La France s'ennuyait, et voici qu'un philosophe la réveille. La "Mutu" va retrouver l'ambiance des grands soirs. Jouez hautbois, résonnez musettes ! La Maison de la mutualité, à Paris, près de la place Maubert (Vè arrondissement), naguère théâtre de congrès, de meetings et de colloques fiévreux, retrouve son lustre grâce à Michel Onfray. Il était temps, car la dernière grande soirée accueillait, en juillet, le Bocuse d'or 2015, "un show culinaire exceptionnel", comme disait le programme.
Cette fois, il ne s'agit plus de tambouille. S'estimant calomnié par la "gauche libérale" et le "politiquement correct", Michel Onfray annonce : "Le 20 octobre, [le journal] "Marianne" loue la Mutualité pour me soutenir". Accusé de faire le jeu de Marine Le Pen, le philosophe explique au "Monde" (20/9) que "ce sont les politiques libérales, de gauche comme de droite, qui ont contribué à ce que le peuple se tourne aujourd'hui vers le Front national. Athée et favorable au mariage homosexuel, je reste un socialiste libertaire". Sur France Culture, il précise : "L'idée est bonne de fédérer les souverainistes des deux bords (...). Nous sommes de gauche. Ceux qui nous traitent de fascistes ne veulent pas penser".
C'est pourquoi le fondateur de l'Université populaire de Caen réunira à la tribune Régis Debray, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Jean-François Kahn, Jean-Pierre Chevènement. Au centre de cet aéropage, il ne pourra plus jouer les martyrs mais devra assurer le rôle de tribun, voire d'homme providentiel. Un nouveau rôle...Les occasions de se planter seront nombreuses. A la recherche d' "un individu au-dessus des partis", Onfray a déjà lâché qu'il pensait à "des gens comme Simone Veil ou Robert Badinter". De quoi donner, en effet, un sacré coup de jeune à la gauche de la gauche...
Mais ne boudons pas notre plaisir ! Les dés roulent. Les maîtres penseurs sont de retour sur l'estrade. A l'affût, les chefs politiques vont devoir relire Sarte et Camus. La philo, les intellos, la Mutu...ça c'est Paris !