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Syrie : les Russes ont frappé des rebelles formés par la CIA (AFP)

par AFP 1 Octobre 2015, 16:24 Russie Syrie USA CIA Rebelles Bombardements Islamistes

Pour son dispositif militaire en Syrie, l'armée russe a déployé cinquante avions et hélicoptères, ainsi que des troupes d'infanterie et des parachutistes.

Les premiers bombardements russes en Syrie de mercredi ont visé des rebelles entraînés et financés par la CIA notamment pour combattre le groupe État islamique, a affirmé l'influent sénateur américain John McCain. « Je peux absolument confirmer que ces frappes visaient l'Armée syrienne libre ou des groupes qui ont été armés et entraînés par la CIA », a affirmé jeudi matin le sénateur sur la chaîne de télévision CNN. Un groupe de rebelles syriens soutenus par les États-Unis - Souqour al-Jabal - dit avoir été pris pour cible par l'aviation russe.

L'armée russe a déployé plus de 50 avions et hélicoptères, ainsi que des troupes d'infanterie de marine, des parachutistes et des unités de forces spéciales pour son dispositif militaire en Syrie, a indiqué jeudi le ministère de la Défense cité par l'agence Interfax. C'est la première fois que Moscou confirme officiellement l'ampleur de l'engagement militaire en Syrie, dans le port syrien de Tartous où l'armée russe dispose d'installations logistiques, et surtout à l'aéroport de Lattaquié où elle a construit une base militaire.

Un QG des groupes terroristes frappé

Une seconde vague de bombardements a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, selon Moscou, qui a confirmé de nouvelles frappes nocturnes en Syrie sur quatre positions du groupe État islamique (EI) dans les provinces d'Idleb, Hama et Homs. « L'aviation russe a conduit quatre frappes aériennes cette nuit contre quatre positions de l'État islamique sur le territoire syrien », indique le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Au cours de ses 8 sorties aériennes, les Sukhoi-24 et 25 de l'armée russe ont notamment détruit « un quartier général des groupes terroristes et un stock de munitions dans la zone de Idleb », ainsi qu'un atelier de confection de voitures piégées au nord de Homs.

Jeudi, une source de sécurité syrienne indiquait que des positions d'Al-Qaïda et des rebelles islamistes dans les provinces d'Idleb (Nord-Ouest) et de Hama (Centre) avaient également été touchées. « Quatre avions de combat russes ont visé des bases de Jaich al-Fatah (« l'Armée de la conquête ») à Jisr al-Choughour et à Jabal al-Zawiya », dans la province d'Idleb, a indiqué cette source. Ils ont « frappé aussi des positions de groupes armés, des bases et des dépôts d'armes à Hawach dans la province de Hama », selon elle.

Les Russes ont-ils visé l'EI ?

« L'Armée de la conquête » regroupe notamment le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, et des groupes islamistes comme Ahrar al-Cham. Un membre de cette coalition a tweeté que « l'aviation de la coalition regroupant les porcs russes » et le régime avait « rasé une mosquée à Jisr al-Choughour ». Al-Nosra et Ahrar al-Cham combattent le régime de Bachar el-Assad, mais également l'organisation État islamique (EI) que Moscou affirme vouloir frapper en Syrie.

L'aviation russe avait mené mercredi ses premières frappes aériennes dans ce pays à la demande du président Assad. Les Occidentaux et l'opposition syrienne en exil ont émis des doutes sur le choix des cibles, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter jugeant que les frappes n'avaient « probablement pas » visé les djihadistes de l'EI. La télévision officielle syrienne a confirmé des bombardements dans les provinces de Hama (Nord-Ouest) et Homs (centre). Mais selon le chef de l'opposition syrienne en exil Khaled Khoja, qui était à New York, les frappes de Homs ont tué 36 civils « innocents » dans « des zones qui ont combattu » l'EI.

Des accusations que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rejetées, évoquant des doutes « infondés ». La Russie a affirmé qu'elle combattait le groupe État islamique et « les autres groupes terroristes ». Parallèlement, Américains et Russes sont tombés d'accord pour se réunir d'urgence après l'entrée en scène des Su-24 et Su-25 russes dans le ciel syrien. L'enjeu : un minimum de coordination et de dialogue pour éviter des incidents entre avions de chasse. L'espace aérien syrien est en effet désormais encombré, entre les missions aériennes des pays de la coalition menée par les États-Unis, les raids réguliers de l'armée syrienne et désormais les bombardiers et les avions d'attaque au sol de l'aviation russe déployés en septembre sur une base construite dans l'aéroport de Lattaquié, le fief pro-Assad du nord-ouest de la Syrie.

Des rumeurs infondées

Plus conciliant, John Kerry a déclaré devant le Conseil de sécurité que Washington était disposé à « bien accueillir » le recours à la force aérienne russe, à condition de viser « réellement » l'EI et Al-Qaïda. Après avoir rencontré à l'ONU pour la troisième fois en quelques jours son homologue américain John Kerry, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a balayé d'un revers de la main les doutes et accusations du Pentagone, de la diplomatie française et du chef de l'opposition syrienne en exil, Khaled Khoja, selon lesquelles les pilotes russes n'avaient pas visé les djihadistes de l'EI.

« Les rumeurs indiquant que les objectifs de ces frappes n'étaient pas l'EI ne sont en rien fondées », a-t-il déclaré, ajoutant n'avoir « aucune information » concernant d'éventuelles victimes civiles et assurant que l'aviation russe « s'efforçait de procéder à des frappes précises ». Le ministère russe de la Défense avait annoncé mercredi soir avoir procédé à 20 sorties aériennes pour détruire 8 cibles sur les positions de l'État islamique conformément à la stratégie édictée par Vladimir Poutine : prendre les « terroristes » de vitesse et détruire leurs positions en Syrie, avant qu'ils ne viennent « chez nous ».

Sergueï Lavrov a indiqué avoir « en toute honnêteté » dit à son homologue américain que la Russie intervenait, à la demande de la présidence syrienne, pour combattre « exclusivement l'État islamique et les autres groupes terroristes ». Il a par ailleurs demandé aux Américains de fournir les « preuves » qui fondent leurs craintes sur le choix des cibles. Les deux hommes doivent se rencontrer et organiser une réunion militaire pour éviter tout incident entre leurs forces armées respectives.

Seule option militaire envisagée par les Russes

Mais la différence d'appréciation qu'ont les Russes et les Occidentaux des « terroristes » à abattre était de toute façon inévitable. Les Européens, les Arabes et les Américains font le distinguo entre le groupe État islamique, ou le Front al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie, et les rebelles modérés qu'ils soutiennent. Pour Moscou, tout opposant armé au régime de Bachar el-Assad est un « terroriste ». Le malentendu devrait donc durer. L'accélération de l'engagement de Moscou s'inscrit sur fond d'opposition radicale entre Barack Obama et Vladimir Poutine sur le sort à réserver à Bachar el-Assad, « tyran » pour le premier et rempart contre l'EI pour le second. La Russie intervient aussi loin de son territoire pour la première fois depuis 36 ans : en 1979, il s'agissait pour les troupes soviétiques d'envahir l'Afghanistan. Elle rappelle ainsi qu'elle est un soutien indéfectible au président syrien, toujours au pouvoir après plus de quatre ans d'une guerre qui a fait plus de 240 000 morts.

Le président russe a justifié ses opérations en Syrie, comme étant le « seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international ». Il a en outre affirmé que les bombardements, seule option militaire envisagée par la Russie pour l'instant, étaient conformes au droit international. Parallèlement, le maître du Kremlin a appelé son allié, le président syrien au « compromis » avec l'opposition tolérée par Damas.

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