celle-ci est liée à la légitimation de la prédation néocoloniale française en Afrique pourtant dénoncée par Onfray. En continuant à adopter cette position politique ouvertement, Onfray s'enfonce dans le grand écart du relativisme culturel si cher à l'ancien ministre français de la défense Chevènement dont on connaît les maints exemples de la pensée racialiste sur le Cameroun, ou le Centrafrique,... Si Onfray ne se désolidarise pas de Chevènement ou ne s'en montre pas critique pour le moins, alors sa position anti-impérialiste relève de l'imposture tout comme le souverainiste Chevènement qui n'a jamais condamné l'impérialisme français en Afrique et l'a même glorifié.
Enfin, bien sûr, Schneidermann, revient sur la polémique concernant les propos d'Onfray, dans le Figaro, au sujet des migrants qui méritent effectivement un débat critique. Mais on ne peut que déplorer que cette crise des migrants soit instrumentalisée par des politiques et des médias criminogènes pour justifier la recrudescence des bombardements sur le peuple syrien dans une guerre qui a été soutenue et fomentée par ceux-là même qui appellent à présent à des interventions militaires accrues pour des raisons "humanitaires" alors que la véritable raison est profondément colonialiste et criminelle.