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La rébellion syrienne menacée d'effondrement face au régime et son allié russe (OLJ)

par Sara Hussein 7 Février 2016, 11:06 Syrie Rebelles Deroute Fuite

Les rebelles et quelques 350.000 civils à l'intérieur d'Alep sont désormais confrontés à la perspective d'un siège des forces prorégime.

Un combattant rebelle syrien observe, le 5 février 2016 à Aazaz, des compatriotes fuyant les combats à Alep. AFP / BULENT KILIC

Un combattant rebelle syrien observe, le 5 février 2016 à Aazaz, des compatriotes fuyant les combats à Alep. AFP / BULENT KILIC

Les rebelles syriens risquent de s'effondrer après les succès du régime et de son allié russe dans leur offensive vers le bastion d'Alep (nord) qui pourrait marquer un tournant dans cette guerre de près de cinq ans, selon des analystes.

Les rebelles et leurs alliés internationaux n'ont plus guère d'options pour enrayer l'avancée des forces loyales au président syrien Bachar el-Assad alors que les tentatives de pourparlers de paix sous l'égide de l'Onu à Genève ont échoué. "Les rebelles sont sur une trajectoire descendante et la descente est de plus en plus raide", remarque Emile Hokayem, chercheur à l'Institut international pour les études stratégiques, basé à Londres.

La province d'Alep, dans le nord de la Syrie, était un bastion rebelle, permettant un accès à la Turquie voisine, soutien crucial de l'opposition. La ville éponyme, ancienne capitale économique du pays, est coupée en deux depuis la mi-2012, les rebelles contrôlant l'est et les forces du régime l'ouest.

Mais les forces gouvernementales ont régulièrement grignoté du territoire autour d'Alep et leur avancée cette semaine a quasiment refermé l'étau autour des rebelles. "C'est un tournant dans la guerre", juge Fabrice Balanche, géographe français spécialiste de la Syrie. "L'opposition voulait faire d'Alep et de la province (voisine) d'Idleb (nord-ouest) la base d'une +Syrie libre+. C'est terminé". "Alep est tout simplement le premier signe spectaculaire de la façon dont la puissance aérienne et stratégique russe a pu compenser les capacités relativement faibles du régime", assure Faysal Itani, du Centre Rafic Hariri pour le Moyen-Orient rattaché au groupe de réflexion américain Atlantic Council. Si Moscou affirme viser le groupe jihadiste État islamique (EI), analystes et militants, estiment que les Russes ciblent surtout les rebelles non-jihadistes pour renforcer le régime Assad.

(Lire aussi : Iraniens, chiites irakiens, hazaras afghans et Hezbollah pour remplacer l'infanterie d'Assad)

Un siège sur Alep?
Les rebelles et quelques 350.000 civils à l'intérieur d'Alep sont désormais confrontés à la perspective d'un siège des forces prorégime, une tactique aux effets dévastateurs déjà employée pour faire tomber d'ex-bastions rebelles comme Homs (centre). "Une bonne partie des rebelles et des civils risquent de mourir à cause des bombardements, de la famine et des privations causées par le siège", selon M. Itani.

Le conflit syrien, qui a débuté en mars 2011 avec la répression meurtrière de manifestations pacifiques demandant davantage de démocratie, a fait plus de 260.000 morts. Il implique aujourd'hui une multitude d'acteurs syriens et internationaux.
L'opposition s'est elle sentie trahie quand ses alliés internationaux ont interrompu leurs livraisons d'armes avant la tenue annoncée de pourparlers de paix, avortés, à Genève fin janvier.
"Ce qui frustre le plus les rebelles, ce sont ces pays qui prétendent être amis de la Syrie et qui se contentent de belles paroles", confie à l'AFP, via internet, Mamoun al-Khatib, directeur de l'agence de presse Shahba, basée dans la province d'Alep et favorable aux rebelles. "En attendant, la Russie et l'Iran occupent le territoire syrien", déplore-t-il.

(Lire aussi : Les rebelles d’Alep menacés d’être totalement assiégés)

Options limitées
Les rebelles semblent avoir désormais les mains liés. "Il n'ont plus beaucoup de réserves en hommes alors que d'autres zones rebelles sont aussi sous pression", notamment dans le sud à Deraa, relève M. Itani.
Les rebelles ont longtemps cherché à obtenir des armes antiaériennes de leurs alliés internationaux, mais Washington a refusé de crainte que celles-ci ne se retrouvent entre les mains des jihadistes comme le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda ou l'EI.

Se sentant trahis par leurs alliés internationaux, certains rebelles pourraient être tentés de se rallier à des groupes jihadistes, prévient M. Hokayem. Le régime devrait lui consolider son contrôle sur la "Syrie utile", concentrées dans l'ouest et le centre du pays. "Assad et la Russie veulent (...) laisser les Américains aux prises avec le monstre jihadiste dans l'est", précise M. Hokayem. "Et ça marche", note-t-il.

Selon les analystes, les avancées marquantes des forces progouvernementales ont placé le régime Assad dans une position de force, l'encourageant à refuser toute concession et rendant ainsi impossible pour l'opposition de négocier. "Ceux qui voulaient négocier à Genève auraient été accusés de trahison", note M. Balanche. Mais pour M. Hokayem, ce processus de paix, reporté au 24 février, n'est qu'un "spectacle" qui ne donnera pas de résultat. Et d'ajouter: "les États-Unis sont satisfaits d'avoir un processus et de se cacher derrière celui-ci".

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