Déploiement des forces de l’Alliance Otan en Europe : Offensive sur le front oriental. L’art de la guerre Par Manlio Dinucci Edition de mardi 15 septembre 2015 de il manifesto http://ilmanifesto.info/offensiva-sul-fronte-orientale/ Lu sur Mondialisation.ca
Cinq cents extracommunautaires sont en train de traverser l’Europe : ce ne sont pas des réfugiés mais des soldats étasuniens du 2ème Régiment de cavalerie qui, avec 110 véhicules blindés, sont en train d’avancer depuis leur base en Allemagne vers la Hongrie à travers République Tchèque et Slovaquie, pour « assurer les alliés Otan que l’armée des Etats-Unis est prête, si nécessaire ».
Pour assurer que les forces de l’Alliance puissent « se déployer dans la région orientale de façon rapide et se préparer à des opérations successives » –annonce le secrétaire général de l’Otan Stoltenberg- ont été activés six nouveaux quartiers généraux en Lituanie, Estonie, Lettonie, Pologne, Roumanie et Bulgarie. Et tandis que se termine en Allemagne, Italie, Bulgarie et Roumanie la Swift Response, le plus grand exercice Otan de forces aérotransportées depuis la fin de la guerre froide, commence en République Tchèque la Ample Strike dans laquelle des contrôleurs aériens et des pilotes Otan s’entraînent à l’attaque aérienne. De la base de Geilenkirchen en Allemagne décollent chaque jour des avions radar Awacs pour contrôler non seulement l’espace aérien le long des frontières orientales de l’Alliance, mais le russe puisqu’ils peuvent « voir » à plus de 400 Kms de distance. Le Readiness Action Plan prévoit une série d’activités terrestres, navales et aériennes sur le flanc oriental de l’Otan, dont la « mission de patrouille aérienne sur les Etats baltiques » à laquelle participe l’Italie avec des chasseurs-bombardiers Eurofighter Typhoon.
Ce déploiement de forces sera testé et renforcé par l’exercice Trident Juncture 2015 (3 octobre-6 novembre). Y participeront, en même temps que des unités terrestres et navales, plus de 180 avions de 16 pays Otan et 3 partenaires, dont des avions Awacs qui opèreront depuis Trapani Birgi. Dirigés par le Jfac (Joint Force Air Component) italien, dont le siège est à Poggio Renatico (Ferrare), doté aussi de « capacités de déploiement » pour des opérations aériennes hors de l’aire Otan. Un rôle central dans l’exercice sera joué par le Jfc Naples, commandement Otan (avec un staff de 800 militaires au quartier général de Lago Patria, Naples), qui dirige entre autres les opérations navales en Mer Noire dans une fonction anti-russe. Dirigé par l’amiral étasunien Ferguson – qui est aussi commandant des Forces navales étasuniennes en Europe, des forces navales étasuniennes du Commandement Africa et des Forces Otan au Kosovo- le Jfc Naples, en alternance annuelle avec Brunssum (Hollande), joue le rôle de commandement opérationnel de la « Force de riposte » Otan.
Toutes ces forces et opérations Otan dépendent du Commandant suprême allié en Europe, qui est toujours un général étasunien nommé par le Président (actuellement le général Breedlove). Sous commandement et impulsion étasuniens, l’Otan – qui a déjà englobé tous les pays de l’ex Pacte de Varsovie, trois de l’ex URSS et deux de l’ex Yougoslavie (démolie par une guerre de l’Otan)- avance pour en englober d’autres. A cette fin elle établit des rapports militaires croissants avec le Monténégro, où des navires de guerre Otan font souvent escale dans le port de Bar, et avec la Géorgie, où a été ouvert un centre d’entraînement Otan.
L’Ukraine, où l’Otan entraîne et arme depuis des années des forces néonazies (utilisées pour le putsch de Place Maïdan et ensuite intégrées dans la Garde nationale) et à présent, aussi, les forces armées, participera comme partenaire à la Trident Juncture 2015. Et sous peu recevra la visite du secrétaire Stoltenberg, à laquelle Kiev attribue « une grande valeur symbolique ».
Ainsi d’autres pays de l’Est, attelés à l’Otan, se trouvent liés surtout aux Etats-Unis qui, avec leur politique du « diviser pour régner », sont en train de transformer de nouveau l’Europe en première ligne d’une confrontation militaire non moins dangereuse que celle de la Guerre froide.
Manlio Dinucci
Edition de mardi 15 septembre 2015 de il manifesto
http://ilmanifesto.info/offensiva-sul-fronte-orientale/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.