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C'est la question que pose en filigrane Philippe Duval dans un article de Mondafrique intitulé "Burkina Faso, le bal des faux-culs" :
"Coup de menton de Hollande...et puis rien François Hollande, qui en octobre 2014, avait fait exfiltrer Compaoré vers la Côte d'Ivoire, condamne fermement le coup de force. La France "ne peut laisser faire", assure t-il mais les deux cent vingt militaires français des Forces spéciales, présents au Burkina dans le cadre de l'opération Barkhane, n'interviendront pas. Ils sont si occupés par leur guerre contre le terrorisme islamiste, qu'ils n'ont d'ailleurs rien vu arriver. Les Américains non plus. Comme l'a révélé le Washington Post, le Burkina est une place forte pour les équipements US. C'est là qu'ils ont installé tout un attirail d'appareils d'écoute, de drones qui leur permet de surveiller toute la sous-région. Mais les grandes oreilles de l'Oncle Sam n'ont pas perçu les signes annonciateurs de bruits de bottes à Ouagadougou. Il y aurait là de quoi s'inquiéter sur l'efficacité de tous ces services de renseignements. Mais à entendre Susan Rice, la conseillère NSA d'Obama, on comprend que l'Amérique n'est pas trop attristée par ce coup d'état. Elle le condamne bien sûr avec la plus extrême fermeté, mais sans attendre que le corps du défunt régime de transition soit totalement refroidi, elle annonce non moins froidement que les Etats-Unis "examinerony la possibilité d'aider au Burkina Faso à la lumière des événements qui se sont passés dans le pays". Larmes de crocodile Du côté de la presse française, on verse aussi beaucoup de larmes de crocodiles sur le régime de transition: "Ca devait arriver, avec des gens qui excluent de la compétition électorale d'anciens barons du régime de Compaoré; qui n'organisent pas d'élections inclusives, qui vont déterrer le cadavre de Sankara", peut-on lire en résumé. Le Burkina fait un petit tour à la Une de l'actualité et puis re-sombre dans l'anonymat. "...
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En effet, Hollande en dépit de sa condamnation du coup d'Etat, a décrété que l'armée française "n'interférerait pas", lançant une sorte de feu vert aux putschistes pour rester au pouvoir. Hollande et les impérial-socialistes ont effectivement soutenu (comme la majorité de la classe politique et médiatique française) le dictateur françafricain Blaise Compaoré qui est probablement derrière le putschiste Diendéré (ancien chef de sa garde présidentielle) depuis la néocolonie française de Côte d'Ivoire. Nonobstant l'exfiltration du dictateur et criminel Compaoré en Côte d'Ivoire, en 2014, par les forces du COS à la demande de François Hollande, ce refus ostensible de ce dernier de défendre plus fermement les institutions de la transition en place au Burkina Faso interpelle. Cela ressemble à s'y méprendre à son action en Centrafrique où il avait refusé de défendre l'accord de transition en laissant les troupes de rebelles de la Séléka marcher sur Bangui et prendre le pouvoir par la force.
Quant à Obama, comme l'écrit très bien Duval, il semble avoir laissé faire. Les services français et étatsuniens très bien implantés et renseignés sur la situation au Burkina Faso n'ont rien vu venir ou ont laissé faire.
Le sort du putschiste Diendéré dépendra non pas de l'Union africaine qui a pris des sanctions mais de la position de la France et des USA qui n'en ont pris aucunes. Ceux-ci peuvent sifler la fin de la partie assez rapidement mais en ont-ils vraiment envie ? Un pouvoir dictatorial criminogène est-il plus favorable aux intérêts français et étatsuniens ?
Si Diendéré réussi son coup sur la durée c'est qu'Hollande et Obama lui auront donné leur bénédiction !