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"« C'est insupportable », a dit Mary Freeman, une habitante de Sinje Town âgée de 42 ans. « Notre gouvernement doit s'occuper de nous et empêcher ces personnes de nous tuer en silence. Qu'avons-nous fait pour mériter toutes ces souffrances ? Ces terres nous appartiennent. Nous sommes nés ici, nos enfants sont nés ici. C'est le seul endroit que nous connaissons »." Irin
Le refus du gouvernement libérien de reconnaître et respecter les droits fonciers coutumiers des populations rurales menace les communautés locales de déstabilisation et de marginalisation. L'Etat a remis des millions d'hectares à des investisseurs au cours des dernières années. Maintenant, les tensions ne cessent de monter et menacent de dégénérer en conflit à grande échelle.
La récente flambée de violence par des membres de la communauté contre la compagnie d'huile de palme de Malaisie, Golden Veroleum, en présence de représentants de l'État à Butaw, dans le comté de Sinoe, a une nouvelle fois mis en exergue la violence entre les communautés et les multinationales. Une leçon intéressante à retenir de l'incident est que les tensions entre les communautés d'une part, et le gouvernement et les concessionnaires d'autre part se développent, créant ce qui a le potentiel de devenir une bombe à retardement.
Depuis 2010, de graves violences liées à l'appropriation des terres des communautés rurales par des investisseurs ont nécessité la participation des forces de sécurité de l'Etat et ont éclaté dans de nombreuses zones de concession. Maryland, Nimba, Cape Mount, Sinoe, Grand Bassa, Margibi, Rivercess, Monsterrado, Bong - dix des quinze comtés - ont tous signalé des conflits violents liés à la terre (destruction de propriétés valant des millions de dollars, allégations de torture des membres des communauté locales par les forces de sécurité étatiques, séquestrations et d'autres violations des droits de l'homme, ainsi que des meurtres), entre les communautés, les investisseurs et l'État. Pour parler plus crûment : la tension croissante provenant de concessions de terres à grande échelle indique que la violence et la colère collective peuvent devenir une conséquence croissante des opérations d'accaparement des terres dans les communautés d'accueil et des transactions foncières louches.
Une des causes centrales de cette colère et de la violence des communautés locales est l'état de déni du droit foncier coutumier des communautés et des familles. (La grande majorité des Libériens comptent sur un terrain détenu, géré et utilisé selon les normes et les pratiques coutumières pour leur subsistance.) L'échec de l'État à protéger et à défendre les droits fonciers coutumiers des communautés découle d'une pratique de prédation...
Les transactions foncières de Firestone et la crise Fernando Po sont de bons exemples historiques pour illustrer cette manière de procéder. Surtout, ces derniers temps, entre 2005 et 2013, le gouvernement a ratifié ou signé une entente de plusieurs concessions fondées sur l'accaparement des terres à des concessions correspondant à près de la moitié du pays, soit environ 4 millions d'hectares de la superficie du pays, souvent sans consultation adéquate avec des personnes et des communautés vivants de ces terres comme moyen de subsistance. Le refus du gouvernement libérien de reconnaître et de respecter les droits fonciers coutumiers des populations rurales marginalise et déstabilise les communautés locales. Cela a également contribué à la détérioration des conditions de travail et de vie pour les travailleurs et leurs familles dans les enclaves des concessions et à augmenter la méfiance entre les communautés et les investisseurs. En effet, l'accaparement de ces quatre millions d'hectares n'a fait qu'alimenter les violences et les conflits à grande échelle...
Source : Pambazukanews Land grabs in Liberia : The people rise up