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Migrants: François Hollande, le président sans voix Par Philippe Duval Mondafrique
Sur le drame des milliers de migrants qui se réfugient en Europe, quand ils ne meurent pas en pleine mer, le président français est aux abonnés absents.
On nous bassine et rebassine les oreilles avec la France, "patrie des droits de l'homme". Un thème cher à François Hollande qu'il rebat pour souffler sur les braises du conflit syrien, pour justifier l'intervention sarkozienne en Libye (elle était nécessaire, selon lui) ou en Côte d'Ivoire où selon des confidences récentes, l'ancien président se félicité "d'avoir sorti Gbagbo et d'avoir installé Ouattara" (1). Mais quand des centaines de milliers de migrants, produits des conflits que la France, néammoins "patrie des droits de l'homme", a encouragé ou a été l'acteur central, se pointent aux frontières de l'Europe pour demander de l'aide, le président français est définitivement aux abonnés absents. On n'entend plus que la chancelière allemande Angela Merkel pour réclamer l'instauration de quotas d'accueil par pays, et menacer, maintenant, de remettre en cause l'espace Shengen.
Le jour où plusieurs trains, assaillis par des migrants que la perfide Albion refuse d'accueillir, sont bloqués à Calais, ce président français, qu'on dit désormais en campagne pour une réélection bien hypothétique, se fend d'un communiqué pour affirmer que "tout sera mis en oeuvre pour faire la lumière sur l'incendie" qui vient de faire huit morts à Paris. Il enfonce une porte ouverte puisqu'un suspect est déjà arrêté. Ce qu'on aimerait l'entendre dire, c'est que tout sera mis en oeuvre pour résoudre la crise des migrants. Mais sur ce sujet, il reste sans voix.
Silence assourdissant
Dans le catéchisme des droits de l'homme, il existe pourtant des commandements qui doivent être respectés surtout quand on s'en autoproclame le garant. Mais non, François Hollande reste muet, comme paralysé par ce dossier, dont il sait déjà qu'il va pourrir la prochaine élection présidentielle. Et il garde le cap de son soutien aux fantomatiques rebelles syriens, la fumeuse troisième voix face à Daesh. Sur la Libye, son silence est assourdissant. Sur la Côte d'Ivoire, où des opposants politiques à Ouattara continuent d'être emprisonnés, on ne l'entend jamais. S'il vous plaît, François Hollande, dites et faites quelque chose!
(1) "Deux ans de confidences de Nicolas Sarkozy", ed Flammarion.