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De manière significative, des sources yéménites affirment que les soldats tombés aux côtés des forces des pays du Golfe sont des mercenaires alliés à l'Arabie saoudite appartenant à Al-Qaïda et liés à la milice islamiste. Ces mercenaires sont soupçonnés d'avoir été infiltrés au Yémen après avoir reçu une formation mis en place en Arabie Saoudite.
Étant donné que les États-Unis et la Grande-Bretagne (et la France, ndlr) fournissent ouvertement à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, des avions de chasse, des bombes et de la logistique, l'éventail des forces en présence révèle une triste conclusion : les pays occidentaux travaillent au Yémen en alliance directe avec des mercenaires djihadistes. Pourquoi cette réalité alarmante n'est pas plus facilement divulguée, c'est tout simplement parce que les médias occidentaux masquent la situation au Yémen.
Le Yémen peut donc être considéré comme paradigmatique de la relation secrète entre Washington et ses alliés occidentaux et le rôle que jouent par procuration les groupes terroristes islamistes.
Lors du renversement du gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi à la fin de 2011, les États-Unis et d'autres puissances de l'OTAN (France et Grande-Bretagne, ndlr) ont fourni la force aérienne qui a aidé les groupes djihadistes sur le terrain. Au cours de la guerre en Syrie, les puissances occidentales et leurs alliés régionaux ont canalisé les mercenaires islamistes dans ce pays pour déstabiliser le gouvernement du président Bachar Al Assad et favoriser un changement de régime.
Dans les deux cas, la Libye et la Syrie, les connections occidentales avec les djihadistes sont déléguées et diffuses, permettant de démentir officiellement une telle collusion.
Cependant, ce qui émerge au Yémen c'est que les Etats occidentaux et leurs régimes arabes vassaux sont ouvertement vus sur le terrain au côté du réseau terroriste d'Al-Qaïda.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et dans une moindre mesure la France prétendent qu'ils soutiennent le "gouvernement internationalement reconnu du Yémen". Ils se réfèrent à la marionnette déchue Abed Rabbo Mansour Hadi, qui a fui en exil en Arabie saoudite plus tôt cette année. Le pays a ensuite été géré par le restant de l'armée yéménite et les rebelles Houthis, collectivement appelés «comités populaires».
Le 26 mars, une coalition d'Etats arabes, dirigée par l'Arabie saoudite, et notamment l'Egypte, la Jordanie et les quatre monarchies du Golfe persique du Koweït, du Qatar, du Bahreïn et des Emirats arabes unis, a lancé une campagne de bombardements aériens sur le Yémen. Ces bombardements continuent depuis près de six mois et ont été responsables de plus de 5000 décès. La coalition est instrumentalisée et guidée principalement par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, avec notamment la livraison d'avions de chasse F15, F16, Tornado et Typhoon.
Au cours des dernières semaines, la coalition occidentale sous bannière saoudienne a étendu ses opérations sur le terrain, impliquant jusqu'à 10.000 soldats étrangers basés dans la province yéménite de Marib, à l'est de la capitale Sanaa tenue par les rebelles. Les troupes étrangères principalement arabes ont souffert de lourdes pertes infligées par les Comités populaires yéménites. Jusqu'à 45 soldats émiratis et cinq militaires de Bahreïn ont été tués dans une attaque à la roquette plus tôt ce mois.
Les médias occidentaux ont à peine rapporté l'escalade de la violence au Yémen et la participation de leurs gouvernements aux côtés de l'Arabie saoudite et d'autres forces arabes dans une guerre particulièrement sanglante d'une légalité douteuse contre un pays souverain. La coalition soutenue par l'Occident n'a pas de mandat du Conseil de sécurité de l'ONU pour ses actions, qui constitue donc une agression étrangère.
Ce qui est également occulté par la couverture médiatique occidentale est le fait qu'allié à l'Occident, les forces saoudiennes conduisent leurs guerres avec des mercenaires djihadistes. Cet aspect a, cependant, été rapporté par des agence de presse non occidentales : Saba News, Al Manar et Press TV, entre autres.
Les rapports occasionnels des médias occidentaux affirment que les extrémistes islamistes gagnent du terrain au Yémen dans le chaos perpétré par les forces de la coalition arabe soutenues par l'Occident qui luttent contre les rebelles Houthis. Un article du New York Times en avril titrait : "La guerre au Yémen permet au groupe d'Al-Qaïda de se développer". Alors que l'agence Reuters relatait à la fin juin que dans "le chaos au Yémen, l'Etat islamique rivalisait avec Al-Qaïda".
Cependant, les sources yéménites révèlent un scénario tout à fait différent que celui d'une simple conséquence accidentelle. Elles déclarent que les groupes islamistes sont activés et fournis par la coalition saoudienne soutenue par l'Occident pour aider à poursuivre la guerre de contre-insurrection contre les rebelles. Les Comités populaires des rebelles appellent à un gouvernement démocratique pluraliste au Yémen, ce qui marquerait un changement dramatique par rapport aux décennies de dictatures soutenues par l'Occident et l'Arabie saoudite dans le pays...
...Des rapports des médias occidentaux ont néanmoins reconnu au moins une relation tacite entre la coalition soutenue par l'Occident et les mercenaires djihadistes. Tant le Washington Post et le New York Times ont noté comment, au cours des six derniers mois, la coalition saoudienne assistée par l'Occident dans ses bombardements n'a pas une seule fois ciblée Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP) ou l'État islamique (EI).
Ainsi, un article du Wall Street Journal en date du 10 septembre admet même que les forces militaires arabes collaborent avec les djihadistes en poussant une offensive conjointe contre les rebelles. Toutefois, le WSJ minimise l'importance de cette coopération militaire comme étant un arrangement pragmatique transitoire.
Néanmoins, une telle collaboration correspond à un modèle vu ailleurs au Yémen, où les forces aériennes soutenues par l'Occident (et Israël, ndlr) ont, selon des sources yéménites, parachuté des munitions et d'autres fournitures aux groupes terroristes d'Al-Qaïda.
La même tendance a été identifiée en Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a révélé la semaine dernière que la coalition menée par les USA contre le soi-disant Etat islamique (EI) dans ce pays s'est - sous les instructions du commandement US - souvent abstenue d'attaquer les bases de l'EI. Lavrov a souligné que l'évitement de frappes aériennes contre le présupposé «ennemi terroriste» indique que les USA ne sont pas sérieux au sujet de ses prétentions à vaincre le groupe EI. Le diplomate russe en a déduit que l'objectif de la coalition menée par Washington en Syrie est vraiment destinée à infliger des dommages aux forces gouvernementales d'Assad...
...Dans une interview avec Al Jazeera, en date du 29 juillet, L'ancien directeur étatsunien de la DIA. le lieutenant Général Michael Flynn, a déclaré que Washington a pris la "décision délibérée" de promouvoir les djihadistes islamistes comme un moyen de poursuivre le changement de régime en Syrie dès 2012. En d'autres termes, ce qui plus tard a évolué en groupe terroriste de l'EI est une création de Washington émanant de sa stratégie géopolitique illicite au Moyen-Orient...
Source : Strategic Culture Foundation West’s Proxy Jihadist Terror Network Uncovered in Yemen