Photo: Jean-Yves Le Drian et Manuel Valls dans le cockpit d’un avion survolant le nord du Mali, le 19 février 2016 | Miguel Medina/AFP
Avant les révélations du Monde sur les opérations françaises secrètes en Libye, l’Élysée avait déjà commis une «boulette» en dévoilant des survols aériens au-dessus du pays.
Au lendemain des révélations du Monde sur la présence de forces spéciales françaises sur le sol libyen, le ministère de la Défense, Jean-Yves Le Drian en tête, a ordonné une enquêtepour «compromission du secret de la défense nationale». Dans son article du 24 février, le quotidien parle en effet d’une «guerre secrète» et dévoile la nature des opérations clandestines menées par la France en Libye: des «frappes ponctuelles très ciblées, préparées par des actions discrètes, voire secrètes».
Même si, aujourd’hui, c’est le Monde et ses sources qui se retrouvent dans le viseur du gouvernement pour avoir divulgué des éléments relevant du secret défense, Le Parisien rappelle, dans son édition du 25 février 2016, que les premières informations mentionnant des opérations françaises en Libye ont été dévoilées… par les autorités françaises elles-mêmes. Et non par la presse.
Une «boulette»
Le 4 décembre 2015, «à la faveur d’une “boulette” commise lors de la préparation d’un dossier de presse» annonçant le déplacement de François Hollande sur le porte-avions Charles de Gaulle, une phrase issue d’une note confidentielle «est benoîtement copiée-collée et détaille avec précision l’agenda du navire amiral», explique le Parisien.
La phrase fait mention d’opérations françaises en Libye, sous la forme de survols aériens de reconnaissance (ISR) à proximité des villes de Syrte et Tobrouk:
«Le porte-avions Charles de Gaulle a conduit une première phase d’opération les 20 et 21 novembre en Libye (deux missions ISR dans les régions de Syrte et Tobrouk).»
Les informations du Monde, vouées à rester secrètes, viennent bousculer la position officielle du gouvernement français sur la question libyenne.
Jusque-là, officiellement, l’éventualité d’une intervention militaire française (ou d’une coalition internationale) contre les positions de l’État islamique était conditionnée à un accord politique avec les autorités libyennes. Un accord qui tarde à venir, faute de gouvernement d’union nationale.
«Colère glaciale»
Si, après la lecture de l’article du Monde, le ministre de la Défense est entré dans une «colère glaciale», comme le rapporte Le Parisien le 25 février 2016, c’est probablement parce que les informations du Monde, vouées à rester secrètes, viennent bousculer la position officielle du gouvernement français sur la question libyenne.
À plusieurs reprises, la France a répété qu’elle n’interviendrait pas seule en Libye. En février 2016, en marge d’une réunion de la coalition internationale contre l’État islamique à Rome, Laurent Fabius –alors ministre des Affaires étrangères– confirmait une nouvelle fois cette position:
«Il n’est absolument pas question que nous intervenions militairement en Libye. […] Ce n’est pas la position du gouvernement.»
Voilà déjà plusieurs mois déjà que la France s’inquiète de la progression et de l’expansion de l’État islamique sur le territoire libyen. Dès septembre 2014, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, pointait la menace djihadiste qui pèse sur le pays, et notamment sur la ville côtière de Syrte, dont l’organisation terroriste a pris le contrôle.
Photo: Jean-Yves Le Drian et Manuel Valls dans le cockpit d’un avion survolant le nord du Mali, le 19 février 2016 | Miguel Medina/AFP
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