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Ils se font passer pour Le Drian pour dépouiller des dignitaires africains (JDD)

par JDD 25 Avril 2016, 06:47 Israelafrique Escroquerie Israël France Afrique Le Drian Enquête

Une information judiciaire vise des escrocs franco-israéliens. Ils usurpaient l'identité du ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian pour dépouiller des dignitaires africains.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, au centre d'une arnaque qui cible des dirigeants israéliens. (Sipa)

 

 

Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, les présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d'Ivoire), Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Joseph Kabila (RD Congo), Catherine Samba-Panza (Centrafrique) et même Hage Geingob (Namibie) auraient ainsi été approchés pour des requêtes variant de 5 à 9 millions de dollars. À une occasion, preuve que l'arnaque a été soigneusement préparée, les escrocs sont entrés en contact avec un chef d'État africain directement sur sa ligne personnelle. Et, selon plusieurs sources concordantes, l'imitation de la voix de Jean-Yves le Drian était paraît-il "bluffante".

Le nombre de tentatives d'escroquerie similaires reste secret mais les malfaiteurs se sont aussi attaqués, depuis l'été 2015, à plusieurs ambassades, grandes entreprises françaises actives sur le continent africain, fondations et même associations humanitaires. Combien se sont fait berner? À deux reprises, des virements ont bien été effectués pour un total de 22 millions d'euros. Mais, selon une source judiciaire, les fonds ont pu être en grande partie bloqués et récupérés. De nouvelles tentatives auraient encore été enregistrées le mois dernier.

Un dossier baptisé "Tigre"

 

Déjà saisis d'une enquête préliminaire depuis le dépôt de plainte du ministre de la Défense l'été dernier, les policiers de l'OCRGDF (Office central pour la répression de la grande délinquance financière) se voient désormais chargés, sous l'auto rité de juges d'instruction, d'une information judiciaire ouverte vendredi par le parquet de Paris pour "escroqueries et tentatives d'escroquerie en bande organisée, blanchiment d'escroquerie en bande organisée et usurpation d'identité et de qualité". Le dossier, baptisé "Tigre" en référence aux hélicoptères de combat, s'oriente vers Israël et ceux que la presse locale a qualifiés de "Loups de Tel-Aviv", en référence au film de Martin Scorsese sur les traders sans scrupule de Wall Street…

Le coup des agents secrets n'est en effet pas sans rappeler l'incroyable scénario imaginé, sur fond de lutte antiterroriste, parGilbert Chikli, le "père" des "escroqueries au président", voilà plus de dix ans. Condamné en 2015, Chikli – immortalisé au cinéma dans le film Je compte sur vous – vit toujours en Israël, hors de portée de la justice française. Comme ces dizaines d'autres Franco-Israéliens qui se sont spécialisés, après le "casse du siècle" de l'escroquerie à la taxe carbone, dans les arnaques aux faux ordres de virement (fovi) – 500 millions d'euros de préjudice depuis 2010 – ou dans les escroqueries au Forex, qui auraient d'ores et déjà rapporté à leurs auteurs quelque 4 milliards d'euros.

Coopération franco-israélienne

"Il faut bien comprendre que ces escroqueries relèvent de la criminalité organisée", a insisté fin mars le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse conjointe avec l'Autorité des marchés financiers (AMF). "Non seulement parce qu'elles sont le fait d'équipes fortement structurées, mais aussi parce qu'elles s'appuient sur de puissants mécanismes de blanchiment." Ce qui rend plus qu'incertaines les perspectives de récupération des fonds.

 

L'impunité dont bénéficient les escrocs du fait de leur double nationalité toucherait-elle à sa fin? Le procureur ne s'est pas avancé aussi loin. Mais, signe d'une évolution entre Paris et Jérusalem, François Molins a tenu à "remercier" les autorités judiciaire et policière israéliennes pour leur coopération. Des magistrats et des policiers français, parmi lesquels des enquêteurs de l'OCRGDF, ont en effet été autorisés fin mars à procéder à une quinzaine d'interrogatoires de suspects et d'auditions de témoins ainsi qu'à cinq perquisitions sur le territoire israélien. 

JDD
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