Selon un journaliste spécialiste de la péninsule arabique à RFI, la France soutient la coalition saoudienne qui bombarde depuis 9 mois le Yémen.
Olivier Da Lage (à 3'28" de la vidéo ci-dessous) :
" Il y a de toute façon de nombreuses choses à discuter notamment la lutte contre l'Etat islamique / Daesh dans laquelle une coalition auxquelles appartiennent à la fois la France et l'Arabie saoudite sont engagées avec des efforts de la part de l'Arabie saoudite qui sont disons relativement modestes au regard de ce qu'ils font au Yémen par exemple. "
Question :
"Justement au Yémen où en est la situation et quelle est l'attitude actuellement de l'Arabie saoudite ?"
Olivier Da Lage :
"Ce que l'on ne voit pas c'est la politique saoudienne, les buts de guerre or il commence à avoir de la contestation devant cette guerre qui a fait plus de 5000 morts dont de nombreux civils, des destructions du patrimoine yéménite très très ancien et une absence totale de politique en vue.
La France de même que les Etats-Unis soutiennent l'action de l'Arabie saoudite au Yémen. Elles l'ont faites par un vote au conseil de sécurité (de l'ONU) et il y a des conseils militaires qui sont donnés par les Français et les Américains aux Saoudiens dans leurs bombardements et jusqu'à présent on n'a pas beaucoup entendu de conseil de modérations de la part des Français ni des Américains en tous cas pas en public alors même que l'on sait parfaitement que ni la France ni les Etats-Unis ne sont convaincus par les raisons avancées par les Saoudiens pour mener cette action au Yémen."
Source : Vincent Parlier
Ces propos d'un éminent journaliste de RFI sur le conseil militaire fourni par les Français aux Saoudiens dans leurs bombardements criminels de la population yéménite ne sont pas sans rappeler les informations données par "Mondafrique" sur la présence de forces spéciales françaises au Yémen.
"Depuis quelques jours, venus de Djibouti et d’Abu Dhabi, où ils ont des bases permanentes, des soldats des Forces Spéciales tricolores appuient leurs collègues saoudiens à la frontière avec le Yémen. On trouve donc, dans cet engagement, des membres de la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère implantée à Zayed Military City, à 65 km d’Abou Dhabi. Quant aux militaires venus de Djibouti ils appartiennent au 5e Régiment interarmes outre-mer (5e RIAOM)"
Les Forces spéciales françaises interviennent au Yémen (Mondafrique)
Lorsque l'on sait que l'Arabie saoudite est en collusion avec l'EI et Al-Quaïda sur le terrain au Yémen, on est en droit de se demander au côté de qui combattent les forces spéciales françaises au Yémen ?
Le Monde du 13 juin 2015, révélait que "le seul aéroport (du Yémen, ndlr) à ne pas avoir été bombardé par la coalition arabe (menée par l'Arabie saoudite et soutenue par la France et les USA, ndlr) est celui de Moukalla, sur la côte orientale, une ville sous le contrôle des djihadistes d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA)".
Enfin selon Fars News Agency, l'Arabie saoudite livre le contrôle de la ville d'Aden à ses mercenaires de l'Etat islamique : "Selon le site d'information iranien, Fars News Agency, des sources locales au Yémen ont révélé dimanche que Riyad avait transféré le contrôle de la ville stratégique portuaire du sud du Yémen d'Aden aux groupes terroristes takfiri qu'il soutient, principalement l'Etat islamique (EI). Les déploiement des milices Takfiris dans différentes régions d'Aden est soutenu par l'Arabie saoudite pour contrôler le siège militaire et la sécurité dans la région."
Plus récemment, le 27 octobre, Sputniknews précisait que plus de 500 membres de l’Etat islamique ont été transférés de Syrie vers le Yémen par des avions turcs, selon le général de brigade Ali Mayhub.
« Selon les données des services de renseignement, le 26 octobre, quatre avions en provenance de Turquie et après avoir fait escale en Syrie sont arrivés au Yémen, dont deux appartiennent à Turkish Airlines, un au Qatar et un aux Emirats Arabes Unis. Il y avait plus de 500 combattants de l’organisation terroriste Etat islamique à bord des avions, ils ont été transférés de Syrie afin d’échapper aux frappes russes », a précisé Ali Mayhub. Selon ce dernier, un des deux avions servant au transfert appartenait à la Turkish Airlines et l'autre était un avion qatari.
Or ces déplacements si ils étaient confirmés n'ont pu se faire sans l'assentiment de la coalition saoudienne dirigée par les Etats-Unis ainsi que la France, la Grande-Bretagne et Israël.
La France combat-elle l'EI en Syrie et ferme-t-elle les yeux sur les connivences saoudiennes au Yémen ? N'était-ce point Al-Quaïda au Yémen qui avait revendiqué les attentats contre Charlie Hebdo et à la Porte de Vincennes en janvier 2015 qui selon l'article du Monde du 13 juin de la même année aurait été épargné par la coalition saoudienne soutenue et conseillée militairement par la France et les Etats-Unis ?
La lutte française contre le terrorisme djihadiste est-il à géométrie variable en fonction du lieu où elle s'exerce ? Et in fine, est-elle un jeu de dupes ?