Le président zigzag est de retour. Cette fois, c'est sur le terrain diplomatique que François Hollande déploie son art du virage sur l'aile. Le 22 octobre, il commente ainsi le projet de référendum imaginé par le président du Congo : Denis Sassou Nguesso "a le droit de consulter son peuple". Le très démocratique chef d'Etat, qui a cumulé trente et un ans de pouvoir en 1979, entend ainsi faire approuver par "son peuple" une révision constitutionnelle lui permettant de prolonger encore et encore son mandat.
Le 23 octobre, crochet intérieur du même Hollande : il rappelle cette fois, dans un communiqué qu'il "soutient la liberté d'expression" et qu'il a "souhaité, lors de son discours prononcé à Dakar, le 29 octobre 2014, que les Constitutions soient respectées". A Dakar, le Président réagissait surtout aux évènements du Burkina. La rue venait de virer, après vingt-sept ans de présidence, Blaise Compaoré, qui ambitionnait, lui aussi, de réviser la Constitution pour prolonger son règne. Auparavant, le même type de projet avait soulevé le peuple au Niger (2009) et au Sénégal (2012), chassant du pouvoir le Président. Par la suite, il a mobilisé aussi les Béninois (fin 2014), les Zaïrois (RDC, ndlr) et les Burundais (été 2015) avec, dans le dernier cas, un début de guerre civile.
Au Congo, la "liberté d'expression" est en marche. Le 27 octobre, Brazzaville a proclamé les résultats : 93% de suffrages en faveur du changement de Constitution, synonyme de prolongation illimitée de Sassou ! Malgré des manifs massives aux cris de "Sassoufit !" dans les grandes villes (4 morts selon le pouvoir, 30 selon l'opposition) et malgré des chiffres incertains de participation : 72% officiellement, 10% d'après les opposants. Une désertion confirmée par les observateurs et médias internationaux.
L'important est que la démocratie triomphe. Avec l'aide de la France...
* Journal satirique français