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Medhi Ben Barka : le dernier secret Par Patricia Neves Marianne.net
Comment l'opposant marocain qui gênait tant la monarchie chérifienne et les Etats-Unis a été éliminé grâce à des complicités françaises.
Devant la brasserie Lipp, à Paris, dans le très chic Saint-Germain, une voiture s'est discrètement garée. A l’intérieur, deux officiers de police : des anciens de la gestapo française. Ils sont sur un gros coup. Le roi du Maroc, Hassan II, comme l'avouera plus tard le propre général de Gaulle, a donné l’ordre d’enlever son ancien précepteur, Medhi Ben Barka, devenu l’un des opposants socialistes les plus dangereux du royaume. Les deux officiers français s’exécutent. Il est bientôt midi et demi, ce 29 octobre 1965, lorsque Medhi Ben Barka, pourtant méfiant, accepte de monter dans leur voiture. Plus personne ne le reverra.
Cinquante ans plus tard, l’affaire Ben Barka reste l’un des secrets de la diplomatie franco-marocaine les mieux gardés. Digne d’un polar, le scénario de son enlèvement masque une réalité autrement plus troublante, comme le démontre le documentaire haletant, le Dernier Secret, diffusé demain soir sur France 5. Car Ben Barka n’inquiétait pas seulement le monarque marocain.
Figure montante du tiers-mondisme, il présidait, à l’époque, le comité préparatoire de la Conférence tricontinentale qui devait réunir, pendant plus d’une semaine, en janvier 1966 à la Havane, les militants révolutionnaires de plusieurs continents. Si l’Amérique Latine et l’Asie avaient trouvé en Che Guevara et Hô Chi Min leur chef de file, l’Afrique devait encore trouver un visage. Celui de Ben Barka, qui aurait pu y incarner le mouvement s’est éteint avant même d’y parvenir.
C’est là l’intérêt du Dernier Secret, qui donne longuement la parole aux différents acteurs de l’affaire : revenir sur cet aspect inconnu de l’histoire et notamment sur les manœuvres de la CIA qui loin d’avoir déploré l’étrange disparition de Ben Barka l’aurait secrètement encouragé...