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Daesh financé par la manne pétrolière : après Capital de M6, le FT enfonce le clou Par Elisabeth Studer Blog Finance
Si en juin dernier, le magazine Capital de M6 laissait entrevoir que le financement de Daesh ou Etat islamique voire même tout son système économique étaient fortement liés à la manne pétrolière, le Financial Times lui emboîte désormais le pas.
Selon le journal anglo-saxon, l’organisation pourrait ainsi dégager autour de 500 millions de dollars par an, grâce à l’exploitation du pétrole. Les frappes aériennes de la coalition internationale ne changeant rien à l’affaire.
Au terme d’une vaste enquête, les journalistes du Financial Times ont pu ainsi établir que Daesh gère ni plus ni moins qu’une véritable compagnie pétrolière, générant l’essentiel de ses revenus de l’exploitation de l’or noir. Des conclusions auxquelles les investigations de M6 avaient également permis d’aboutir.
Selon le Financial Times, Daech produirait ainsi entre 34 000 et 40 000 barils de brut par jour sur le territoire qu’il contrôle, en Syrie et en Irak. Sur un an, les revenus pétroliers avoisineraient l’équivalent de 440 millions d’euros.
Contrairement au mouvement terrorriste Al-Qaida, financé grâce à de riches donateurs extérieurs et grâce aux rançons de ses prises d’otage, l’organisation Etat islamique peut dégager les ressources dont elle a besoin sur son propre territoire, déclare ainsi le FT. Mieux encore – et comme ses confrères de Capital – le journal qualifie ses méthodes de professionnelles. Il ne s’agit ni plus ni moins que du business à grande échelle, une méga-entreprise dont l’activité serait la vente de pétrole low-cost , laissaient entendre quant à eux les journalistes de M6.
Le Financial Times rapporte en effet que Daech procède à des opérations massives de recrutement de personnel qualifié – ingénieurs, formateurs, managers – en vue de développer son secteur économique leader, devant le racket ou le commerce des antiquités.
Selon le quotidien, l’organisation Etat islamique profite par ailleurs de sa situation de monopole dans les régions qu’elle contrôle, mais aussi sur le territoire de ses ennemis. Elle fournit ainsi le carburant nécessaire aux tracteurs, aux groupes électrogènes des hôpitaux ou encore aux machines qui servent à dégager les victimes des débris.
Dans un reportage intitulé « Daesh, Etat islamique : D’où proviennent les milliards des barbares ? » , le magazine présenté par François-Xavier Ménage sur M6 tentait quant à lui en juin dernier de décortiquer à sa manière le modèle économique de l’organisation terroriste et de découvrir les origines diverses de ses ressources, estimées à près de 2.000 milliards de dollars. Tout de même …
Habitué à traiter des entreprises et des divers modèles économiques, M6 avait donc choisi d’appliquer les outils de « Capital » pour analyser le modèle Daesh. Et donc de parler de ce qui constitue une véritable fortune. Le magazine précisait alors que Daesh vend des barils entre 18 et 23 dollars, c’est-à-dire près de trois fois moins chers que les autres. Ce pétrole quittant de manière illégale la Syrie ou l’Irak pour emprunter par la suite des voies qui le conduisent en Europe.
Si le pétrole figure en très bonne place parmi ses sources de revenus, « ce poste de ressources est maintenant concurrencé par les taxes et les extorsions qui prolifèrent à tout va chez Daesh », selon les termes mêmes de François-Xavier Ménage, le présentateur de (« Capital »). Indiquant à titre d’exemple le chiffre de 50% de taxes sur les salaires de certains fonctionnaires à Mossoul en Irak.
En dehors des revenus pétroliers, le reportage démontrait également à partir d’une enquête de plus de quatre mois sur le sujet, réalisé par le journaliste Eric Declemy, que derrière le caractère très médiatisé de la destruction d’oeuvres d’art se cache un vaste système de contrebande de pièces inestimables loin d’être toutes endommagées.
Le magazine nous éclaire également sur le fait que l’économie de Daesh fait preuve d’une très bonne organisation autour de la gestion de production pétrolière. Le reportage mettait ainsi en avant le fait que l’Etat Islamique s’est fixé pour objectif de dégager des rendements deux fois supérieurs à ceux obtenus dans les champs de pétrole avant qu’ils en prennent possession.
Comme l’indique François-Xavier Ménage, Daesh veut du rendement et ses dirigeants sont même prêts, d’une certaine façon, à casser leurs outils de production pour ça. Productivité à outrance …. Le journaliste considère également que l’Etat islamique est très bien organisé dans ce domaine, ses membres connaissant très bien la filière. Cerise sur le gâteau, on y retrouve un véritable organigramme avec des ministres, des personnes en charge du budget …. Pétrole, dollar, productivité, un modèle au final pas si éloigné des méthodes capitalistes des majors pétrolières, sachant que cette fois-ci, il s’agit de faire du low-cost avec des mercenaires payés à moindres frais que sont les terroristes ….
Sources : M6, France Info, Puremedia, Financial Times