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Il y a le journalisme de convenance et de connivence, celui qui sait où il ne doit pas trop s'aventurer et les confins qu'il faut ignorer lorsque l'on interview un homme politique de premier plan si on veut poursuivre sa carrière dans le P.A.F. Léa Salamé, journaliste à France inter, en fait sans aucun doute partie. Samedi, lors de l'interview du premier ministre, Manuel Valls, dans l'émission ONPC, elle ne s'est guère montrée très critique au grand dam de l'humoriste Jeremy Ferrari qui fulminait dans son coin. Hormis quelques piques eu égard au programme de "déchéance de nationalité" soutenue par le gouvernement Valls, elle ne s'est guère aventurée sur le chemin de la politique étrangère trouble de Manuel Valls toujours prompt à donner des leçons de moral alors que lui même navigue en eaux troubles.
C'est sans doute ce qui a poussé l'humoriste à faire le travail d'un journaliste critique en poussant Valls dans ses retranchements et l'obligeant à sortir des sentiers battus. Après l'avoir interrogé sur la présence du dictateur françafricain Bongo à la marche du 11 janvier commémorant les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, Valls a été obligé de reconnaître qu'Ali Bongo avait été très mal élu ("pas élu comme on l'entend") sous entendant qu'il n'avait pas été élu démocratiquement. Résultat des courses, le Gabon du très françafricain Ali Bongo a rappelé, dès le lendemain, son ambassadeur à Paris ; un incident diplomatique que le janus Valls et ses services se sont empressés ensuite de réparer (LdC Après les critiques de Valls contre Bongo, l'opération déminage de Matignon ; Mediapart Les réseaux africains de Manuel Valls ).
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Jeremy Ferrari, simple humoriste, a réussi à montrer la duplicité d'un Valls qui est un habitué des réseaux françafricains et convole avec les pires dictateurs françafricains installés et soutenus par la France que ce soit Ali Bongo ou bien Idriss Déby, en toute connaissance de cause. Et qui pour l'évènement, a du se désolidariser de la clique françafricaine dont il est coutumier pour donner l'impression d'une droiture dans ses engagements politiques devant le grand public. Un double jeu hypocrite révélé au grand jour dans une émission de divertissement.
Léa Salamé, comme la majorité des journalistes français, n'a guère l'habitude d'aborder ces sujets de collusions scabreuses entre une grande partie de la classe politique française élue et les kleptocrates françafricains du pré-carré francophone africain qui soutiennent l'économie française au grand dam de leur propre peuple. Un scotome de la République qui a été abordé par Ferrari. Celui-ci, en tant qu'humoriste, n'a pas hésité à évoquer le tabou médiatique ultime en France : faire le lien entre politique étrangère et politique intérieure en abordant les liens entre le terrorisme en France et la politique scandaleuse soutenue par le tandem Valls-Hollande en Syrie et le duo infernal Fillon-Sarkozy en Libye. Valls mis à mal en direct (voir la vidéo ci-dessus) va brandir la carte malienne tout en reconnaissant pour partie que si la France est intervenue au Mali c'est aussi pour défendre ses intérêts miniers dans le Niger voisin riche en uranium (voir la vidéo ci-dessus). Derrière le prétexte terroriste, il y avait aussi les intérêts français à défendre en Afrique. Et l'on ne dira pas non plus que la flambée terroriste est liée à la destruction de la Libye de Kadhafi par la France et ses alliés tandis que le nord du Mali (contrairement à ce qu'annonce Valls dans l'émission) regorgerait de richesses minières (pétrole et gaz). Un grand moment de télévision où un premier ministre est confondu tandis que la journaliste de service est à la ramasse sur des questions fondamentales. As usual dans le P.A.F...
On notera que le bouffon du P.A.F, Ruquier travaillant sur Europe 1 pour le marchand d'armes Lagardère, l'écrivain cire-pompe de service, Moix, et Léa Salamé, journaliste de connivence sur France inter vont aussitôt minimiser les questions de Ferrari en les mettant sur le compte de son jeune âge et en le comparant à Balavoine. On ose espérer qu'il connaîtra un sort moins funeste. L'indignation n'a pas d'âge mais pour ces gens au service du système, il fallait ce soir là sortir les parapluies face au regard critique d'un citoyen sur un gouvernement français et sur sa politique étrangère scandaleuse. Un sujet auquel les communicants du P.A.F ne sont guère habitués car il relève souvent d'un domaine sanctuarisé par l'Elysée et les militaires de l'Etat-major dans le régime de la Vème République ; un sujet quasiment forclos du débat public.
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