
Nice, le 4 mai 2016. Anis M., assigné à résidence, doit pointer deux fois par jour au commissariat de Saint-Augustin. LAURENT CARRÉ POUR LE MONDE
Anis M. se souvient de son dernier pointage de la journée, le 25 février au soir. L'espoir l'animait, il apercevait le bout du tunnel, enfin. Et puis, le « coup de poignard », celui qui vous donne l'impression qu'on « cherche à vous achever ». Les fonctionnaires de police lui tendaient un nouvel arrêté d'assignation à résidence. Pour lui, la roue de l'état d'urgence ne tournerait pas. Il continuerait, pendant trois mois au moins, à pointer deux fois par jour, à limiter ses déplacements professionnels à sa commune, et à acheter sa baguette avant 20 heures, sous peine d'être placé en garde à vue.
Ce chauffeur routier niçois de 39 ans, père de cinq enfants, fait partie des 68 personnes qui sont toujours assignées à résidence dans le cadre de l'état d'urgence, pour beaucoup depuis six mois. Et peut-être pour deux mois de plus, puisque ce régime d'exception doit êtreprolongé - à compter du 26 mai − jusqu'en juillet, en vue de l'Euro 2016 et du Tour de France. Le gouvernement a en effet présenté un projet de loi en ce sens, mercredi 4 mai en conseil des ministres, qui permettra notamment de renouveler encore des assignations.
Au plus fort de l'état d'urgence, dans les semaines qui ont suivi les attentats de novembre 2015, quelque 400 assignations avaient été ordonnées par le ministère de l'intérieur. Elles ont été progressivement et partiellement levées, soit par le ministère lui-même, soit sur décision des juridictions administratives lorsque les individus ont contesté la mesure devant les tribunaux. 274 assignations demeuraient encore en vigueur à la fin de la première période d'état d'urgence, le 26 février...