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Bilans des premières frappes aériennes russes en Syrie

par Valentin Vasilescu 3 Octobre 2015, 17:41 Russie Syrie Bombardements Bilan EI Al-Quaïda Al-Nosra Terrorisme

Bilans des premières frappes aériennes russes en Syrie

Les frappes aériennes des russes ont été, jusqu’ici, limitées à une zone s’étendant à 50-55 km autour de la ville de Jableh, dans le gouvernorat de Lattaquié, siège de la base aérienne russe. Les objectifs qui ont été visés dans les gouvernorats de Lattaquié, d’Idlib (nord de Lattaquié), Hama (est de Lattaquié) et Homs (au sud-est de Lattaquié), étaient des colonnes de véhicules blindés, ou non, les dépôts de carburant (afin de limiter les manœuvres des rebelles islamistes), les dépôts de munitions, (pour limiter la puissance de feu des rebelles islamistes), les centres de commandement et de communication (pour limiter la coordination des actions des rebelles islamistes).

La Russie a réalisé des progrès indéniables, dans la dernière décennie, en ce qui concerne les nouveaux types d’aéronefs, tels que le Su-34 (présents en Syrie) et la modernisation d’avions et d’hélicoptères déjà existants, comme les Su-24M2, Su-25SM3, Su-27M, Il-20 M1, Mi-24PN, Mi-35M, Mi-8AMTSh, présents également en Syrie. La précision des frappes des cibles terrestres par l’aviation russe a atteint, ces dernières années, un niveau proche de celle de l’aviation américaine, grâce à la généralisation des armes guidées par rayons laser par caméra Tv.

Quels étaient les objectifs ciblés par les premières frappes aériennes russes en Syrie ?

Théoriquement, après ces premières frappes aériennes, devrait suivre une offensive terrestre des forces armées syriennes dans les provinces d’Idlib, Hama et Homs. Pour être couronnée de succès, cette offensive nécessite la livraison par la Russie d’une quantité additionnelle de munitions, en particulier des munitions intelligentes, comme des projectiles d’artillerie cal. 122 mm Kitolov-2M et cal. 152 mm Krasnopol M, des systèmes de missiles antichar Kornet D et Khrizantema, tous guidés par faisceau laser.

C’est seulement à ce moment-là que commence la partie difficile de la mission de l’Aviation russe en Syrie. Pour liquider les points d’appui des rebelles islamistes et faciliter la progression des troupes syriennes, les avions russes effectueront des missions de soutien rapproché (close support). Dans une région où la ligne de contact se modifie sans cesse, l’opération nécessite une coordination parfaite dans le temps et dans l’espace, et un maximum de précision, pour ne pas être touché par les troupes syriennes.

Ces missions ne peuvent pas être exécutées par des bombes, et rarement avec des missiles antichar, mais plutôt avec des blocs de projectiles réactifs UB 16/32 cal. 57 mm (PRND) et le canon embarqué. Le procédé consiste à lancer une salve de PRND, en piqué avec un avion Su-25, à partir d’une altitude de 1 000-3 000 m, avec le soutien d’hélicoptères russes Mi-24PN, Mi-35M, avant d’exécuter la chasse aux cibles (blindés, points d’appui et pièces d’artillerie) sur la direction des unités offensives syriennes.

Le problème est que, à une altitude inférieure à 5 000 m, les avions et les hélicoptères russes sont vulnérables aux missiles portatifs, et en dessous de 3 000 m, ils sont vulnérables aux canons de calibre 23 mm et 30 mm, dont sont pourvus les rebelles islamistes.

Un autre inconvénient est que le détachement d’avions déployés par les Russes en Syrie est très limité numériquement (34-40 avions et 34 hélicoptères). Cela équivaut à celui des membres de la coalition d’anti-ISIS, sans les États-Unis. 75 % des vols et des bombardements contre l’EI, ont été faits par l’aviation américaine. Cependant, le fait est que, pour mettre l’armée syrienne en situation de gagner, les frappes d’objectifs terrestres exécutées par l’aviation russe, pour un résultat décisif, doivent viser des milliers de cibles. Et leur neutralisation nécessite beaucoup de temps.

Un autre inconvénient du moment pour les Russes, c’est qu’ils opèrent à partir d’une seule base aérienne en Syrie, celle de l’aéroport de Lattaquié qui dispose de peu de plateformes pour abriter les avions et pour stocker les munitions. La coalition anti-ISIS dirigée par les Etats-Unis dispose de bases aériennes en Turquie, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis et le Qatar, deux au Koweït et six en Arabie Saoudite. Ils peuvent, en cas de besoin, utiliser les bases aériennes de Jordanie et d’Israël.

Un avantage est que contrairement aux Etats-Unis, la Russie dispose en Syrie d’un mécanisme de collecte et de traitement de l’information bien meilleur, grâce à la coopération avec l’armée syrienne dans les combats en temps réel sur le théâtre des opérations. Cette coopération rend plus efficace le système russe de commandement automatisé de très haute technologie de type C4I, qui permet de répartir automatiquement les cibles détectées par les structures de recherche (drones tactiques et opérationnels, avions ELINT, hélicoptères de surveillance et d’attaque), vers l’aviation russe, les blindés ou les pièces d’artillerie syriennes selon leur rayon d’action.

La Russie a créé en Syrie un redoutable système de collecte et de traitement de l’information

Valentin Vasilescu

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