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Washington demande à Moscou de ne pas bombarder les militaires étasuniens actifs sur le terrain au nord de la Syrie Par Michel Chossudovsky Article original : Washington Asks Moscow: Please Do Not to Bomb American Troops Operating on the Ground in Northern Syria, publié le 21 février 2016 Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
Washington a demandé à Moscou de ne pas bombarder les secteurs au nord de la Syrie où des forces spéciales des USA sont déployées. Ces secteurs sont sous le contrôle des soi-disant « rebelles modérés » soutenus par les USA et leurs alliés.
Les secteurs en question sont en fait des poches de résistance au nord de la Syrie où divers groupes djihadistes soutenus par les USA et l’Otan, y compris le groupe État islamique (EI) et le front Al-Nosra, combattent l’Armée arabe syrienne (AAS) et leurs alliés. Ces poches terroristes sont sous la protection de la coalition dirigée par les USA et par la Turquie :
Le Pentagone a demandé à la Russie de se tenir loin de secteurs au nord de la Syrie où des forces spéciales des USA entraînent des combattants locaux [c.-à-d. des terroristes, y compris ceux du groupe État islamique] dans leur lutte contre le groupe État islamique [les rebelles de l’opposition sont alliés au groupe EI, qui est soutenu par les USA et qui compte des forces spéciales des USA dans ses rangs], ont affirmé des responsables militaires jeudi. Cet aveu est important, parce que le Pentagone a souligné à maintes reprises qu’il ne coopère pas avec Moscou et que les deux puissances mènent des campagnes aériennes distinctes en territoire syrien ravagé par la guerre (…) (Al Monitor et AFP, 18 février 2016)
Cet avis reconnaît la présence militaire des USA en Syrie. Washington confirme que des forces spéciales des USA et que la CIA sont actives dans les rangs de « l’opposition modérée ».
Depuis décembre, des responsables du Pentagone disent aux responsables de la Défense russe où les militaires étasuniens se trouvent « dans l’espoir que les avions russes éviteront le secteur » et ne les attaqueront pas, selon un rapport rédigé par Andrew Tilgham dans le Military Times, qui fait autorité dans le domaine.
L’objectif de Washington comprend deux volets. Premièrement, il veut « officiellement » éviter une confrontation militaire directe avec la Russie et prévenir des pertes étasuniennes. C’est ce qui ressort pour l’essentiel du conseil officiel. Mais ce n’est pas l’objectif principal.
Deuxièmement, il se sert du prétexte d’éviter une confrontation militaire avec la Russie (et de prévenir des pertes étasuniennes) comme moyen de limiter la campagne de bombardement de la Russie. L’objectif premier de Washington est de protéger les positions des terroristes commandités par les USA qui restent au nord de la Syrie, y compris ceux de Daech, contre les frappes aériennes russes.
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Le conseil équivaut à demander à la Russie de ne pas bombarder les « terroristes modérés » que soutiennent les forces étasuniennes. C’était en fait la position initiale adoptée par Washington quand la Russie a commencé sa campagne de bombardement contre le groupe État islamique à la fin de septembre 2015. L’administration Obama avait alors reproché à Vladimir Poutine de « viser délibérément les forces soutenues par les USA » en Syrie (c.-à-d. des terroristes modérés) et non pas les forces spéciales des USA.
La préoccupation de Washington (du point de vue stratégique), c’est de protéger les positions des terroristes plutôt que ses propres forces.
En fait, ce qui était en jeu à la mi-octobre 2015, c’est que la Russie éliminait les « bons combattants », c’est-à-dire les « rebelles entraînés par la CIA » que Moscou avait « malencontreusement » pris pour des terroristes.
D’après un responsable étasunien dans une entrevue à Fox News :
« Poutine vise délibérément nos forces. Nos gars luttent pour leur vie. »
Moscou « vise délibérément » les forces soutenues par les USA en Syrie dans le cadre d’une campagne militaire qui a tué jusqu’à 150 rebelles entraînés par la CIA, a affirmé un responsable des USA à Fox News.
Cette affirmation vient au moment où les militaires des USA et de la Russie cherchent à parvenir à une entente sur la sécurité aérienne au-dessus de la Syrie. Les responsables des deux pays vont tenir leur troisième vidéoconférence sur la question mercredi, afin d’éviter que les avions de la coalition dirigée par les USA et les avions russes n’entrent en collision pendant leurs frappes aériennes en Syrie.
Mais même en essayant d’éviter « l’escalade du conflit », il est de plus en plus évident que la campagne aérienne russe vise non seulement le groupe État islamique.
« Poutine vise délibérément nos forces », a affirmé à Fox News un responsable étasunien déçu de la réponse des USA à la Russie.
Source : FoxNews.com, 14 octobre 2015
Les USA ont maintenant officiellement des « troupes sur le terrain » actives dans les rangs de divers groupes de « l’opposition » affiliés à Al-Qaïda et à Daesh, en violation de la souveraineté syrienne.
Les forces spéciales sont en liaison permanente avec les USA et l’Otan.
Le conseil du Pentagone demande à la Russie de ne pas cibler les forces spéciales des USA dans de « larges secteurs » au nord de la Syrie, ce qui équivaut à limiter les frappes aériennes russes contre les terroristes soutenus par la coalition dirigée par les USA :
Le lieutenant général Charles Brown, qui dirige l’armée de l’air des USA au Moyen-Orient, a indiqué que des responsables étasuniens ont demandé à Moscou d’éviter « de larges secteurs » au nord de la Syrie [toujours sous le contrôle des terroristes] « afin d’assurer un degré de sécurité pour nos forces qui sont sur le terrain. »
L’attaché de presse du Pentagone Peter Cook a affirmé que la Russie a honoré cette demande, en soulignant que le Pentagone n’avait donné que des descriptions géographiques générales des lieux où se trouvent les forces des USA plutôt que leur emplacement précis.
[Les militaires russes savent que les forces étasuniennes sont actives dans les rangs de divers groupes de « l’opposition » qui combattent l’Armée arabe syrienne.]
Le Pentagone a annoncé l’an dernier qu’il envoyait une cinquantaine de membres des forces d’opérations spéciales pour soutenir les combattants qui luttent contre Daesh en Syrie, sans toutefois rien dire au sujet des lieux où ils se trouvent et de leurs progrès depuis.
[Le nombre de forces étasuniennes sur le terrain est plus élevé, car les chiffres du Pentagone ne comprennent pas les mercenaires embauchés par des entrepreneurs indépendants qui sont actifs dans les rangs des terroristes.]
Depuis août 2014, les États-Unis dirigent une coalition internationale contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie [Ce qui est faux; car il est abondamment confirmé que les USA et leurs alliés, dont la Turquie et l’Arabie saoudite, protègent le groupe État islamique.]
La Russie est entrée dans le conflit syrien en septembre, quand elle a commencé à bombarder les rebelles opposés au président Bachar al-Assad. La Russie soutient qu’elle attaque le groupe EI et les autres « terroristes ».
(…) Le Pentagone a mené une série de pourparlers de « désescalade » avec ses homologues russes dans le but d’établir les procédures à suivre en cas d’incident. (Al Monitor et AFP, soulignement ajouté)
Il convient de noter qu’à la mi-janvier, en réponse aux frappes aériennes russes et à la défaite des forces d’opposition terroristes commanditées par les USA et l’Otan, le Pentagone a annoncé un nouveau plan d’entraînement de 7 000 nouveaux rebelles à l’intérieur de la Syrie « dans le cadre d’un effort pour sécuriser la frontière méridionale de la Turquie ». Ce plan élaboré en coordination avec la Turquie prévoit la création d’une zone de sécurité au nord de la Syrie. (WSJ, 15 janvier 2016)
D’après un document secret du Pentagone, l’objectif ultime « était » de créer le califat d’État islamique (principauté salafiste) au nord de la Syrie.
Mondialisation.ca a constitué une archive comptant plus de 1 000 articles sur la Syrie*, qui établit au-delà de tout doute raisonnable le soutien de Washington aux groupes d’opposition affiliés à Al-Qaïda en Syrie ainsi qu’au groupe État islamique.
Michel Chossudovsky
* Archive en anglais : SYRIA: NATO’S NEXT WAR?
Article original en anglais :
Washington Asks Moscow: Please Do Not to Bomb American Troops Operating on the Ground in Northern Syria, publié le 21 février 2016
Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur d’économie à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).
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