Mardi 29 mars, au lendemain du week-end pascal, le Premier ministre reçoit, pour le traditionnel petit déjeuner, les principaux dirigeants de la majorité, du premier secrétaire du PS aux présidents des groupes socialistes du Sénat et de l'Assemblée.
Entre croissants et pains au chocolat, la loi El-Khomri devient l'un des sujets de la conversation. Et, soudain, Manuel Valls explose à propos de l'interview accordée, le matin même, aux "Echos", par l'ex-ministre du Travail François Rebsamen. Ce grand copain de Hollande déclare "qu'il ne faut pas attendre de miracle de la loi El Khomri" et appelle à de "nouveaux gestes en faveur des salariés". Mieux : "Si j'avais encore été Rue de Grenelle, affirme-t-il, je n'aurais pas accepter de porter ce projet de loi en l'état".
La phrase de trop pour le Premier ministre, qui, devant les camarades, s'exclame : "les amis du président de la République, ça suffit ! Ca devient difficile de gouverner comme ça. Continuer à recevoir et à accueillir des gens qui nous tapent dessus, il y en a vraiment marre."
Lourd silence autour de la table. C'est la première fois que le Premier ministre exprime aussi clairement son ras-le-bol. Il ne s'apprête quand même pas à laisser Matignon à son ami Macron ?