ANALYSE
Le piège africain se referme, une fois de plus, sur la diplomatie
française. La période qui voit s'enchaîner à un rythme soutenu les
élections présidentielles sur le continent risque de mettre en lumière,
peut-être plus que jamais, les contradictions d'une ligne coincée entre
des principes affichés, d'un côté, et des réalités, militaires ou
économiques, de l'autre.
Le scrutin à Brazzaville, le 20 mars, a déjà illustré l'embarras des
diplomates. Le vote fut organisé de manière désastreuse, avec des
opposants mis sous pression, les réseaux de communications coupés, des
journalistes molestés, le tout pour conduire à une réélection
triomphale, avec 60 % dès le premier tour, de l'indéboulonnable Denis
Sassou Nguesso, « DSN », président du Congo depuis plus de trois
décennies. Les dérapages du scrutin étaient évidents, mais Paris n'a pas
pour autant protesté. Les communiqués du Quai d'Orsay, très pesés, se
sont contentés d'appeler les populations au calme et les opposants à
contester de manière démocratique ce qui, dans les circonstances,
revient à ne rien faire.
Les États-Unis, également timides, se sont tout
de même dits « préoccupés par (le manque de) transparence et la
crédibilité du processus électoral » . On peut se demander pourquoi la
France, qui assure promouvoir la démocratie et les droits de l'homme,
reste muette...
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